Merci Prosper : Un Nouveau souffle pour les finances des seniors ? Mon analyse

Entretien approfondi avec les cofondateurs Thibault Corvaisier et Victor Perrazi | Analyse du marché | Enjeux et perspectives de l'accès des seniors au crédit

Nous avons un vrai problème avec l’argent des seniors. Il pourrait se résumer ainsi : leurs revenus n’augmentent plus et leurs économies sont insuffisantes pour faire face aux frais imprévus liés à leur santé, à l’adaptation de leur environnement, l’EHPAD pour les moins chanceux et aux autres petits tracas de la vie.

Les solutions ne sont pas légion.

Rien ou presque chez les banquiers traditionnels et des assureurs, malgré quelques tentatives ponctuelles et isolées.

Il faut aller les chercher du côté du viager et de ses alternatives reposant sur l’hypothèque ou la cession partielle de son patrimoine immobilier. Mais les chiffres de ces différentes possibilités sont assez faibles.

Pour le viager, c’est 6 à 7 000 transactions par an. Ramené à une population senior de 22,1 (85% de propriétaires de leur maison sur les 26 millions de 65+), cela représente une goutte d’eau.

Pour les alternatives au viager, les chiffres français ne sont pas connus.

Les raisons habituellement invoquées pour expliquer ces résultats ont trait à la défiance vis-à-vis du viager, considéré comme un “pari sur la mort” par ses détracteurs. Mais l’attachement des citoyens à la pierre, le désir de transmettre un patrimoine à leur descendance et la faible mobilité des Français jouent aussi un rôle.

Résultats : un problème non résolu et une opportunité business pour l’entrepreneur qui y trouvera la bonne solution. C’est cette perspective qui explique l’arrivée sur ce marché de nouvelles entreprises, innovantes

La dernière en date est Merci Prosper, un dispositif innovant monté par un trio blanchi sous les harnais : Thibault Corvaisier, Anthony Piquet et Victor Perrazi.

Leur projet est encore en phase d’amorçage, mais les garçons ont de solides arguments à mettre sur le tapis, de l’énergie et de la passion à revendre et une stratégie d’acquisition basée sur des partenariats.

Trois raisons qui m’ont donné envie de les rencontrer pour en savoir plus. J’ai donc proposé un entretien à Victor Perrazi et Thibault Corvaisier pour comprendre comment ils comptent réveiller un marché du financement pour les seniors.

Ils ont dit oui.

Et aujourd’hui, je vous propose de découvrir ce qu’ils ont dans la tête.

Ce que vous réserve la lecture de ce dossier

En lisant ce dossier, vous apprendrez :

• Comment Merci Prosper propose aux seniors de monétiser leur patrimoine tout en restant propriétaires et en préservant la possibilité de transmettre leurs biens.

• Comment ils comptent sur leur stratégie de partenariats pour renforcer leur crédibilité et générer des leads qualifiés.

• Pourquoi l'accent mis sur la visibilité médiatique et l'engagement dans l'économie sociale et solidaire positionne Merci Prosper comme une solution éthique et innovante dans le secteur du financement pour seniors.

• Mon avis sur ce dispositif, ses atouts et ses limites.

Notre approche est un pari sur la vie, contrairement au viager qui est souvent perçu comme un pari sur la mort. - Thibault Corvaisier

Genèse du Projet : Vision et Innovation

Thibault Corvaisier, cofondateur de Merci Prosper, raconte la naissance de ce projet avec une passion palpable. Ayant consacré 20 ans de sa carrière dans la banque d'investissement, il a acquis une solide expérience en structuration financière. Cependant, animé par un esprit intrapreneur, il a toujours cherché à innover et à faire bouger les lignes. En 2014, il décide de quitter ce monde pour se rapprocher du secteur immobilier, une transition motivée par des raisons familiales.

L'immobilier, un secteur traditionnellement lent à évoluer, manquait selon lui cruellement d'innovation. Inspiré par des initiatives telles que le démembrement pour financer le logement social, Thibault a vu l'opportunité de créer un fonds basé sur ce même principe, mais cette fois pour répondre aux besoins croissants des seniors.

En effet, Thibault voit des limites à toutes les solutions existantes.

