Silver economy vs Longevity economy : Quelle différence ?
Apprenez comment reconnaître la catégorie d'un projet selon sa nature, sa destination et ses financements.
Je suis heureux de vous retrouver ce matin pour vous parler d’un sujet qui me tient à cœur. Délimiter la Silver économie et la Longevity economy. Cela me semble important de vous expliquer les différences d’approches. Cela vous aidera peut-être à briller dans les dîners mondains, mais surtout à identifier les marchés, les investisseurs, les partenaires et les perspectives de ces deux concepts connexes.
Au commencement
Pendant des années, la Longevity Economy a été un sujet de niche qui n’intéressait que quelques milliardaires rêvant d’immortalité et une poignée de biologistes. Mais les choses sont en train de changer, car les approches médicales qui sous-tendent la Longevity Economy intéressent un nombre croissant de médecins, de chercheurs, d’investisseurs, de décideurs politiques.
Dans un monde vieillissant, il devient évident que l’adaptation de la société passe par une prise en compte préventive ainsi que par des traitements, des protocoles qui agissent à la source et le plus tôt possible. C’est pourquoi, aujourd’hui,
Le sujet fait l’objet d’un projet de recherche européen doté d’une enveloppe de 50 millions d’euros.
La SFGG parle de géroscience, un mot associé au transhumanisme qui a longtemps été banni du langage médical
L’IHU lancé cette semaine à Toulouse se positionne ouvertement en faveur de la géroscience.
Comme le sujet devient important, c’est le bon moment pour s’y positionner. Vous savez : identifier un besoin, développer une offre, trouver des clients, etc.
C’est pourquoi je vous apporte quelques fondamentaux qui vous aideront à situer le sujet, la problématique et le marché. Et aujourd’hui, j’aborde le sujet en faisant une analogie avec un autre écosystème, dont il est souvent question ici, celui de la Silver économie.
De quoi on va parler ici
Initialement, j’avais envisagé de poursuivre une réflexion entamée dimanche dernier à propos des tendances du marché de la longévité pris sous l’angle du bien-être.
Je comptais décortiquer les tendances Longévité et Bien être identifiées par le livre blanc “Wellness Trends 2024” dont j’ai commencé l’analyse la semaine dernière avec vous. Mais j’ai un peu changé de braquet. D’abord parce que j’ai réalisé que le topo détaillé de dimanche dernier est suffisant et qu’il suffirait d’y ajouter quelques exemples pour compléter le tour d’horizon. J’ai donc ajouté quelques éléments en annexe, mais je ne pense pas qu’il soit utile d’approfondir1.
Ensuite parce que je me suis dit qu’il serait intéressant de comparer les écosystèmes Silver et Longevity, car malgré les connexions, il y a de grosses différences d’approches.
Voici comment je vais faire
Je compare les fondements respectifs de la Silver Eco et de la Longevity Eco,
Je vous explique pourquoi la Silver éco est et restera très dépendante de l’argent public.
Je vous présente un projet médical autour de la longévité, porté par un cardiologue américain qui cherche à développer une pratique médicale orientée longévité (cette dernière partie est réservée aux abonnés Premium).
Mais avant d’attaquer dans le dur, je vous présente l’annonce de notre sponsor, Digital Baby Boomer.
Avez-vous pensé aux campagnes email pour collecter des leads ?
Digital Baby Boomer déploie pour ses clients depuis bientôt 8 ans des campagnes d'acquisition en e-mailing dédié.
Grâce à son réseau de plus de 400 bases de données partenaires, Digital Baby Boomer peut toucher 12 millions d'adresses email + 55 ans.
Rappel d'un basique : la silver économie est un univers de leads. RSS, audioprothèses, monte escaliers, voyages sur mesure, prévoyance... Nous sommes sur des achats avec des cycles de ventes longs.
L'email est justement un levier approprié pour collecter des leads de qualité. L'internaute reçoit l’email, lit l'objet, ouvre l'email, le lit, clique dessus puis est redirigée vers une landing page.
Ces différentes étapes témoignent de l’engagement du destinataire.
En outre, l'email (envoyer des e-mails, en recevoir) est la raison première des boomers d'aller sur internet.
Nous venons d'écrire un article sur les avantages de ce levier !
Quelle cible choisir ?
De quels volumes dispose Digital Baby Boomer selon la géolocalisation, l'appétence... ?
Quelles performances attendre ?
Comment s'assurer du respect du RGPD ?
Nous répondons à ces questions !
