L'éclatement familial : un mal nécessaire ?
Anticipons la façon dont la prise en charge des aînés par leur famille influence leurs besoins.
À l’aube d’un possible bouleversement majeur dans la gouvernance de notre pays, je vous invite à une réflexion sur la façon dont notre société évolue.
Non pas pour comprendre le vote contestataire, mais pour anticiper la façon dont la prise en charge des personnes vieillissantes par leur famille influence la demande.
Les structures familiales changent et ce changement a sur la Silver économie, un impact colossal.
Je dirai même plus : il lui est consubstantiel.
En 2019, j’écrivais en préambule de mon texte sur l’habitat publié dans l’ouvrage collectif Le Grand Livre de la Longévité que :
L’époque où plusieurs familles vivaient sous le même toit est bel et bien révolue.
Derrière cette révolution, c’est un modèle de solidarité familiale qui disparaît
Vivre avec votre parent âgé, ce n’est pas la même chose que lui rendre visite une heure par jour ou par semaine, qu’il habite seul chez lui ou à l’EHPAD.
Et de même, le rôle social d’une personne âgée n’est pas le même si elle habite avec sa descendance, contribue à la vie du foyer, est partie prenante de l’éducation des plus jeunes.
Pas la peine de vous faire un dessin. Vous visualisez bien la différence.
Seulement voilà, cette situation n’est ni évidente, ni automatique. C’était la règle, c’est désormais l’exception. Pour des raisons socio-économiques.
Pour faire simple, disons que, dans leur grande majorité, les actifs vivent à proximité de leur lieu de travail dans des logements où l’espace est contraint. En outre, ils ont perdu l’habitude de cohabiter avec leurs parents. Parents qui éprouvent ce besoin de cohabitation seulement lorsqu’ils deviennent trop fragiles pour vivre seuls. Que cette fragilité soit physique, émotionnelle ou financière.
Et même dans cette situation de fragilité,
Combien de citoyens vieillissants accepteraient de cohabiter
Durablement avec leurs enfants ?
Je pose la question.
Une question qui vaut pour la France, mais aussi pour les autres pays confrontés au vieillissement et à l’éclatement de la cellule familiale.
Autres pays, qui n’ont pas tous notre antériorité en matière d’alternatives.
Antériorité
Ce que j’entends par antériorité, c’est que nous avons développé une offre dite “médico-sociale” depuis des décennies.
L’EHPAD, héritier de l’hospice, inventé au siècle de Louis XIV accueillait les indigents afin de décharger les familles qui n’avaient pas les moyens ou le temps de les prendre en charge.
Soit 350 ans.
Les services d’aide à domicile, héritiers des associations de patronage, inventés au XIXè siècle par les congrégations religieuses et les sociétés d’entraide ouvrières se sont tournés vers la dépendance à domicile à partir des années 1960 environ.
Soit 70 ans.
Durant des décennies, nous nous sommes accoutumés à ces services qui nous dispensent de gérer nous-même les personnes dépendantes.
Pour le meilleur, quand ils évitent l’épuisement des proches ou la maltraitance des personnes dépendantes.
Pour le moins pertinent, quand ils substituent un aidant professionnel aux proches dans des situations où c’est de contacts et de lien social que la personne aurait besoin.
Nous sommes des privilégiés…
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