Il imagine donc une approche novatrice : mutualiser le risque entre de nombreux seniors et investisseurs en adoptant une méthode statistique pour gérer le risque de mortalité. L'idée est de conclure un accord avec le senior, en lui offrant la sécurité tout en tenant compte des incertitudes de la vie.

Un succès mesuré mais insuffisant

Sous la direction de Thibault, Turgot Asset Management et son fonds ViaGeneration ont connu une croissance impressionnante, passant de 50 millions à 1,1 milliard d’euros en trois ans. Ce succès a modernisé le viager, le faisant passer d'un modèle subi à un modèle choisi, rendant ce concept plus compréhensible et scalable. Malgré cela, le nombre de transactions n'a augmenté que modestement, passant de 5 000 à 7 000, une hausse insuffisante face à la fracture démographique croissante.

Nous avons réussi à moderniser le viager, à le transformer d'un viager subi à un viager choisi, à le faire comprendre pour qu'il puisse être scalable. Il doit être compris de manière à pouvoir être considéré. Nous sommes peut-être passés de 5 000 à 7 000 transactions, ce qui est à peu près les chiffres qui circulent sur le marché. Mais cela ne correspond pas du tout à l'ampleur de la fracture démographique que nous rencontrons. - Thibault Corvaisier

Les obstacles et la solution : Le Prêt Viager Hypothécaire

Thibault identifie plusieurs obstacles majeurs : le pari sur la mort, même mutualisé, reste insuffisant. Les frais élevés des agents immobiliers, souvent autour de 10% de la valeur du bien, posent également un problème éthique. Enfin, les besoins spécifiques des seniors – faire face à des dépenses exceptionnelles ou augmenter leur pouvoir d'achat – nécessitent des montants modestes comparés à la valeur totale de leur patrimoine immobilier.

C'est ici que le prêt viager hypothécaire entre en jeu. Cette solution permet aux seniors de monétiser une partie de la valeur de leur bien sans le vendre, répondant ainsi à leurs besoins financiers immédiats sans les obliger à parier sur leur espérance de vie. Porté par des institutions financières solides, ce concept revisité offre une réponse adaptée et éthique aux défis du vieillissement. Mais c’est une solution très coûteuse avec des taux souvent supérieurs à 6 ou 7%.

Après un certain âge, les seniors n’ont psychologiquement plus envie de s’endetter. Ils ne veulent plus vivre à crédit, ni transmettre des dettes à ses enfants. - Thibault Corvaisier

Un angle différent : l'investissement au service des seniors

Thibault Corvaisier salue les initiatives telles qu'Arrago et Jubile, qui proposent des offres de crédit intéressantes pour les seniors. Toutefois, il souligne une réalité importante : après un certain âge, beaucoup de seniors perdent l'envie d'utiliser le crédit, ne voulant pas vivre à crédit ni transmettre des dettes à leurs enfants.

En outre, selon ses recherches, très peu de prêts viagers hypothécaires (PVH) sont remboursés, et les intérêts capitalisés, souvent élevés, alourdissent la dette transmise aux héritiers. De plus, les hypothèques prises par les banques entravent la capacité des seniors à transmettre la pleine propriété de leur bien de leur vivant.

Conscient de ces défis, Merci Prosper adopte une approche différente : l'investissement. Cette stratégie permet de libérer des sommes d'argent, qu'elles soient initiales ou mensuelles, pour aider les seniors à vivre plus librement et heureusement. Thibault insiste sur l'importance de cette aide régulière qui, bien qu'elle ne soit pas juridiquement considérée comme une rente, offre une flexibilité et une sécurité financière précieuses aux seniors.

Grâce à Merci Prosper, Thibault Corvaisier et son équipe redéfinissent les solutions financières pour les seniors, alliant innovation, éthique et efficacité pour répondre aux besoins de cette population en croissance.

Nous le faisons mensuellement pour aider les seniors à “bien vieillir libres et heureux”. - Thibault Corvaisier

Engagement dans l'Économie Sociale et Solidaire

Une fois n’est pas coutume, voici une entreprise dont l’engagement dans l’économie sociale et solidaire dégage des bénéfices palpables pour ses parties prenantes. Au-delà d’un simple affichage de valeurs, l’approche ESS de la fintech promet un partage de valeurs !

Voyons comment.