Prévention : La plus grosse opportunité business de la Silver économie en 2024 ?
Cartographie de la prévention | IoT | Apple Watch | Oura Ring | HInounou | Stratégie e-santé de l'OMS et de l'UE
Nous ne faisons pas de prévention car nous n’avons pas les moyens d’en mesurer l’impact.
Telle est l’explication que j’ai souvent entendue de la part d’entrepreneurs désireux de connaître le ROI de leurs actions de prévention. Un désir légitime, cohérent avec la finalité économique d’une entreprise.
Ces entrepreneurs exprimaient une seconde crainte, corollaire de la première : que leurs actions de prévention profitent à leurs concurrents.
Imaginez le chemin de croix
Vous investissez vos euros dans des actions de prévention pour vos clients
Vous n’avez aucun moyen de savoir si ça sert à quelque chose
Des concurrents qui n’ont rien investi retirent un bénéfice de vos efforts
Plus vous vous obstinez, plus un marché de charognards se développe à vos dépens…
Quiconque ayant une once de bon sens ne se lancera jamais dans un tel gouffre. Il estimera, à juste titre, que la prévention est du ressort de l’Etat.
C’est le job de l’Etat !
Le seul acteur économique qui soit en mesure de retirer les bénéfices de la prévention à tous les coups, par exemple (liste non exhaustive) :
Moins de dépenses de santé curative
Moins d’actifs en arrêt maladie (et donc, plus de productivité)
Au lieu de coûter de l’argent en soins de santé, les consommateurs profitent de la vie et dépensent leur argent dans les loisirs
Globalement, une société civile qui tourne mieux et se sent bien.
Bien sûr, l’Etat dispose de mesures macro-économiques qui permettent d’imaginer ou de théoriser l’impact des politiques de prévention. Mais sans outils qui mesurent précisément les données, il en est réduit à des déductions, des suppositions.
L’exemple de la sécurité routière
On va prendre un exemple avec la sécurité routière. Un domaine dans lequel l’Etat a englouti des millions depuis 50 ans dans le but de réduire la mortalité de la route.
Les résultats sont satisfaisants puisque le nombre de morts, 3000 par an environ est stable depuis plus de 5 ans, contre 18 000 en 1972, l’année où le nombre de morts de la route a été le plus élevé dans l’Histoire de la sécurité routière.
L’évolution de 1972 à nos jours est d’autant plus spectaculaire qu’elle s’accompagne d’une augmentation massive du nombre de véhicules en circulation.
Cependant…
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Quelle mesure ?
Est-ce la prévention routière qui a fait chuter le nombre de morts sur la route en 50 ans ou bien : la pénalisation des infractions, la multiplication des radars, l’amélioration de la voirie et les efforts des constructeurs pour développer des véhicules plus sûrs ?
Et ces actions volontaristes des députés, des sociétés de voirie et des constructeurs automobiles, doit-on les considérer comme de la prévention ?
Bien sûr que l’Etat peut s’approprier ce progrès vertigineux, mais sans un outil de mesure, ce ne sont que des incantations.
Les incantations, ça ne suffit pas aux actionnaires. Eux, ce qu’ils attendent pour prendre des décisions, c’est un indicateur fiable pour savoir si leur investissement sera profitable à l’entreprise.
Simple, basique.
Pour l’heure, cet indicateur n’existe pas, ce qui rend la stratégie préventive aléatoire.
Surtout dans un pays persuadé que “les gens ne sont pas préventifs parce qu’ils savent que la Sécu rembourse le curatif”.
Imaginez disposer d’un outil pour mesurer l’impact de la prévention
Mais imaginez à présent qu’un outil permette de réaliser cette mesure.
Qu’à partir d’un équipement, le bénéficiaire de votre action de prévention puisse mesurer son impact sur un dispositif qui vous permette à vous aussi d’acquérir la certitude que votre action de prévention porte ses fruits.
Imaginez le nouveau champ des possibles.
Vous pourriez non seulement valoriser vos actions de prévention, mais aussi développer une gamme de produits et services préventifs que les clients achèteraient en confiance, car ils pourraient mesurer l’impact de leur investissement sur leur santé.
Exemple : mesurer la qualité du sommeil 💤
Prenons un exemple :
Vous développez un device qui mesure la qualité du sommeil. Vos clients sont des personnes qui dorment mal et souhaitent y remédier. Ils ne veulent pas prendre des somnifères, ils veulent disposer d’indications détaillées sur leurs nuits afin de comprendre ce qui ne va pas et pouvoir le corriger.
