Les tendances de la Silver économie en 2024
Ce que j'ai appris au festival Silver économie de Cannes et comment vous pouvez en tirer parti | Case study : Ville à Joie, Alogia, Ergosanté, Hapo
Bienvenue dans Longévité, où j'analyse les dernières tendances de la Silver économie. Dans cette édition, je décortique les tendances identifiées pendant le Silver Economy Festival de Cannes. Nous explorerons des pratiques et des problèmes auxquels je propose des solutions et j’essaie de répondre à LA grande question : Comment savoir si ça vaut le coup de prendre un stand dans un salon ?
La semaine dernière, j’étais exposant au Festival Silver Economie de Cannes, événement organisé depuis plus de dix ans par Jérôme Pignez, mais dont le format sur deux jours à Cannes n’existe que depuis 4 ans.
Outre la magie du lieu (un salon panoramique dominant la baie de Cannes), ce rendez-vous permet à des gens d’horizons, d’âges, de parcours différents, mais rassemblés par une raison d’être partagée, de se retrouver et d’échanger avec beaucoup de liberté et sans se sentir contraints par les barrières, les titres et les fonctions qui rendent d’autres échanges plus complexes.
J’ai échangé avec 47 personnes
J’ai pris des notes afin de garder une trace de tous ces échanges et de m’en souvenir. Les relire me donne une meilleure idée de l’évolution de notre écosystème.
Si j’ajoute à ces échanges les choses perçues dans les allées du salon, je peux me faire une idée de ces tendances.
Je ne vous parlerai pas de verticales de marché, car ce salon n’a rien à voir avec Vivatech ou le CES. Ce n’est pas à Cannes que vous devez vous rendre pour découvrir les dernières innovations technologiques ou médicales du marché des seniors. En revanche, j’ai validé quelques points sur l’état de l’écosystème à date.
Les convictions et la raison d’être
Cette année, je n’ai rencontré personne qui soit entré dans la Silver économie pour faire un maximum de pognon. Si l’on considère que discuter avec une cinquantaine de personnes permet de dresser un tableau tendanciel, je peux affirmer que les acteurs de la Silver économie sont des gens engagés et portés par des convictions fortes.
Ce qui est formidable, c’est que vous trouvez ces acteurs à tous les niveaux, dans toutes les structures et technostructures.
L’entrepreneur, le porteur de projet, le thérapeute, le directeur membre ou non du comex, la directrice d’établissement, le président de fédération ou de syndicat. Tous portent en eux cette conviction d’être là où ils sont pour une raison qui n’est pas “faire bouillir la marmite”.
Cela devrait rassurer tous les sceptiques qui considèrent la Silver économie comme la secte des mécréants qui font de l’argent sur le dos des vieux.
La Silver économie est un archipel
L’autre tendance qui me saute aux yeux, c’est l’éclatement de notre écosystème en plusieurs entités distinctes, parfois connectées, parfois antagonistes, qui offrent des services complémentaires ou en chevauchement.
Chaque entité qui apporte quelque chose aux parties prenantes s’intègre dans un archipel d’acteurs.
Deux problèmes
les mésententes entre structures qui compliquent leur collaboration.
Ce schéma - que je commence à bien cerner - s’avère indéchiffrable pour un nouvel entrant.
Ces deux problèmes conduisent à la même impasse : une grande difficulté à trouver le soutien dont ont besoin les entrepreneurs à différents stades de leur développement. Surtout quand ce soutien est multifactoriel et dépend donc de plusieurs entités qui collaborent mal, voir pas du tout.
Et donc, à mon avis, les structures d’accompagnement de la Silver économie ont un travail politique à réaliser entre elles pour faciliter le travail de leurs parties prenantes.
L’argent est plus que jamais le nerf de la guerre, surtout celui payé par le client
Une discussion fort intéressante avec Pierre Fugit, président de la PME Anisen et du Cluster Silver économie d’Occitanie (le SilverOcc Clusterlab) m’a conforté dans l’un de mes chevaux de bataille : promouvoir les business models qui gagnent de l’argent grâce à leurs clients. Le client qui paie pour le service que vous lui rendez en résolvant son problème.
Pierre et moi déplorons que des projets se lancent dans la bataille en espérant que les seules subventions suffiront à les faire vivre, que des partenaires comme les mutuelles les financeront ou que, par la magie du crédit d’impôt, ils pourront vendre une prestation bradée.
L’exemple de Ville à Joie
Par exemple, la pépite Ville à Joie, primée par Silver Valley et par les jurés du Silver Economie Festival. Elle organise des fêtes dans les communes rurales afin d’aider les personnes isolées à s’informer sur leurs droits et les services existants pour leur simplifier la vie. L’idée est aussi formidable que l’équipe qui la porte depuis la naissance du projet.
Hélas, ce dernier se rémunère avec des aides annuelles versées par ses parties prenantes. Et la plupart de ces parties prenantes ne versent des aides que pour l’amorçage et que pendant 1 an ou 2. Par conséquent, Ville à Joie doit faire des pieds et des mains pour financer ses campagnes annuelles au risque de ne plus pouvoir agir.
Pour comprendre l’intérêt de la solution (et ses limites), je vous recommande le dossier consacré aux solidarités locales publié dans
. Vous y lirez l’interview de Marius Drigny, le fondateur de Ville à Joie.Une position bien hasardeuse
Certains entrepreneurs ont du mal à imaginer une alternative aux financements indirects. En outre, trop de programmes d’accompagnement sont pilotés par des structures comme la CNAV ou les groupes de protection sociale qui n’ont pas le même rapport à l’économie de marché que les entreprises dont ils prélèvent les cotisations.
La conséquence, c’est qu’ils ont moins de scrupules que moi à leur recommander des modèles hybrides reposant en partie sur la recherche d’aides et de subventions, ou le recours à des mécanismes de type crédit d’impôt.
Dans le monde de la rigueur budgétaire, cette position me paraît bien hasardeuse.
Toujours des offres sans demande
Une autre tendance contre laquelle je me bats sans relâche, c’est celle des projets montés à l’envers : partir de la solution, puis chercher le problème qu’elle va résoudre.
Conséquence : la tendance aux produits sans marché ne se dégonfle pas.
Année après année, je croise des projets très aboutis, mais qui n’arrivent pas à vendre, car leur clientèle ne semble pas exister. Ou alors, les clients potentiels sont bien là, mais ils ne veulent pas payer. On pourrait croire que ce sont deux problèmes différents, mais en réalité ce sont les deux faces d’une seule pièce.
C’est horriblement triste pour ces entrepreneurs qui ne voient pas à quel point le mur est proche.
Ils crament leurs fonds propres, prêts d’honneur et maigres gains dans du superflu (le plus courant étant le site web réalisé à prix d’or par une agence alors qu’en deux heures, vous pouvez bricoler une landing page suffisante pour conclure vos premières ventes). Ils se ruinent en publicité sur les réseaux sociaux, relations presses ou stand dans les mauvais salons.
Et quand vous les interrogez, ils n’ont pas fait une seule vente.
Soit parce qu’ils ciblent les mauvais clients.
Soit parce qu’ils pensent savoir ce que veut le client, en se basant sur des interviews insuffisantes ou des déductions hasardeuses.
Soit parce qu’ils veulent absolument développer l’offre avant de la commercialiser.
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