Le livre que je veux écrire
Je lève le voile sur mon grand projet 2025 et je vous offre le premier chapitre.
Bienvenue sur Longévité, la newsletter qui décortique, avec délectation, la Silver économie. Aujourd’hui, je vous partage un projet sur lequel j’ai commencé à travailler cet été, qui m’accompagne chaque jour depuis 3 mois et qui se concrétisera dans la sortie de mon premier livre.
Cela fait des années que je triture le projet, mais je n’étais pas prêt à sauter le pas. J’aime trop les livres pour en produire un mauvais et je suis trop conscient du travail que représente l’écriture d’un ouvrage pour m’y mettre au mauvais moment.
Mais en raisonnant ainsi, l’on trouve toujours une bonne raison de remettre le projet à plus tard, aussi ai-je finalement saisi l’occasion d’une rencontre avec un coach en écriture pour décider que le bon moment était venu. Et que j’allais me faire accompagner, par ce coach.
Cela fait des semaines que je voudrais vous en parler, mais je ne trouvais pas les mots pour le dire. J’avais besoin de vous communiquer cette info pour 3 raisons.
Je vais solliciter certains d’entre vous pour leur expertise, afin d’appuyer mes analyses sur des témoignages pertinents, dissonants, à contre-courant, mais experts.
Je vais demander à des volontaires (le moment venu) leur avis sur des chapitres, des angles, des thèmes. Parce que je trouve pertinent d’impliquer une communauté de pros appréciant mon travail dans un livre qui parle du leur.
J’aime aussi l’idée de commencer à faire la promo du projet avant qu’il soit en librairie, parce qu’il vaut mieux aborder le sujet trop tôt que trop tard.
En outre, vous teaser ce travail m’oblige à le mener à bien.
Et enfin, j’ai besoin d’être un peu encouragé, parce que mine de rien c’est un boulot de titan !
Donc, parlons peu mais parlons bien, je vous propose de découvrir le chapitre 1, celui où j’explique pourquoi j’écris ce livre.
À travers cette lecture, vous trouverez une réponse à LA question qui sert de colonne vertébrale à tout mon travail :
Comment adapter toute la société au vieillissement (et pas que les vieux d’aujourd’hui) ?
LE MIROIR (L’impasse de l’expert désarmé)
Marie-Claire, assise dans la salle d’attente du cardiologue avec sa mère, consulte discrètement son téléphone. Un énième article sur les “10 signes qui doivent alerter chez les seniors” s’affiche. Elle le parcourt machinalement, cochant mentalement les cases : fatigue inhabituelle ✓, troubles de l’équilibre ✓, isolement social ✓.
L’angoisse monte.
Que faire de ces informations ?
Comment aborder le sujet avec sa mère sans la braquer ?
Comment distinguer l’urgence réelle du catastrophisme ?
Paradoxe troublant : plus Marie-Claire s’informe, plus elle se sent démunie. Elle cumule les articles, multiplie les recherches, consulte les forums, mais au moment d’agir, elle reste paralysée. Comme si toute cette connaissance théorique s’évaporait face à la réalité de sa mère qui refuse obstinément les barres d’appui dans sa salle de bains.
LE DÉCRYPTAGE (Quand l’expertise ne suffit plus)
Nous vivons une époque fascinante : jamais autant d’informations sur le bien-vieillir n’ont été disponibles, et pourtant jamais les familles ne se sont senties aussi désemparées.
Cette contradiction n’est pas le fruit du hasard. Elle révèle un décalage fondamental entre l’offre d’information et les besoins réels des personnes confrontées à la longévité.
J’incarne ce paradoxe.
Huit années d’immersion professionnelle dans l’écosystème de la Silver économie, des centaines d’échanges avec ergothérapeutes, gériatres, directeurs d’EHPAD, entrepreneurs, élus locaux, assureurs spécialisés. Une connaissance fine de l’offre, de ses innovations comme de ses impasses.
Et pourtant...
Pourtant, face à mes propres parents, je me retrouve dans la même situation que Marie-Claire : démuni, hésitant, oscillant entre respect de leur autonomie et inquiétude légitime. Quand mon père décide de vivre dans une maison avec plus d’escaliers que de fenêtres, qui suis-je pour lui dire de ne pas le faire ? Il est adulte, il sait ce qu’il fait, et je n’ai pas d’autorité particulière pour lui imposer ma vision de ce qui serait “bon pour lui”.
