đ La loi Grand Ăge est morte ? Enterrons-lĂ vite et passons Ă l'action !
Aidons les entrepreneurs à changer le paradigme de la longévité.
Bonjour, câest Alexandre de Sweet Home. LongĂ©vitĂ© est notre newsletter hebdomadaire consacrĂ©e Ă lâactualitĂ© de la Silver Ăconomie. Aujourdâhui, je vous explique pourquoi lâabandon de la loi Grand Age peut ĂȘtre une chance pour la Silver Ăconomie et ses entrepreneurs.
J'ai trÚs envie de demander à Emmanuel Macron à quel moment il a décidé que la loi Grand Age ne se ferait pas.
Le sujet sâest vite emballĂ© et le rĂ©tropĂ©dalage a pris 3 ans !
3 ans de cirque politico-mĂ©diatique đȘ
Mon petit doigt me dit que lâidĂ©e de cette loi titillait un paquet de monde pour que, quelques semaine aprĂšs lâannonce du 13 juin 2018, le grand Barnum se soit mobilisĂ©.
Que les commissions se soient multipliées.
Que les rapports aient été pondus à une cadence infernale,
Que des ONG aient organisé des grandes consultations nationales.
Que des ministres, des députés, des élus locaux aient effectué des voyages d'étude,
Que des associations, fédérations, corporations aient publié des centaines de recommandations, fait antichambre, milité,
Que des manifestes signés par des dizaines de personnalités aient été publiés,
Que des collectifs aient été créés, médiatisés, puis oubliés.
Tout ça pour rien.
La loi est abandonnée.
Les rapports vont prendre la poussiĂšre dans des placards. Si le sujet revient sur le tapis, de nouveaux rapports seront commandĂ©s et payĂ©s rubis sur lâongle avec nos impĂŽts.
Le bon cĂŽtĂ© des choses, c'est que Ă prĂ©sent que la loi est enterrĂ©e, on va pouvoir arrĂȘter de faire semblant de lâattendre et passer Ă lâaction.
Une loi qui sâappelle Grand Age et autonomie aurait confortĂ© lâidĂ©e dominante que la question majeure des personnes ayant atteint un grand Ăąge est lâautonomie et son corollaire, la dĂ©pendance.
Ta loi, on n'en veut pas !
Une telle loi aurait sanctuarisĂ© quelque chose que nous devons arrĂȘter de sanctuariser.
C'est parce que nous cherchons tant Ă ranger nos concitoyens dans la case du Grand Age que nous oublions qu'ils sont d'abord des citoyens et que si la dĂ©pendance leur fait peur, ce nâest pas leur prĂ©occupation principale.
Ce quâils veulent tous, c'est pouvoir continuer Ă vivre normalement, rester souverain et arrĂȘter d'ĂȘtre perçus comme des petites choses fragiles, vulnĂ©rables, socialement isolĂ©es et Ă l'article de la mort.
La dĂ©pendance et lâisolement sont une rĂ©alitĂ©, oui. Mais ils ne reflĂštent guĂšre la vie dâune majoritĂ© des 17 millions de Français ĂągĂ©s de plus de 65 ans.
Le vrai sujet du grand Ăąge est ailleurs.
Il est oĂč ?
Selon Nicolas Menet, DG de Silver Valley, il serait à chercher du cÎté de l'image collective de la longévité.
Lâempowerment et lâutilitĂ© sociale seront les questions existentielles des annĂ©es 2020 pour le senior. Quâest-ce que je fais ? Ă quoi je sers ? Comment Ă©coute-t-on ma parole en dehors de la maladie, du soin et de la retraite
Selon Joseph Coughlin, directeur du MIT AgeLab et auteur de The Longevity Economy : Unlocking the World's Fastest-Growing, Most Misunderstood Market, il serait à chercher dans le déni de longévité qui touche les états, les institutions et la plupart des acteurs économiques dans le monde entier.
Parce que le vieillissement de la population se manifestera de maniĂšre si dramatique mais prĂ©visible, lorsque les entreprises feront des plans Ă long terme pour l'avenir, il ne devrait y avoir rien de plus Ă©levĂ© sur leur liste de prioritĂ©s que de se prĂ©parer Ă un monde plus ĂągĂ©. Ă quelques exceptions prĂšs, cependant, les entreprises â les organisations Ă but non lucratif et les gouvernements â ne se prĂ©parent pas. La raison en est un mystĂšre.
Selon Eric Guillaume, crĂ©ateur du viager mutualisĂ© et membre de la chaire TDTE (Transitions dĂ©mographique, transitions Ă©cologique) il serait Ă rechercher du cĂŽtĂ© de leur pouvoir d'achat, qui baisse inexorablement et continuera Ă baisser au fur et Ă mesure que les rĂ©gimes de retraite s'effondrement, car ils n'ont pas Ă©tĂ© conçus pour un monde oĂč la longĂ©vitĂ© progresse autant.
Ce sont des consommateurs dans un état de santé relativement satisfaisant entre 60 et 80 ans. Des consommateurs de plus en plus nombreux qui ont besoin de vivre et qui ont envie de consommer.
Selon Linda Gratton et Andrew Scott, professeurs d'économie au London College et auteurs de The 100 Years Life, il est à chercher dans l'organisation de nos vies et le remplacement d'un schéma enfance - études - activité - retraite par une organisation qui alternerait les phases de travail, d'étude et de retraite tout au long de la vie.
