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Être aidant patrimonial : entre défi et défiance
Fiction | Aidant patrimonial | Tutelle | Mandat de protection future | Adapter sa com à son audience
Le 3 juillet dernier, il m’est arrivé une mésaventure dont je me serais bien passé.
J’ai perdu ma grand-mère.
Mais ce n’est pas tout. Je me suis également fâché avec une bonne partie de ma famille à cause du partage de l’héritage. Jusque-là, rien d’extraordinaire puisque les successions sont le pire moment de la vie d’une famille.
Entre le fils préféré qui pensait hériter de la villa sur la Côte d’Azur et se retrouve avec un perroquet empaillé, le couple de cousins éloignés qui a assisté le défunt jusqu’au bout en lui soutirant au passage le contenu de son livret A et une promesse d’hériter de la moitié de ses biens, l’oncle d’Amérique qui réclame la part du lion et ceux qui n’ont rien demandé mais sont tout de même pris dans la tourmente… Les successions sont un sale moment à passer.
Et croyez-moi, c’est encore pire lorsque vous êtes, comme moi, l'aidant patrimonial du défunt.
J’ai été l’aidant patrimonial de ma grand-mère pendant dix ans et cela n’a pas été une sinécure.
C’est quoi un aidant patrimonial ?
Je n’ai pas inventé le terme, je ne le connaissais pas jusqu’à récemment. C’est en lisant un article consacré au sujet que j’ai pu mettre un nom sur une situation que j’ai vécue pendant plusieurs années, en soutien de ma chère Nanny Paulette.
Un aidant patrimonial, c’est un proche ou un parent qui
gère les finances et les papiers d'une personne âgée.
Cela s’est passé très naturellement
J’ai toujours été proche de ma grand-mère et il se trouve qu’elle habite à quelques pâtés de maisons. Je lui rendais visite tous les mardis et les jeudis et je l’aidais comme je pouvais.
En lui faisant ses courses, en rangeant sa maison et en l’emmenant en promenade le week-end. Nanny Paulette était une dame très digne et autonome mais elle n’y voyait plus très clair et m’avait donc demandé de gérer ses papiers et ses comptes.
Concrètement, j’ouvrais son courrier, je le classais, j’envoyais ses feuilles de soins à la sécu et je faisais sa déclaration d’impôts en ligne depuis mon propre ordinateur, car Nanny n’avait pas internet.
Jusque-là, tout va bien
On n’avait pas signé un contrat devant le notaire ni obtenu une désignation officielle par le juge des tutelles. La famille était au courant et je pense que cela arrangeait tout le monde que je m’occupe du sujet à titre bénévole, sur mon temps libre.
Les choses n’ont jamais posé de problème jusqu’au jour où Nanny Paulette m’a demandé de m’occuper de la rédaction de son testament. Moi, j’aurais préféré qu’elle le fasse avec son notaire, mais je n’ai pas réussi à la convaincre. J’ai donc pris sur moi de rédiger ses dernières volontés, sans mesurer la portée symbolique d’une telle action.
À ma décharge, j’ai des relations très espacées avec mes deux sœurs, je n’ai pas revu mes cousins depuis ma première communion et Nanny ne possédait rien qui puisse susciter la convoitise d’un oncle d’Amérique. Juste une petite meulière au Vésinet, quelques milliers d’euros sur un livret A et un perroquet empaillé appelé Coco.
Le torchon brûle
Pourtant, la nature humaine est ainsi faite, dès qu’il y a quelque chose à partager, il y a toujours quelqu’un pour réclamer le morceau du héros. Et il y a toujours quelqu’un pour remettre en question le partage prévu, en accusant l’arbitre d’être un vendu.
En l'occurrence, ma famille, ma chère famille m’a accusé d’avoir cherché à récupérer la meilleure partie de l’héritage pour moi alors que cela ne m’était absolument pas venu à l’esprit. Je n’ai fait que reprendre les volontés de Nanny Paulette.