Cette tension entre expertise professionnelle et impuissance personnelle m’a fait comprendre que le problème n’était pas le manque d’informations, mais leur nature même.
L’ENQUÊTE (Au cœur du malentendu)
Trois observations majeures émergent de cette double expérience, professionnelle et personnelle :
L’offre prolifère, la demande se cache
Chaque mois, de nouveaux entrepreneurs me sollicitent :
“Mon application de stimulation cognitive va-t-elle plaire aux seniors ?”
“Pensez-vous que les familles adhéreront à notre concept d’habitat partagé ?”
“Notre solution de coordination des soins trouvera-t-elle son marché ?”
“Nos activités de loisirs spécialisés séduiront-elles ?”
Ces questions révèlent un secteur qui produit beaucoup mais comprend peu. L’innovation - qu’elle soit technologique, sociale ou organisationnelle - précède souvent l’analyse du besoin réel.
Résultat : des solutions brillantes qui restent dans les tiroirs, et des familles qui continuent à bricoler des réponses artisanales.
La complexité paralyse plus qu’elle n’éclaire
L’écosystème de la longévité ressemble à un labyrinthe. Entre les acteurs publics (conseils départementaux, SPDA, CLIC, CCAS, DAC, SAD, CDCA, CTA, RDA), les professionnels libéraux (médecins, kinés, IDE, ergothérapeutes), les entreprises privées, les associations et les nouvelles plateformes numériques, comment s’y retrouver ?
L’injonction au “bien-vieillir” menace la liberté individuelle
Le discours dominant véhicule une vision normative du vieillissement : il faudrait manger cinq fruits et légumes par jour, marcher 10 000 pas, stimuler ses fonctions cognitives, maintenir du lien social, aménager son logement, souscrire les bonnes assurances...
Cette liste de “bonnes pratiques”, promue par les pouvoirs publics pour des raisons avant tout financières - encourager les solutions qui coûtent le moins à la collectivité -, ambitionne l’émergence d’un “bon vieux” adepte du “bien-vieillir” et du “vieillissement en santé”.
Mais cette approche performative oublie les spécificités individuelles, les traditions familiales, et surtout la liberté fondamentale de choisir ce qui est bon pour soi. Elle transforme le vieillissement en projet de conformité plutôt qu’en chemin personnel, générant plus de culpabilité que de sérénité.
Le point aveugle des familles complexes
Mon expérience professionnelle révèle un autre angle mort : l’essentiel de l’offre s’adresse à des configurations familiales simples.
Mais que faire quand on jongle entre parents divorcés remariés, beaux-parents, demi-frères géographiquement dispersés ?
Comment gérer les loyautés multiples, les légitimités croisées, les héritages complexes ?
Ces situations, de plus en plus fréquentes, restent largement ignorées par les “guides du bien-vieillir”.
LA BOÎTE À OUTILS (Une méthode pour naviguer autrement)
Ce livre propose une approche différente, fondée sur cinq principes directeurs :
1/ Partir des vraies questions plutôt que des bonnes réponses
Plus de 70 interrogations concrètes identifiées auprès de familles comme celle de Marie-Claire : “Comment convaincre des parents réticents d’accepter les aménagements sans créer de conflits ?” “Existe-t-il des alternatives crédibles aux EHPAD ?” “Comment gérer l’accompagnement dans une famille recomposée ?” Ces questions guident la structure de chaque chapitre.
2/ Décrypter l’offre existante sans complaisance
Distinguer les vraies innovations des effets de mode, révéler les coûts cachés, identifier les pièges marketing. Cette analyse s’appuie sur des échanges directs avec les professionnels du terrain, loin des discours commerciaux ou institutionnels.
3/ Assumer la complexité sans la simplifier
Plutôt que de proposer des recettes universelles, ce livre aide à construire sa propre méthode selon son contexte familial, ses contraintes financières, ses valeurs personnelles. Il s’agit d’outiller la réflexion, pas de dicter des solutions.
4/ Déculpabiliser les dilemmes et préserver les choix
Accepter que certaines situations n’aient pas de “bonne” solution, que l’accompagnement familial génère des tensions légitimes, que vouloir préserver sa propre qualité de vie ne relève pas de l’égoïsme. Reconnaître surtout que chaque personne a le droit de définir ce qui est bon pour elle, même si cela ne correspond pas aux normes du “bien-vieillir”. Cette bienveillance assumée libère l’énergie pour agir dans le respect des choix individuels.