À quoi s’intéresse la Silver économie
La Silver économie cherche à adapter la société au vieillissement des personnes plutôt que d’inciter les personnes à adapter leurs comportements à une existence plus longue.
Aujourd’hui, on peut considérer que la Silver économie s’intéresse aux personnes âgées dépendantes. Parce que les septua, octo, nonagénaires d’aujourd’hui n’ont pas été préventifs sur ce sujet.
Comme l’a écrit Serge Guérin dans l’un de ses bons livres, ils ne savaient pas qu’ils vivraient si vieux. Ils n’ont pas vu l’espérance de vie augmenter. Pour trois raisons :
Parce que leurs aïeux n’ont pas eu une vie aussi longue qu’eux.
Parce que la prise en considération de ces questions est assez récente.
Et parce que, sorti de notre microcosme, les gens n’y pensent pas avant d’y être confrontés.
Et donc, qu’il s’agisse de produits financiers, de technologies, de soins ou de logement, nous vendons des solutions pour des personnes qui subissent leur âge et ses effets négatifs : une santé qui se dégrade, des réseaux sociaux qui se délitent, la solitude qui s’installe, l’ennui, la remise en question, le doute sur la raison d’être, l’attente de la mort.
Des solutions palliatives.
Nécessaires, bien sûr.
Mais palliatives.
Pour le dire autrement…
La Silver économie, c’est un socle
C’est un minimum vital que toute société doit pouvoir offrir à ses citoyens fragiles, afin de corriger l’écart.
Ce que j’entends par corriger l’écart c’est : garantir l’égalité citoyenne entre tous, afin que ni les handicaps, ni les limitations fonctionnelles, ni les troubles psychiques ne mettent un citoyen sur la touche. Une organisation sociétale (Etat, Union d’Etats, territoire) doit offrir à ses habitants des conditions de vie qui n’ostracisent personne en raison de ses écarts à la norme.
Concernant l’adaptation au vieillissement, c’est le rôle de la Silver économie.
Même si ce terme vous déplaît, même si vous pensez qu’il n’englobe qu’une partie du sujet, c’est comme cela que j’ai décidé de l’appeler pour simplifier la compréhension de tous.
Cependant, une fois que ce socle est posé, les citoyens qui veulent faire plus, aller au-delà, anticiper ou prévenir doivent pouvoir le faire.
Car la vieillesse, cela n’arrive pas à 50 ans.
La vieillesse commence avec la vie. Dès votre deuxième jour d’existence, vous êtes plus vieux de 24 heures. Et le reste de l’existence vous conduit inexorablement à son aboutissement. Qui n’est pas nécessairement son apogée, mais n’a pas non plus besoin d’être son déclin.
Pour répondre à cette aspiration de bien être, de prévention, d’une vie plus adaptée à une espérance de vie élevée, il y a “La Longevité” et pour faire pendant à la Silver économie, on va l’appeler la Longevity Economy.
La Longevity Economy
C’est donc l’offre qui se développe pour répondre aux aspirations de citoyens de tous âges qui souhaitent optimiser leur existence, pour que son aboutissement ne soit pas un déclin, mais une continuité.
Le domaine est encore jeune (sic), mais des tendances se dessinent déjà dans l’offre de services et de produits actuels et futurs.
Certes, prédire l'avenir de la longévité humaine avec un degré de certitude est pratiquement impossible. Cependant, il est raisonnable de souligner certaines tendances qui ont émergé dans les applications pratiques de la recherche sur la longévité humaine ces dernières années. Ces tendances qui continueront à évoluer au cours des cinq prochaines années sont celles que je vous ai présentées la semaine dernière.
Selon les auteurs du Global Wellness Trends Report 2024, ces percées formeront la base du développement international de cliniques de longévité, ou centres, qui utiliseront ces découvertes pour prolonger la longévité humaine saine et hautement fonctionnelle bien au-delà de la "Limite de Hayflick" de 120 ans.
Néanmoins, il est certain que nous serons inondés d'espoir et de battage publicitaire, si bien que, dans les prochaines années, distinguer les sources de confiance des sources douteuses sera comme chercher un cycliste non dopé dans le peloton du Tour de France.
En outre, pour l’heure, la Longevity Economy s’adresse aux citoyens aisés des pays riches.
Tandis que la Silver économie est un socle citoyen, la longevity economy est une option premium.
Ainsi:
La crème “quantique” anti-âge de Guerlain est vendue 13 000 € le litre (lire mon analyse du 11 février 2024)
L’accès au Saint Heaven de Melbourne, une clinique de longévité “normale” coûte 6 000 € / an.