Et c’est à cela que sert votre équipement. Il mesure les constantes nocturnes et les restitue sous forme intelligible afin que vos clients comprennent ce qui ne va pas dans leur sommeil.
Comme vous êtes l’expert, ils comptent aussi sur vous pour les aider à améliorer la situation. À travers votre device et son app, vous diffusez des conseils pour aider vos clients à mieux dormir.
Vous pouvez développer des formations, coaching, régimes et programmes pour les clients qui souhaitent aller plus loin que l’offre basique.
Et conclure des partenariats avec des offres complémentaires à la vôtre, qui pourront elles aussi se baser sur les mesures de votre device pour démontrer leur efficience à vos clients.
Ou bien développer vous-même des options complémentaires pour élargir l’offre de base. En effet, à présent que vos clients ont amélioré leur sommeil, ils ont peut-être envie d’améliorer leur alimentation, leur endurance dans l’effort ou bien leur réseau social.
Je vous ai décrit dans les grandes lignes, la finalité et le fonctionnement de la Oura Ring, un objet connecté de santé utilisé pour améliorer la qualité du sommeil.
J’en ai réalisé une étude approfondie que je vous recommande pour aller plus loin :
Mais aujourd’hui, j’aimerais aborder le sujet sous un autre angle.
Opportunités business
Ce que je voudrais vous aider à comprendre, c’est que tout cet écosystème préventif qui peut se construire autour d’une Oura Ring, d’une montre connectée ou d’autres IoT de santé représente peut-être la plus grande opportunité dans l’économie de la longévité.
6 opportunités
L’opportunité de penser le sujet comme un moyen de rendre plus agréables les 15 années de vie gagnées grâce à l’augmentation de l’espérance de vie.
L’opportunité d’aider les personnes désirant améliorer leur santé et prolonger une existence en bonne santé.
L’opportunité de toucher des consommateurs volontaristes.
L’opportunité d’avoir un impact.
L’opportunité de vendre un service à des consommateurs qui y voient un intérêt suffisant.
Et donc, l’opportunité de sortir d’un schéma de pensée délétère où le payeur est nécessairement un tiers (Etat, assureurs, proches) parce que votre bénéficiaire n’accorde pas assez de valeur à votre offre pour vouloir la financer lui-même.
Le point névralgique
Bien sûr, d’autres produits et services seront toujours nécessaires pour répondre à l’ensemble des besoins identifiés dans la Silver économie, mais nous touchons là à un sujet considéré comme central et stratégique par : les pouvoirs publics français et européens ainsi que les investisseurs privés.
Selon ma veille et les échanges que j’ai pu avoir avec plusieurs acteurs publics, entrepreneurs, innovateurs et investisseurs, la question de la longévité en bonne santé semble être LA question centrale de notre écosystème. Et le nœud autour duquel se construiront les changements de paradigme.
Changements dont nous pouvons être acteurs ou spectateurs, selon que nous prenons les choses en main ou que nous décidons de laisser le lead aux GAFAM et BATX.
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L’offre globale
Si vous développez des systèmes de monitoring (hardware ou software), ou des produits et services qui contribuent à une meilleure santé, vous devez penser votre croissance dans une stratégie intégrée.
J’ai réalisé une cartographie qui vous aidera à identifier les parties prenantes et les externalités positives de cette chaîne de valeurs. La voici :
Bien entendu, la liste des produits et services amont et des destinataires aval n’est pas exhaustive. Mais cela vous donne une idée de ce qui pourrait être fait. Et de ce qui pourrait évoluer dans l’offre de services actuelle en Silver économie.
Si vous proposez des services de téléassistance et que vous envisagez d'attirer une clientèle plus jeune, il pourrait être judicieux d'intégrer ce parcours à votre offre.
Cette logique de système global dégage des externalités positives évidentes pour vos clients, mais son bénéfice ne s’arrête pas à votre service, ni à sa mesure par vos clients.
Les 3 bénéfices indirects
Les ambassadeurs
Il permet d’élargir l’audience de votre package grâce à une stratégie de recommandation.
En embarquant vos clients dans une nouvelle dimension de la santé préventive, vous pouvez leur donner envie de partager cette expérience bienfaisante avec leurs parents âgés qu’ils sauront convaincre de se protéger aussi.
