Alternatives Ă l'EHPAD : Panorama et analyse đ€
Parcours résidentiel | Habitat Alternatif | Ehpad à domicile | Prise en charge par les SAAD | Béguinage | Interviews : Frank Nataf et Tristan Robet
Comment se fait-il que lâEhpad soit devenu le lieu inĂ©vitable de la fin de vie ?
Pas dans la réalité, mais dans la fiction du vieillissement ?
Réalité
JâĂ©cris, pas dans la rĂ©alitĂ©, car les 700 000 rĂ©sidents en Ehpad reprĂ©sentent moins de 10% des 9 millions de citoyens ĂągĂ©s de plus de 75 ans que compte notre pays en 2023.
Et donc, les 90% de citoyens ùgés qui veulent vieillir chez eux vieillissent effectivement chez eux.
Mais cela ne veut pas dire que ces citoyens vivent tous dans un habitat adapté à :
Leurs limitations fonctionnelles,
Leurs troubles cognitifs,
Leurs aspirations.
Câest pourquoi, mĂȘme si les citoyens qui dĂ©sirent vieillir chez eux le peuvent, nous devons poursuivre le travail dâadaptation de la sociĂ©tĂ© au vieillissement.
Fiction
Et câest pourquoi, mĂȘme si dans la rĂ©alitĂ©, une Ă©crasante majoritĂ© de personnes ĂągĂ©es vieillissent chez elles, dans la perception collective de la vieillesse, câest en Ehpad que meurent les vieux. Et comme nous serons tous vieux un jour, câest en Ehpad que nous finirons tous nos jours.
Cela me rappelle ma vidĂ©o publiĂ©e lâannĂ©e derniĂšre sur Tik Tok oĂč je rappelais que ni Jacques Chirac, ni Johnny, ni Belmondo nâĂ©taient morts Ă lâEhpad.
Des centaines de commentaires soulignaient lâĂ©cart : ces personnalitĂ©s ne sont pas mortes Ă lâEhpad parce quâelles avaient les moyens de se payer une assistance Ă domicile inaccessible Ă la plupart des citoyens.
Les commentateurs considĂ©raient lâEhpad comme un mal nĂ©cessaire vu quâon ne peut pas faire autrement que dây finir sa vie.
Retrouvez la vidéo et son analyse dans cet article
Passer de la fiction à la réalité
La vidĂ©o Tik Tok servait dâintroduction Ă une sĂ©rie consacrĂ©e Ă lâhabitat alternatif, en prĂ©sentant les diffĂ©rentes alternatives. Je crĂ©ais donc une sorte de choc avec cette intro sur Chirac avant dâĂ©numĂ©rer toutes les possibilitĂ©s qui sâoffrent aux personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes souhaitant rester âchez ellesâ, mais ne pouvant pas rester dans leur vrai âchez ellesâ et devant donc aller vivre dans un âchez soiâ plus adaptĂ©, mais qui nâest pas lâEhpad.
Un habitat alternatif.
Et ces habitats alternatifs, ils vont devenir de plus en plus nĂ©cessaires si lâon en croit lâĂ©tude Xerfi consacrĂ©e aux mĂ©tiers du Grand Age Ă horizon 2040.
En effet, lâĂ©tude prĂ©voit une contraction de la durĂ©e moyenne de sĂ©jour en Ehpad qui passerait de 2 ans 1/2 Ă 6 mois dâici Ă 2040.
Le principal bouleversement à venir sera un énorme boom démographique qui fera bondir le nombre de personnes dépendantes.
ParallĂšlement, nous assisterons Ă une Ă©volution des attentes des personnes ĂągĂ©es, avec l'Ă©mergence d'une gĂ©nĂ©ration qui subit moins sa dĂ©pendance, qui souhaite avoir le choix entre ses modes de prise en charge et ne souhaite pas forcĂ©ment ĂȘtre placĂ©e en maison de retraite.
En face, l'offre évolue lentement et ne semble pas capable de faire face au boom démographique et à cette évolution des attentes.
D'un point de vue quantitatif, si on devait faire face au boom démographique en plaçant autant de personnes ùgées dépendantes dans les EHPAD demain qu'il y en a aujourd'hui, il faudrait construire énormément de nouvelles structures.
Pour autant, les autorités ne semblent pas vraiment vouloir choisir cette voie. Les autorisations de création sont faibles depuis quelques années.
Ces constats nous ont conduits à créer des projections sur la structure de l'offre d'hébergement pour personnes ùgées à trÚs long terme en fonction de ses caractéristiques actuelles.
Cathy Alegria - Directrice éditoriale du rapport Xerfi : Les métiers du grand ùge à horizon 2040.
SchĂ©ma dâĂ©volution du parcours rĂ©sidentiel, selon Xerfi
Selon Madame Alegria, si les EHPAD avaient incontestablement un rĂŽle Ă jouer pour faire face au vieillissement « massif » de la population française, en dĂ©pit de la crise rĂ©putationnelle quâils traversent actuellement, ils seront probablement amenĂ©s Ă se concentrer sur lâaccueil des seniors les plus dĂ©pendants.
Ce nâest pas le cas aujourdâhui puisque 8% des rĂ©sidents actuels en EHPAD relĂšvent des GIR 5 et 6.
Si les EHPAD parviennent à se recentrer sur la grande dépendance, au moins 50 000 des 600 000 lits que compte le parc actuellement seraient libérés.
Les EHPAD ont aussi vocation Ă devenir en parallĂšle, au moins pour partie, des plateformes de ressources au service du domicile.
Et donc, les alternatives Ă lâEhpad seraient le domicile et ces fameux habitats alternatifs que je tarde Ă dĂ©finir pour mĂ©nager un suspens dâopĂ©rette.
Commençons, si vous le voulez bien par envisager lâhypothĂšse la plus courante : le domicile privĂ©. Dans cette hypothĂšse, qui est donc la situation la plus frĂ©quente aujourdâhui, les gens restent chez eux.
Jâai demandĂ© Ă Frank Nataf son avis sur la question.
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