Nos vies seront beaucoup plus longues que ce qui a toujours été le cas, plus longues que les modÚles sur lesquels nous basons actuellement nos décisions de vie, et plus longues que ce qui est supposé dans nos pratiques et arrangements institutionnels actuels.
Selon le biochimiste David Sinclair, auteur de Lifespan, Why we Age and why we don't have to, il est à chercher dans la reconnaissance du vieillissement comme un état réversible, non obligatoire et que la science pourrait un jour guérir.
Cent vingt ans pourraient ne pas ĂȘtre une valeur aberrante mais une attente, Ă tel point que nous ne l'appellerions mĂȘme pas longĂ©vitĂ©; nous l'appellerons simplement « la vie », et nous regarderons en arriĂšre avec tristesse l'Ă©poque de notre histoire oĂč il n'en Ă©tait pas ainsi.
L'arbre de la dĂ©pendance nous cache la forĂȘt de la longĂ©vitĂ© đż
La loi Grand Age a focalisĂ© l'attention sur le financement de la dĂ©pendance et les EHPAD alors que la longĂ©vitĂ© peut ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e sous un angle bien plus optimiste et ambitieux.
La longévité n'est pas un mythe
Elle n'est pas rĂ©servĂ©e aux riches qui pourront se payer un clonage, une cryonisation ou lâupload de leur conscience sur un ordinateur.
Non, la longévité va nous profiter à tous.
Plus de temps en bonne santĂ© Ă consacrer aux choses quâon aime faire avec les gens quâon aime frĂ©quenter.
C'est le paradigme dans lequel nos enfants vieilliront.
Une réalité qui va changer notre rapport monde.
Entrepreneurs engagĂ©s dans l'Ă©conomie de la longĂ©vitĂ©, notre rĂŽle est de rendre cela possible. Pour que chacun y ait une place, une raison dâĂȘtre, selon ses choix.
RĂ©inventer la Silver Ăconomie
Tant que la Silver économie sera focalisés sur les EHPAD, leurs alternatives et les moyens de prévenir la dépendance, nous resterons prisonnier du modÚle médico-social qui domine le sujet depuis 150 ans.
Inventer une filiĂšre en 2013 a contribuĂ© Ă mobiliser les acteurs institutionnels en faveur de projets d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral (1 milliard dâeuros versĂ©s par les organismes sociaux type CNSA, CNAV, Caisses de retraite en faveur des actions sociales et de la prĂ©vention), mais cela n'a pas suffi Ă crĂ©er un pĂŽle dâattractivitĂ© Ă©conomique.
Chercher Ă tout prix Ă rassembler sous une mĂȘme banniĂšre les startup et entreprises qui oeuvrent pour la longĂ©vitĂ© avec les acteurs du mĂ©dico-social qui sâoccupent de la dĂ©pendance pouvait sembler cohĂ©rent, vu dâun cabinet ministĂ©riel.
Câest tout lâinverse !
Le mĂ©dico-social nâest pas attractif - les difficultĂ©s de recrutement en SAAD et EHPAD en attestent chaque jour depuis des annĂ©es - et il produit un effet repoussoir vis Ă vis de lâextĂ©rieur. Ces entrepreneurs, ces grands groupes, ces investisseurs qui pourraient contribuer Ă accĂ©lĂ©rer la Silver Ăconomie sont rebutĂ©s par le peu quâils en comprennent, lâimage que nous en donnons.
Nos voisins amĂ©ricains, britanniques ou israĂ©liens nâont pas fait la mĂȘme erreur. Chez eux, lâĂ©conomie de la longĂ©vitĂ© et le mĂ©dico-social sont dissociĂ©s.
Inspirons-nous de cet exemple !
Nous pouvons encore faire bouger les lignes, mais nous devons arrĂȘter de compter sur les pouvoirs publics et leurs sbires.
Faire confiance aux entrepreneurs (les gens qui veulent se retrousser les manches pour entreprendre).
Ne pas chercher des idées dans les études des petits frÚres des pauvres, mais en parlant avec les utilisateurs.
ArrĂȘter de confondre labels de vertu (ESS et compagnie) et impact.
En finir avec lâexception culturelle : Observer ce qui cartonne Ă lâĂ©tranger et le rĂ©pliquer en France.
Pour y travailler, je vois trois chantiers.
Les grands chantiers du futur de la longévité
CrĂ©er des entreprises qui rĂ©pondent aux besoins non satisfaits des habitants d'un monde oĂč l'on vivra jusqu'Ă 100 ans.
et pour ça
Attirer des entrepreneurs ambitieux en leur montrant que ce marchĂ© est excitant, stimulant, bourrĂ© de dĂ©fis et quâon peut mĂȘme y intĂ©grer de lâIA, des deeptech et de la blockchain.
et pour ça
Attirer des investisseurs qui auront envie de financer la croissance d'entreprises françaises et européennes ambitieuses qui pourraient devenir des licornes, dominer le marché et éviter qu'il soit trusté par des multinationales américaines ou chinoises.
Je vous propose dâapprofondir ces trois chantiers la semaine prochaine, histoire de voir oĂč cela pourrait nous mener.