Les docteurs
Vous pouvez aussi leur sauver la vie si vos données sont partagées avec son médecin ou avec l’urgentiste qui reçoit la personne ayant fait un malaise et peut, grâce à ses données, poser un diagnostic plus complet en un temps plus court.
Et contribuer à l’amélioration du système de santé si elles basculent dans un entrepôt national ou international comme le “health data hub”.
Les assureurs
À force de persévérance on pourrait réussir à persuader les assureurs que ce dispositif qui contribue vraiment à améliorer la santé grâce à la prévention puisse être pris en charge par les complémentaires santé. C’est déjà le cas en Chine où le système HInounou développé par l’entrepreneur Franco-Coréen Charles Bark est pris en charge par Pingan, l’un des plus grands assureurs de l’Empire du Milieu.
Mais il y a deux autres acteurs majeurs qui accordent un intérêt appuyé à ces dispositifs, c’est l’Europe d’une part et les fonds d’investissement de l’autre.
Un sujet qui intéresse - beaucoup - l’Europe
La santé préventive et la santé digitale sont des chantiers majeurs et stratégiques au niveau européen.
L’OMS en a fait l’un de ses chevaux de bataille dans le cadre de sa stratégie mondiale pour la santé numérique.
L’Union Européenne consacre des fonds importants aux recherches en santé préventive, dans le cadre des appels à projet Horizon : exemple avec un récent appel à projet doté à 50 M€ et intitulé
Prévention personnalisée des maladies non transmissibles - répondant à des domaines de besoins non satisfaits en utilisant plusieurs sources de données…
Si je me réfère à la définition de l’OMS dans le document susmentionné, la santé digitale repose sur :
Des technologies de programmation : IA, blockchain
De systèmes de stockage : Big data, Health data hubs
Des données variées
Des IoT
L’interopérabilité de l’ensemble
Par conséquent, tout projet qui s’intègre dans ce tableau d’ensemble pourrait profiter des largesses Européennes, de la bienveillance de la technostructure et d’une législation favorable. En théorie bien sûr. Car en pratique nous sommes à l’orée d’un nouveau paradigme, mais les barrières à abattre restent solides.
Les fonds d’investissement qui s’intéressent à la longévité s’intéressent à la prévention
La semaine prochaine (le 11 mars), j’ai été invité par Eurasanté à animer l’une des conférences internationales qui se dérouleront pendant le forum Ageingfit. Les organisateurs m’ont confié la modération d’une table ronde consacrée à l’investissement. Mes invités sont quatre VC dont le fonds investit dans la Silver économie.
Voici le programme annoncé par Ageingfit pour cette conférence :
L'un des catalyseurs essentiels du progrès est l'accès à l'investissement en capital qui peut soutenir le développement et la mise à l'échelle d'idées révolutionnaires. La Silver économie est un écosystème complexe et être conscient des possibilités est essentiel, qu'il s'agisse d'investissement privé par le biais de capital-risqueurs, d'investissement d'impact, d'investissement public grâce au soutien gouvernemental ou aux programmes de financement.
Notre panel d'experts explorera le paysage évolutif du financement des innovations pour un vieillissement sain et fournira des éclairages sur la recherche des ressources nécessaires pour porter ce secteur crucial à de nouveaux sommets.
Quels sont les obstacles à l'obtention de financements dans l'industrie ?
Quelles sont les sources de financement alternatives et émergentes ?
La collaboration dans le financement et la synergie entre les sources sont-elles une solution ?
Quels sont les critères et les attentes des investisseurs lors de l'évaluation des innovations pour un vieillissement sain ?
Et mes intervenants :
Jordi Ferrer, Directeur des investissements, Ship2B Ventures 🇪🇸
James Mayer, Associé, CABHI Ventures 🇨🇦
Soyoung Park, Associée, VU Venture Partners 🇺🇸
Dani Bach, Associé, +ND Capital 🇨🇭
Ce qui les intéresse
J’ai préparé la table ronde avec trois d’entre eux et voici leurs thèses d’investissement :
Dany Bach est un investisseur en capital-risque basé à Lausanne, en Suisse, avec un focus sur l'Europe et les États-Unis dans les phases précoces de financement. Son investissement moyen est de 10 millions de dollars pour un total d'1 milliard de dollars investis. Il a récemment lancé un nouveau fonds dédié aux investissements dans le secteur de la santé, en particulier dans les biotechnologies classiques.
