â ïž Eviter les chutes : une rĂ©vĂ©lation sensationnelle
A partir de l'analyse de 192 études scientifiques
Luc Broussy lâa amplement martelĂ© Ă la sortie de son rapport sur lâadaptation des logements : les chutes sont un flĂ©au qui provoque chaque annĂ©e la mort prĂ©maturĂ©e de 10 000 personnes ĂągĂ©es. Câest trois fois plus que les accidents de la route.
Le sujet nâest pas franco-français.
Tous les vieux du monde sont concernés.
Une récente publication scientifique reposant sur la compilation de 192 études qui concernent un cumul de 100 000 personnes ùgées apporte des éclairages sur le meilleur moyen pour se prémunir contre ce fléau.
Mais avant de vous en présenter les résultats, laissez-moi de vous éclairer un petit peu plus sur le problÚme des chutes, histoire de sortir des lieux communs mille fois rabùchés et de vous donner un aperçu plus complet du sujet.
Pour cela, je vous propose de découvrir deux travaux de recherche que nous avons réalisé pour les clients de Sweet Home.
Infographie sur les chiffres đ des chutes, pour Tunstall Vitaris
Interview du Dr Imad Sfeir pour Senioradom
Nous avons interviewĂ© le Dr Imad Sfeir, GĂ©riatre, dans le cadre dâun projet de guide pratique pour les aidants publiĂ© en mars 2021.
Alexandre Faure : Y a-t-il un Ăąge de la premiĂšre chuteâ?
Dr Imad Sfeir : Il nây a pas un Ăąge, parce quâon peut chuter Ă nâimporte quel Ăąge, mais Ă partir de 65 ans, on est beaucoup plus exposĂ© aux chutes. Statistiquement, Ă partir de 65 ans, il y a 30 % de risque de chuter au moins une fois par an Ă domicile et 70 % de risque de chuter au moins une fois par an en institution. Des chiffres attestent que les personnes ĂągĂ©es sont exposĂ©es au risque de chute plus que les autres. Et plus on avance dans lâĂąge, plus ce risque augmente.
Alexandre Faure : Quel est le risque principal avec la premiĂšre chuteâ?
Dr Imad Sfeir : Le risque majeur des chutes, ce sont les fractures. Au niveau du poignet, mais surtout la fracture du col du fĂ©mur au niveau de la hanche. Et puis, chez les personnes trĂšs ĂągĂ©es, aux alentours de 85 ans, il y a ce quâon appelle le syndrome de dĂ©sadaptation psychomoteur qui est la peur ou lâimpossibilitĂ© de remarcher aprĂšs une chute, par blocage psychologique et peur de rechuter. Câest une urgence de prise en charge, parce que si on ne le fait pas tout de suite, les gens vont se grabatiser et ne pourront plus jamais marcher.
Alexandre Faure : Et ça, est-ce que ça se dĂ©tecte facilementâ?
Dr Imad Sfeir : Câest clinique. Les personnes qui prĂ©sentent ce syndrome sont plutĂŽt terrorisĂ©es Ă lâidĂ©e de remarcher. Elles ont du mal Ă se mettre debout. Elles sâaccrochent Ă tout le monde comme si elles Ă©taient dans le vide avec cette peur de se mettre debout. En position quâon appelle rĂ©troflexion : si on les met dans un fauteuil, elles ont tendance Ă se mettre en arriĂšre, Ă sâenfoncer dans le fauteuil. PlutĂŽt que dâĂȘtre en position droite, elles sont en arriĂšre et incapables de sâasseoir correctement, voire se lever. Et quand on va essayer de les relever, elles vont sâaccrocher aux soignants, voire mĂȘme les ramener vers elles tellement elles ont peur de remarcher ou mĂȘme de se mettre debout.
Alexandre Faure : Et si on est confrontĂ© Ă une telle phobie, comment la traite-t-onâ?
Dr Imad Sfeir : Il faut que ce soit pris en charge par un kinĂ©sithĂ©rapeute pour travailler sur les aspects phobiques, mais surtout aussi pour remettre les personnes en position debout, quitte Ă ĂȘtre Ă deux, voire trois personnes. Et trĂšs progressivement, les amener Ă remarcher. Ăa prend du temps et ce sont des interventions au minimum une fois par jour, voire deux fois par jour pour les aider Ă remarcher. En tout cas, bien sĂ»r en Ă©liminant la fracture, il faut le faire tout de suite aprĂšs, sinon câest trop tard, les gens ne marcheront plus.
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Quâest-ce qui tue dans la chute ?
Câest rarement la chute qui tue, mais plutĂŽt la station prolongĂ©e au sol, qui dĂ©grade les fonctions vitales et peut entrainer la mort, notamment par hypothermie ou par dĂ©shydratation. Ou bien, la personne ĂągĂ©e hospitalisĂ©e aprĂšs une chute dĂ©cĂšde Ă lâhĂŽpital des suites de cette chute trop tardivement prise en charge.