Une cure de sénolytiques coûte plusieurs centaines d’euros par mois (et comme les vitamines, il faut en prendre tous les jours, toute la vie)
C’est pourquoi, malgré ses promesses et son intérêt évident, la longevity economy n’intéresse aujourd’hui qu’une poignée de personnes, tant parmi les consommateurs, que parmi les vendeurs de solutions.
Cependant, il me semble utile et pertinent de veiller sur ce domaine, car il porte en lui des promesses que la Silver économie n’est pas capable de faire.
Notamment, sur le plan économique.
Parce que, à mon avis, le plus gros écart entre les deux, c’est que la Silver économie est condamnée à dépendre de l’argent public tandis que la Longevity Economy est condamnée à devoir s’en passer.
Pourquoi la Silver économie française dépend-elle autant de l’argent public ?
Pour 3 raisons
#1 Parce que c’est une déclinaison de la protection sociale
Dans un pays qui a construit son modèle social autour d’un système de protection sociale qui prend en charge les écarts à la norme, il est bien difficile d’admettre que l’écart provoqué par le vieillissement ne soit pas pris en charge par la protection sociale alors que son effet principal est une dégradation de la santé… Et que la santé est prise en charge par la Sécu.
#2 Parce que c’est de là qu’elle vient
La Silver économie a été inventée par le gouvernement français en 2013. Même si des acteurs privés ont “chuchoté l’idée à l’oreille de la Ministre”, c’est elle qui en a porté l’idée. Elle qui l’a fait valider. Elle qui a pris la filière sous son aile.
Difficile d’imaginer qu’un écosystème aussi imbriqué avec l’Etat ne puisse bénéficier de sa manne financière, de son réseau, de son soutien. C’est d’ailleurs ce qu’en attendent les acteurs engagés dans la filière.
Les acteurs de la technostructure sont aujourd’hui le poumon de la Silver économie !
Ce qui n’a rien d’étonnant d’ailleurs…
#3 Parce que c’est aussi ce que veut la technostructure
Il n’y a pas que l’Etat qui façonne la Silver économie. Les Groupes de Protection sociale y jouent aussi un rôle capital.
Cette technostructure a besoin d’un certain contrôle sur l’écosystème. Cela arrange ces organismes que la filière soit “leur chose” et que les entreprisses et les associations dépendent d’eux pour se développer.
Regardez qui prend les plus gros stands dans les salons.
Regardez qui sponsorise tous les événements.
Regardez qui finance les clusters, les concours, les accélérateurs.
Écoutez les entrepreneurs qui recherchent des partenaires : les premiers noms sont toujours des acteurs publics, des mutuelles, des GPS.
Ils ont créé le marché
Si aujourd’hui vous attachez tant d’importance à signer un partenariat avec AG2R, Vyv, l’Assurance Retraite ou la CNSA, c’est parce que ces organismes ont créé le besoin. Ils se sont imposés comme des intermédiaires indispensables, en agitant leurs millions d’adhérents, leur réseau national, leur impact majeur sur la destinée de leurs bénéficiaires.
Or, je pense qu’ils ont plus besoin de vous que vous n’avez besoin d’eux. D’une part, parce que leur emprise sur leurs bénéficiaires est bien plus faible que la vôtre sur vos clients. D’autre part, parce qu’ils se sont construits sur des prélèvements obligatoires tandis que vous vous êtes construits sur le développement et l’optimisation d’une offre qui répond à un besoin réel et que vous testez avec acharnement auprès de votre marché.
Donc, même s’ils s’en plaignent parfois - victimes de leur succès - ces organismes ont plus besoin de vous que vous d’eux.
Et c’est pour cela qu’ils sont attachés à la permanence d’un système comme la Filière Silver économie.
Pourquoi la Longevity Economy ne dépend pas de l’argent public
Parce qu’elle constitue, pour l’heure, une sorte de médecine parallèle, qui n’est comprise que d’une poignée de chercheurs et d’un nombre de praticiens encore plus faible. Et parce que les clients précurseurs qui consomment les produits et services n’ont pas besoin de se faire financer par la Sécu !
Et donc, les modèles économiques de prise en charge de cette offre par les pouvoirs publics ne sont pas près de voir le jour.
Cependant, les choses sont en train de changer, car le monde médical s’approprie petit à petit ce domaine, comme l’atteste la création de Longevity Docs, un réseau de médecins spécialisés dans la longévité.
Zoom sur cette initiative.
Le fondateur de Longevity Docs souhaite construire un réseau mondial de médecins spécialisés dans la longévité pour démocratiser la médecine basée sur la longévité.
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