💹 Et si la santé était au centre de toutes les décisions ?
Découvrez comment la santé pourrait devenir un critère central dans les décisions politiques
Les chroniqueurs du débat pour l’élection présidentielle soulignent la faible place accordée à l’environnement dans la discussion. Cet enjeu majeur n’a mobilisé les débatteurs que 20 minutes sur plus de 2h30 d’échanges.
Personne ne mentionne l’abscence criante d’un autre sujet tout aussi important pour nos vies : La Santé.
Le sujet n’était pas absent. Les candidats en ont parlé, mais pas sous l’angle du bénéfice individuel et collectif des citoyens en bonne santé.
Ils en ont parlé sous l’angle de l’emploi et de la croissance.
Sur ce point, nos deux candidats se rejoignent : ils ne présentent pas la santé comme un état souhaitable pour leurs citoyens, mais comme le métier des soignants. Un élément nécessaire pour la croissance et l’économie du pays.
Pourtant, la santé ce n’est pas seulement le métier des soignants.
Les soignants soignent.
La santé….
La santé n’est pas l’absence de maladie 🤢
La santé est un état de complet bien être physique, mental et moral et ne constitue pas seulement une absence de maladie ou d’infirmité.
Constitution de l’OMS, 1946
Les mauvaises lunettes
En janvier 2022, l’essai Les Fossoyeurs révèle un scandale. Le groupe Orpéa a privilégié l’économie sur la santé de ses clients en instaurant un système qui maximise le profit au détriment du bien être.
Les réactions vives de l’opinion publique et des décideurs vont dans deux directions différentes.
Les citoyens réclament une santé qui ne serait pas source de profit.
Les décideurs lancent des commissions d’enquête et édictent encore plus de règles, d’obligations et de normes qui rendent le fonctionnement d’un Ehpad encore plus coûteux et bureaucratique, empêchant mécaniquement le retournement de paradigme réclamé par les citoyens.
Une autre histoire est possible
Dans son dernier essai Et si la santé guidait le monde ? l’économiste Eloi Laurent invite nos décideurs politiques à adopter l’espérance de vie comme indicateur national à la place du PIB.
Partant de la pandémie qui marque un moment charnière où les Etats ont fait passer la santé avant l’économie (en confinant leurs populations), Eloi Laurent, qui enseigne à Sciences Po, Ponts Paris Tech et Stanford, livre une analyse remarquable de l’impact croisé de l’économie et de l’environnement sur la santé.
Une analyse qui veut expliquer comment nos actions influencent notre santé et montrer que le pire est l’ennemi du bien.
La vie, la santé et l’économie
Eloi Laurent défend l’idée que les trois sont liées. Que l’économie ne survivra pas à une destruction de la biosphère qui entrainera aussi une diminution de l’espérance de vie.
Critiquant l’obsession de la croissance économique incarnée par la surveillance obsessionnelle d’un PIB qui ne reflète ni les inégalités, ni les crise environnementales, ni la santé, l’auteur explique pourquoi l’espérance de vie traduit avec plus de précision ces variations et rend donc un bilan plus fin de l’impact de nos actions sur notre santé, notre croissance et le monde qui nous entoure.
Pour défendre cette idée, l’auteur explique, études à l’appui que la croissance n’est pas un facteur de bonné santé ou de longévité.
L’ampleur de l’erreur de perspective uqui fait de la croissance la clé de la santé peut être illustrée par un calcul de coin de table.
Le PIB par habitant mondial moyen est aujourd’hui de l’ordre de 18 000 $ par habitant (15 000 €) pour une espérance de vie globale moyenne de l’ordre de 70 ans. Supposons que l’on parvienne à doubler le niveau de vie mondial pour atteindre 36 000 $ (30 000 €).
On gagnerait de l’ordre de 4 ans d’espérance de vie.
Mais ce surcroît de croissance engendrerait selon les estimations actuelles une augmentation d’émission de CO2 de l’odre de 75% qui ferait basculer la planète vers un réchauffement de 4 degré, susceptible de réduire en retour l’espérance de vie humaine sur la planète de plusieurs dizaines d’années.
C’est quoi être en bonne santé ?
La poursuite d’une bonne santé ne repose pas seulement dans la gestion des hopitaux et la télémédecine. C’est une quête totale de tout ce qui fait que la vie mérite d’être vécue.
Ainsi, les confinements qui nous ont protégés du covid ont dégradé la santé mentale des personnes contraintes à l’isolement solitaire qui souffraient de la privation de relations sociales.
L’isolement justement, parlons-en afin de montrer les liasions entre biosphère, santé et économie...
La double peine de l’isolement 🙍♂️
Commençons par rappeler ce qu’on entend par isolement social. Ce phénomène concerne les citoyens qui subissent involontairement une insuffisante connexion sociale, voire une déconnexion totale des réseaux de sociabilité.
Selon le baromètre de la Fondation de France (réalisé chaque année sur l’ensemble de la population de 15 ans et plus), le phénomène s’accroit puisque le nombre de Français qui en souffrent est passé de 4 millions en 2010 à 5 en 2016 (soit 20% d’augmentation).
L’isolement social frappe davantage les plus de 60 ans, mais tous les citoyens ne sont pas logés à la même enseigne. Les personnes les plus exposées sont les 75 anset plus qui gagnent moins de 1000 € par mois. En outre, c’est dans les grandes zones urbaines que l’isolement social augmente le plus fortement, passant de 8 à 13% des personnes interrogées entre 2010 et 2013.
Or, cette dégradation de la sociabilité joue un rôle crucial lors des épisode de canicule 🥵
Isolement + canicule = ⚰️
La canicule de 2003 a touché à 90% des personnes de plus de 65 ans dont l’isolement social a constitué un facteur majeur de mortalité. On ne peut minimiser cet enjeu compte tenu de la perspective historique et des prévisions climatiques pour les décennies à venir.
La France a connu un total de 196 épisodes de vagues de chaleur entre 2004 et 2014 et Météo France prévoit à partir de 2020 au moins une canicule par an dont l’intensité va s’aggraver avec des effets de sensibilité qui s’ajoutent aux effets d’exposition pour créer de fortes inégalités démographiques et territoriales.
Les départements les plus touchés par la canicule de fin juillet 2019 n’ont pas été exposés aux chaleurs les plus fortes et réciproquement. Il est donc probable que les paramètres sociaux, comme l’isolement des personnes âgées, aient joué un rôle important dans la survenue des décès.
Deux zones de vulnérabilité climatique apparaissent en croisant les cartes de l’isolement social et de l’exposition aux canicules : le Sud-Est et trois métropoles dont l’effet de chaleur ilôt urbain ajoute entre 1,5 et 2 degrés aux vagues de chaleur : Paris, Lyon et Bordeaux.
Apercevez-vous une connexion entre notre environnement, nos modes de vie et notre santé ? Cette intrication entre comment nous agissons et les résultats de nos actions ? Avez-vous l’impression d’être pris dans une spirale qui débouchera mécaniquement sur un déclin ?
Une autre histoire pour nos enfants
L’enjeu du siècle, ce n’est pas la croissance, c’est la santé.
L’économie n’est pas une fin, c’est un moyen.
Et la santé, ce n’est pas un moyen, c’est une fin.
Alors passons à l’action.
La semaine prochaine…
Pour le 1er mai, je vous annonce une tribune explosive consacrée aux services à la personne qui font bosser des étudiants. Pour bien traiter ce sujet brûlant, Frank Nataf, Vice-Président de la Fedesap viendra me prêter main forte.
Rendez-vous dimanche 1er mai, de bonne heure et de bonne humeur !