La bataille rangée n’a pas fait de victimes graves, mais j’ai beaucoup souffert des accusations qui ont été proférées à mon encontre et je me suis senti bien seul. J’ai donc été rasséréné en apprenant que je ne suis pas seul dans ma situation, que ce groupe auquel j’appartiens sans le savoir porte un nom : les aidants patrimoniaux.
De pauvres enfants qui voulaient aider et se retrouvent pris dans une tempête, des personnes qui aussi seules et aussi mal comprises que je l’ai été moi-même.
Cartographie des aidants patrimoniaux
Il y aurait actuellement en France près de deux millions d’aidants patrimoniaux. Ce sont majoritairement les fils des personnes aidées, ils sont souvent cadres, ont en moyenne entre cinquante et soixante-cinq ans et ils gèrent le patrimoine et les finances de leurs proches pendant cinq ans environ.
67% des aidants patrimoniaux déclarent avoir déjà rencontré au moins une difficulté dans l’exercice de leur rôle, notamment sur des questions de gestion financière et immobilière.
Parmi les actions qui sont les plus compliquées à gérer, les aidants identifient :
La gestion d’une succession en premier lieu (et je le confirme),
Suivie par la réalisation d’un inventaire du patrimoine (il s’agit d’une démarche annuelle que l’on fait dans le cadre de la déclaration d’impôts)
Et la fourniture d’un compte rendu annuel de gestion (ça, c’est une démarche qui est obligatoire pour les aidants patrimoniaux qui ont été désignés par le juge mais que je vous recommande de faire, histoire d’éviter que votre famille vous tombe dessus en vous accusant de détourner les fonds de votre parent).
Pour mieux accompagner leurs proches, les aidants patrimoniaux sont de plus en plus nombreux à demander un accompagnement.
12% recherchent un référent capable de les conseiller et de répondre à toutes leurs questions et 10% de l’aide et du soutien.
En moyenne, les aidants patrimoniaux s’appuient sur une seule personne pour être conseillés ou aidés.
Afin de continuer à toujours mieux assister leurs proches, les aidants souhaitent que leur rôle aux côtés des personnes vulnérables soit mieux connu et valorisé. En effet, ces aidants ne s’estiment pas reconnus par la société.
Attention, je vous parle là de personnes qui prennent en charge cette activité de façon officieuse.
Pour les 800 000 Français qu’un juge des tutelles a déclarés incapables, le patrimoine est géré par un tiers appelé mandataire judiciaire. La situation de ces professionnels est très difficile, mais sans commune mesure avec celle des aidants familiaux bénévoles.
Un mandataire judiciaire a reçu une désignation officielle de la part de la justice et si sa gestion peut être mise en cause par les familles, il reste un intervenant extérieur aux familles. Ce qui fait, vous pouvez me croire, une énorme différence en termes d’impact quand ça se passe mal.
Comment éviter de se retrouver dans une situation intenable ?
Vous l’aurez compris, j’ai laissé quelques plumes dans l’aventure alors que je m’y étais engagé de manière désintéressée.
Vous pouvez souhaiter vous aussi aider un parent âgé dans son quotidien et je vous recommande de le faire, car au-delà des difficultés que vous pourriez rencontrer, l’aide et le soutien que vous apporterez à votre parent lui permettront de rester autonome dans l’environnement qu’il apprécie et - bien sûr - d’avoir un contact bienveillant avec vous, en qui il a pleinement confiance.
Pour éviter que les choses dérapent, l’idéal est de bien les encadrer. Ce n’est pas toujours évident car il faut pour cela expliquer clairement la situation à votre parent âgé, charge pour lui de prendre des dispositions formelles.
L’idéal, c’est de demander à votre parent de rédiger un mandat de protection future. Ce document donne la possibilité d’organiser à l’avance, quand on en est encore capable, sa propre protection dans l’éventualité où l’on ne serait plus un jour en capacité de gérer seul ses affaires.