5/ Intégrer la dimension intergénérationnelle
Chaque décision prise aujourd’hui influence l’avenir de toute la famille. Comment transformer l’expérience parfois éprouvante d’aidant en sagesse applicable ? Comment devenir un modèle inspirant plutôt qu’une charge future ?
LES ÉCUEILS (Ce que ce livre ne sera pas)
Ce livre ne prétend pas révolutionner votre approche du vieillissement par des secrets inédits. Il ne vous promet pas de “recettes miracle” ni de “méthodes infaillibles”. Il n’adopte pas le ton moralisateur des guides de développement personnel ni la froideur technique des manuels spécialisés.
Il ne prétend pas remplacer les professionnels compétents quand leur expertise est nécessaire, mais il vous aidera à discerner quand les solliciter et qui solliciter pour quoi. Car tous les sujets ne nécessitent pas un expert : certaines questions trouvent leurs réponses dans l’expérience partagée, la connaissance des dispositifs existants ou la simple clarification de ses propres priorités.
Son ambition : vous donner les clés pour résoudre ce qui peut l’être en autonomie, et vous aider à mieux formuler vos questions quand l’expertise professionnelle devient indispensable.
Enfin, il n’esquive pas les sujets qui fâchent : coûts réels de la dépendance, limites du système français, arbitrages difficiles entre générations, pensées taboues des aidants familiaux. Cette sincérité peut parfois bousculer, mais elle seule permet d’avancer.
L’HORIZON (Vers une longévité familiale et sociale)
Imaginez Marie-Claire dans six mois. Elle accompagne toujours ses parents, mais sans cette angoisse permanente qui la rongeait. Elle a appris à distinguer l’urgence du quotidien, à poser les bonnes questions aux professionnels, à négocier sereinement avec ses parents les adaptations nécessaires. Plus important encore : elle prépare sa propre longévité avec méthode, mais pas seule.
Car Marie-Claire a compris que derrière le déni collectif de notre société face au vieillissement - cette tendance à chercher des solutions “pour les autres” plutôt que “pour soi” - se cache un enjeu fondamental : la longévité familiale. Ce qu’elle apprend aujourd’hui en accompagnant ses parents profitera demain à son conjoint et à ses enfants. Elle a donc intérêt à co-construire avec eux cette réflexion, à disposer d’une cellule familiale qui pense “en collectif” plutôt que de porter seule ce fardeau.
Cette approche transforme le parcours individuel en projet partagé : ses enfants comprennent mieux les enjeux qu’ils devront affronter, son conjoint s’implique dans les décisions, la famille développe une culture commune de la longévité. La transmission ne se limite plus aux biens matériels mais inclut la sagesse de l’accompagnement et la préparation éclairée de l’avenir.
Cette transformation n’est pas utopique. Elle nécessite simplement de remplacer la navigation à vue par une approche structurée, l’accumulation d’informations par la construction de repères, l’angoisse solitaire par la compréhension partagée.
C’est l’objectif de ce livre : transformer Marie-Claire, et les millions de Français qui lui ressemblent, d’observateurs inquiets en acteurs sereins de leur longévité familiale. Non pas en évacuant les difficultés, mais en les apprivoisant collectivement. Non pas en promettant l’impossible, mais en révélant le possible ensemble.
Car au-delà des enjeux familiaux, c’est un modèle social qui se dessine : celui d’une société qui s’adapte au vieillissement plutôt que de laisser des familles isolées appliquer des bonnes méthodes pendant que d’autres restent dans l’ignorance.
L’enjeu n’est pas de créer une élite de familles “bien préparées”, mais de transformer collectivement notre rapport au vieillissement. Ce livre souhaite y contribuer, en donnant aux citoyens les clés pour exiger et co-construire cette société adaptée à la longévité.
Foncez Alexandre, cette approche est tout à fait original et se distingue des "Y a qu'à - faut qu'on" habituels. En vous souhaitant une belle réussite.
Bien à vous
Impatiente de vous lire et peut-être de l’offrir ce livre : j’aime beaucoup l’approche intergénérationnelle qui peut éviter une charge - pas que mentale - trop souvent féminine…