Le problĂšme nâest donc pas seulement le fait de tomber, mais aussi celui de ne pas pouvoir se relever. Des techniques existent. EnseignĂ©es par les kinĂ©sithĂ©rapeutes, elles permettent dâĂ©viter certaines situations critiques, si la personne parvient Ă se remettre debout seule.
Mais lâĂ©quipement le plus emblĂ©matique de la prĂ©vention des chutes mortelles, câest la tĂ©lĂ©assistance.
Câest pour Ă©viter Ă une personne de rester au sol sans pouvoir se relever quâon lâa inventĂ©e il y a environ cinquante ans. Ce dispositif sert Ă alerter un service dâassistance professionnel qui va apporter son soutien Ă la personne ĂągĂ©e et alerter les secours en cas de nĂ©cessitĂ©.
Souvent identifiĂ© par son device, le pendentif avec le bouton rouge, la tĂ©lĂ©assistance, câest dâabord un service humain hautement qualifiĂ© qui va aider les personnes isolĂ©es Ă rester en bonne santĂ©.
Et ce nâest pas anodin si les deux rĂ©alisations que je viens de vous prĂ©senter nous ont Ă©tĂ© commandĂ©es par deux acteurs majeurs de la tĂ©lĂ©assistance !
Mais toutes ces dĂ©marches curatives ne doivent pas nous faire perdre de vue que la meilleure des dĂ©fenses, câest encore la prĂ©vention. Comme lâatteste cette mĂ©ga-Ă©tude dont la publication a motivĂ© la rĂ©daction de mon Ă©dito du jour.
Levons sans plus attendre le voile sur ces révélations fracassantes.
LâĂ©tude la plus complĂšte Ă date
Le meilleur moyen de rĂ©duire le risque de chute chez un adulte autonome ĂągĂ© de plus de de 65 ans, câest une vie active et la pratique dâexercices physique.
Pourquoi les étudier les stratégies de prévention des chutes
Les chutes sont un si gros problÚme pour les personnes ùgées que de nombreux chercheurs ont étudié des moyens de les prévenir. Afin d'avoir une vue d'ensemble de ce qui fonctionne le mieux pour prévenir les chutes, les chercheurs de cette étude ont effectué ce qu'on appelle une revue systématique et une méta-analyse. Cela signifie que les chercheurs ont examiné les résultats de plusieurs études à la fois.
La plupart des Ă©tudes qu'ils ont examinĂ©es ont Ă©valuĂ© des programmes qui utilisaient plus d'une stratĂ©gie en mĂȘme temps pour prĂ©venir les chutes. Les chercheurs affirment que cette Ă©tude est la premiĂšre Ă examiner l'efficacitĂ© des stratĂ©gies individuelles de prĂ©vention des chutes lorsqu'elles sont examinĂ©es sĂ©parĂ©ment plutĂŽt qu'ensemble. Comprendre et comparer les effets de chaque stratĂ©gie peut permettre aux professionnels de la santĂ© d'offrir plus facilement une aide personnalisĂ©e aux personnes ĂągĂ©es.
Des Ă©tudes antĂ©rieures n'ont pas non plus inclus les personnes de plus de 75 ans et les personnes ĂągĂ©es souffrant de plusieurs maladies chroniques. Ătant donnĂ© que les personnes de ces groupes prĂ©sentent un risque de chute particuliĂšrement Ă©levĂ©, il est important d'en savoir plus sur les mĂ©thodes de prĂ©vention des chutes les plus efficaces pour elles.
Ce que les chercheurs ont appris
Les chercheurs ont examiné 192 études portant sur prÚs de 100 000 personnes ùgées vivant de maniÚre indépendante. Parmi ces études, 128 incluaient des adultes ùgés de 75 à 84 ans. Onze des études comprenaient des personnes de 85 ans ou plus. Les études ont comparé les effets de 63 stratégies de prévention des chutes (certaines stratégies individuelles et certaines combinaisons de stratégies) aux effets des soins que les participants recevaient habituellement.
Les chercheurs ont dĂ©couvert que l'exercice est la stratĂ©gie individuelle la plus efficace pour rĂ©duire le taux de chutes et le nombre de chutes chez les adultes de 65 ans et plus qui vivent de façon autonome. Il semble ĂȘtre particuliĂšrement efficace chez les adultes de 75 ans et plus. Les stratĂ©gies qui fonctionnent en combinaison comprennent l'exercice, l'Ă©valuation des risques de chute, l'utilisation d'appareils fonctionnels et l'apport de modifications Ă votre domicile qui le rendent plus sĂ»r.
Les rĂ©sultats de l'Ă©tude suggĂšrent Ă©galement que les personnes ĂągĂ©es qui font de l'exercice et qui ont subi des Ă©valuations du risque de chute peuvent ĂȘtre moins susceptibles de se briser les os en cas de chute.