Le mandat en pratique
Il permet de choisir la ou les personnes que l’on souhaite voir exercer sa protection et l’étendue de cette protection.
Le mandat peut être fait sous seing privé, contresigné par votre avocat. Il peut également être fait avec votre notaire. Le but du mandat, c’est justement de prévoir qui fera quoi et selon quelles modalités, dans l’hypothèse où le signataire perdrait la capacité de le faire lui-même.
Le mandat n’est pas un bouclier qui vous protégera des éventuels coups bas de vos cousins, mais c’est quand même préférable de pouvoir formaliser les choses en amont et de communiquer largement ce document dans votre famille, histoire que les contestations sont formulées et prises en compte tant que votre parent peut les entendre et les traiter lui-même.
La seule limite du mandat pour protection future, c’est qu’il s’active lorsque le signataire est dans l’incapacité de décider seul. Or dans mon cas et celui de beaucoup d’autres aidants patrimoniaux, la personne aidée avait conservé son autonomie de jugement mais ne souhaitait plus gérer ses comptes elle-même.
Même sans mandat de protection future, alerter la famille en amont, officialiser la nature de votre intervention et rédiger chaque année votre compte rendu annuel de gestion peut vous éviter bien des tracas.
Ceci est une fiction
J’ai écrit cet article il y a deux ans afin de vulgariser les travaux de l’Observatoire Apicil sur le patrimoine des personnes dépendantes.
Je trouve ces travaux passionnants et bien documentés, mais la forme est abrupte et ne convient pas à tous les lecteurs.
Souhaitant sensibiliser le grand public, j’ai choisi un format ad hoc. Une histoire ludique, un peu rigolote (enfin, ça dépend pour qui, je n’ai pas un humour universel) qui apporte du fonds pour les familles concernées par le sujet.
Que cela vous serve de leçon
Quand j’étais enfant, je me suis passionné pour le livre de Raymond Queneau intitulé Exercices de Style. Dans cet ouvrage, l’auteur raconte 99 fois la même histoire de 99 façons différentes.
Vous devriez vous en inspirer quand vous décidez de communiquer avec vos parties prenantes.
Toutes n’ont pas les mêmes grilles de lecture. Vous avez donc intérêt à identifier votre audience et à la profiler. Le fonds a autant d’importance que la forme. Ne perdez pas votre temps avec un contenu qui n’atteint pas son objectif.
En l’espèce
En l’espèce, cet article fait partie d’une série inspirée des feuilletons télévisés où je présentais des sujets de Silver économie au grand public en utilisant une famille “modèle” : les parents, la belle-mère et les deux enfants.
Chacun prenait la parole à son tour, se répondait par article interposé et construisait une narration que le lecteur avait envie de suivre, plus pour l’histoire que pour l’apport pédagogique, qui constituait - pour le lecteur - un bonus et pour moi le message essentiel.
J’ai écrit une douzaine d’histoires interconnectée, où chaque protagoniste avait sa propre tonalité et où je mêlais vérités, informations et fiction teintée de cynisme.
Celui-ci fait partie de mes préférés et j’aime beaucoup celui-là :
À propos de robots dans la Silver économie
Je vous partage cet article sur les robots pour annoncer mon prochain dossier du mercredi qui leur est consacré.
Le sujet est au cœur de l’actualité avec la récente annonce par le gouvernement de créer un fonds de 800 millions d’euros pour développer le secteur en France.
Le gouvernement espère que les robots remédient aux carences humaines dans l’industrie, l’agriculture et… Les services à la personne.
Dans mon dossier Premium du mercredi 23 août :
Vous comprendrez les tenants et aboutissants du sujet.
Vous identifierez les opportunités business
Vous découvrirez qui sont les acteurs actuels de la robotique en Silver économie, ce qu’ils vendent et à qui ils le vendent (ou voudraient le vendre)
Rendez-vous le mercredi 9 août à 8 heures pétantes pour découvrir ce petit bijou inédit.