Dany Bach s'intéresse aux marchés biotechnologiques liés au vieillissement, aux maladies chroniques, et à la baisse de la recherche et développement dans les entreprises pharmaceutiques.
Il est convaincu de la nécessité de se concentrer sur la prévention, notamment à travers la médecine préventive, les suppléments alimentaires, et une meilleure surveillance des consommateurs plutôt que des patients uniquement.
Soyoung Park gère un fonds basé à San Francisco et à Hong Kong, de nature généraliste et agnostique avec un intérêt particulier pour le secteur de la santé. Elle est particulièrement influencée par les concepts de prévention quasi futuristes, s'intéressant à la manière dont la biotechnologie peut contribuer à une vie saine.
Avec une expérience dans le secteur des dispositifs médicaux et un pivot vers les biotechnologies, Soyoung Park observe une tendance parmi les baby-boomers désireux de maintenir une vie active et saine, distincte de celle de leurs parents. Elle est intéressée par le développement de nouvelles technologies, les tendances futures en matière d'investissement, et les traitements innovants.
Jordi Ferrer, directeur des investissements à Barcelone, est un investisseur axé sur l'impact dans les secteurs de la santé et de la qualité de vie. Il adopte une approche technologique agnostique, cherchant à investir dans diverses technologies, y compris les technologies assistives et les biotechnologies.
Jordi Ferrer porte une attention particulière à l'aspect holistique de la santé, allant au-delà de la santé physique pour inclure le bien-être psychologique et social. Il s'intéresse aux solutions améliorant la durée de vie en bonne santé, soulignant les disparités dans les conditions de santé liées à la géographie, au genre, et à l'économie.
Il est également concerné par les sources de financement innovantes et la manière dont les fonds peuvent être levés dans le secteur des capital-risqueurs typiques.
Thèmes récurrents et angles d'approche pour la table ronde
Les discussions entre les participants ont mis en lumière plusieurs thèmes récurrents qui seront explorés durant notre table ronde :
Prévention et Médecine Préventive : L'importance de la prévention dans le secteur de la santé, notamment à travers la médecine préventive, les suppléments alimentaires, et la surveillance améliorée des consommateurs.
Technologies Innovantes et Biotechnologies : L'exploration des nouvelles technologies et biotechnologies pour maintenir une vie saine, en mettant l'accent sur le développement de solutions technologiques pour les seniors.
Investissement dans la Silver Économie : Les tendances actuelles et futures en matière d'investissement dans la Silver Économie, avec une attention particulière aux différences entre l'Europe et les États-Unis, les défis de la régulation, et les opportunités de financement.
Qualité de Vie et Solutions Holistiques : La recherche de solutions améliorant la qualité de vie des personnes âgées, en adoptant une approche holistique qui inclut la santé physique, psychologique, et sociale.
Disparités et Accessibilité des Soins : Les disparités dans l'accès aux soins de santé en fonction de la géographie, du genre, et de l'économie, et comment aborder ces enjeux à travers des solutions innovantes et inclusives.
La conférence promet d’être passionnante, que vous soyez entrepreneur cherchant à lever des fonds ou en réflexion sur les prochains projets à fort potentiel dans le champ de la longévité.
Si vous souhaitez assister à cet événement, rendez-vous lundi 11 mars, à Lille, à 9h30.
Conclusion : L’alignement des astres
Si je vous dis que la technologie qui répond aux attentes des consommateurs en matière de prévention est mûre.
Si je vous explique qu’une part significative de la population désire être en meilleure santé et pilote déjà sa santé à travers des apps.
Si j’appuie cet argument avec des données chiffrées sur les millions d’utilisateurs de montres connectées, les adeptes de la Oura Ring et du quantified self.
Si je vous montre que c’est un sujet de préoccupation stratégique pour l’Europe, l’OMS et les Etats.
Si je vous présente les témoignages d’investisseurs qui veulent aussi investir dans ce secteur.
Est-ce que je vous convaincs qu’il y a là un sujet d’intérêt pour les entrepreneurs de la Silver économie ?
Et, subsidiairement, est-ce que le sujet et la façon dont je l’ai traité vous ont plu ?
Arrivederci 👋🏼
Et c’est fini, les amis de Longévité !
Merci d'avoir lu ce dossier !
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Je pense bien à vous jusqu’à notre prochain rendez-vous.
- Alexandre 🤘🏼
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