Le viager a-t-il un avenir ?
Saviez-vous que le musicien et producteur Eddie Barclay, disparu le 13 mai 2005 à l'âge de 84 ans avait vendu sa villa tropezienne en viager ?
Son ex-femme Caroline Barclay l'a révélé au magazine Gala dans une interview parue à la date anniversaire du décès.
L'ex Madame Barclay y explique que le bel Eddie vivait sur un pied un peu trop grand pour ses économies. Il avait consumé sa fortune dans la construction de la luxueuse villa tropézienne où il recevait la jet set. Amère, Caroline Barclay reproche à son défunt ex d’avoir légèrement travesti la vérité quant à sa fortune.
« Il a terminé sa vie ric-rac. Avant sa mort, il avait dû vendre Saint-Tropez et son appartement parisien en viager. Il a toujours dépensé tout ce qu’il avait. »
Dans les mots de Caro, ce recours au viager sonne comme un aveu de déchéance. Si Barclay avait été un meilleur gestionnaire, il aurait conservé ses biens immobiliers pour les offrir à ses héritiers. Lesquels les auraient bien entendu vendus pour payer les droits de succession !
Et c’est là le drame avec le viager, il continue d’être perçu comme un échec, la reconnaissance d’une mauvaise gestion et d’une forme d’égoïsme.
Alors que moi, je trouve ça positif.
Eddie Barclay aurait fait un super bon promoteur du viager.
C’était une figure d’autorité.
Il était apprécié et reconnu.
C’est un self made man qui a gagné sa vie en travaillant dur.
Il a vendu son bien en viager afin de maintenir son train de vie, organiser des fêtes avec ses copains et jouer aux boules sur la place des Lices.
Osons reconnaitre que c’est une bonne chose !
On ne peut pas prétendre lutter contre l’âgisme et en même temps dénigrer les moyens qui permettent aux vieux de rester des citoyens à part entière.
Et le viager en est un.
Car si vous n’avez pas d'activité professionnelle, aucune banque n’accepte de vous prêter de l’argent.
Même si vous ne menez pas une vie de bâton de chaise.
Même si vous êtes en bonne santé.
Même si vous possédez un patrimoine qui atteste de votre crédibilité financière.
C’est comme ça.
Donc, si vous avez besoin d’argent pour vous payer un camping-car, organiser une fiesta à tout casser à l’occasion de vos noces de chêne, acheter une villa à Saint Trop ou finir vos jours dans un Ehpad Korian, vous devez chercher l'argent ailleurs.
Le viager offre cette possibilité, mais je ne vous apprendrai rien en disant qu’il n’est pas très populaire.
La faute à un système perçu comme un pari morbide.
La faute aux faits divers où le fameux acheteur a cherché à écourter la vie de son crédit rentier. Le dernier en date : un pompier a étouffé une vieille dame dépendante avec des madeleines.
La faute au film de Pierre Tchernia et à l’anecdote de Jeanne Calment qui a survécu au notaire à qui elle avait vendu sa maison en viager.
La faute à l’aspiration des humains à transmettre leur patrimoine immobilier à leur descendance.
La faute à l’attachement irrationnel des Français pour la pierre.
Bon an, mal an, on signe environ 7000 viagers par an en France, ce qui est assez peu ramené au nombre de personnes âgées propriétaires de leur logement qui pourraient profiter du dispositif pour mettre du beurre dans les épinards.
Ce qu’on pense chez Sweet Home, c’est que ce dispositif qui a tout pour plaire souffre d’un déficit d’image et gagnerait à être commercialisé différemment.
En construisant une plateforme de marque qui ne renvoie pas à l’univers du viager
En travaillant avec des prescripteurs pertinents : une personne de confiance qui aidera le vendeur à passer à l’action
En vendant à des publics qui ne sont pas ciblés par les viagéristes traditionnels.
C’est un sujet sur lequel nous travaillons en ce moment même pour des clients et nous pensons que cette approche pourrait faire basculer le paradigme et enfin aider les vieux à se payer la vie de rêve à laquelle ils aspirent.
Et moi, depuis que j’ai appris qu’Eddie avait vendu en viager, j’en parle à tout le monde, car je trouve que cet exemple est le plus inspirant des arguments pour tous les boomers qui ont connu — et aimé — le bel Eddie !