EHPAD : Un résident sur dix a moins de 75 ans !!
La DREESS publie une étude sur les jeunes seniors en EHPAD, j'en fais une analyse détaillée.
Cela fait des années que les professionnels de l’EHPAD évoquent, quand je les rencontre, le problème de mixité générationnelle dans leurs établissements.
Non, je ne vous parle pas du gag de la crèche en EHPAD.
Je vous parle du placement - il n’y a pas d’autres mots - de publics qui son beaucoup plus jeunes que le résident moyen et qui arrivent en EHPAD car il n’existe - visiblement - pas d’alternative pour eux.
Dans le lot, on trouve :
Des adultes handicapés qui ont dépassé l’âge limite auquel ils peuvent être accueillis dans les institutions pour adultes handicapés.
Des adultes handicapés qui étaient pris en charge par leurs parents jusqu’au décès de ces derniers.
Des malades mentaux qui ont été éjectés de l’hôpital psychiatrique à la suite d’une réduction des capacités d’accueil.
Des personnes souffrant de troubles divers, qui les rendent inaptes à vivre en autonomie, mais pour lesquels on n’a pas trouvé un lieu de vie adapté.
En bref, ce sont des citoyens qui ont un problème et pour qui il n’existe pas une solution ad hoc, alors l’ARS se dit qu’ils pourraient aller en EHPAD, vu que… Je ne sais pas comment raisonne un fonctionnaire de l’ARS, mais il semble que cette administration force sérieusement la main aux EHPAD pour accueillir des gens qui n’ont rien à y faire.
Qu’ils n’aient rien à y faire ne représente qu’une partie du problème
L’autre partie du problème, c’est leur cohabitation avec les résidents. La troisième partie du problème, c’est l’inaptitude du personnel d’EHPAD à les prendre en charge.
Et, par là, je n’entends pas blâmer ledit personnel car ce n’est pas de sa faute si une administration hors sol lui impose des personnes souffrant de maladies qui n’entrent pas dans le champ de la vieillesse et pour la prise en charge desquels les soignants en géronto ne sont pas formés.
Par exemple, un rond-de-cuir s’est dit que les gens qui ont des troubles neurologiques de toutes natures pourraient aller dans les unités protégées où sont accueillies les personnes âgées souffrant elles aussi de troubles neurologiques.
Sauf que… On ne s’occupe pas, mais alors pas du tout de la même façon d’une personne souffrant d’Alzheimer, d’un schizophrène1 et d’un épileptique pharmaco-résistant.2
Et les trois n’ont absolument aucune raison de cohabiter.
À moins que…
À moins que l’on considère l’EHPAD comme ce qu’il était avant… L’hospice.
L’hospice qui n’était ni un lieu de soin où l’on vit, ni un lieu de vie où l’on soigne, mais un lieu de relégation où l’on végète en attendant la mort.
Si tant de citoyens d’aujourd’hui ont peur de l’EHPAD, c’est parce qu’ils sont hantés par les images de l’hospice. Un hospice dont la disparition n’est pas si lointaine (les années 1960, en gros) et dont la particularité était d’accueillir sans distinction les personnes âgées “séniles” et les handicapés “de naissance… En bref, tous les publics que les familles n’avaient pas les moyens de gérer à domicile.
Je suis volontairement un peu dur dans cette intro, car le sujet doit être abordé durement afin d’en faire ressortir l’incroyable, la révoltante injustice.
Injustice ?
Pourquoi une injustice ?
Parce que, tous ces gens qu’on envoie à l’EHPAD faute de mieux, ils ont un point commun. Aucun ne l’a choisie, cette situation.
Essayez de vous imaginer un peu ce que représente pour une personne âgée de 60 ans, qui a devant elle deux décennies et demie d’espérance de vie, qui a jusque-là habité chez ses parents ou dans une institution ouverte sur l’extérieur, de se retrouver relégué dans un EHPAD avec des résidents polypathologiques âgés de 85 ans et plus.
Vous voyez le tableau ?
Parce que, selon une étude de la DREES3 dont je vous propose de faire l’analyse aujourd’hui, 77% des personnes résidentes d’EHPAD et âgées de moins de 75 ans sont sous tutelle ou curatelle. C’est donc bien quelqu’un qui a décidé pour elles de ce placement en EHPAD, non ?
Et quant aux 23% restant, on sait à peu près comment se passe un placement, pour une personne qui ne connaît pas d’alternatives.
Mais bon, admettons qu’il n’existe à ce jour pas, ou pas assez d’alternatives pour ces publics et que l’EHPAD soit, comme semble le penser l’ARS, la solution.
Dans ce cas, le problème est d’une autre nature (mais tout aussi réel)
C’est que seulement une minorité d’établissement (280 sur 7500) est adaptée à l’accueil des personnes handicapées vieillissantes. L’écrasante majorité des quelque 10% de résidents d’EHPAD âgés de moins de 75 ans réside dans des établissements qui ne sont pas adaptés à leur situation.
Et donc, je vous renvoie plus haut : essayez de vous imaginer ce que cela veut dire, de devoir cohabiter avec des gens qui pourraient être vos parents séniles, quand vous n’êtes pas malade ou dépendant au point de devoir le faire !
Et donc, ce rapport de la DREES
Oui, ce rapport publié le 24 mai dernier par la DREES donne des chiffres détaillés sur le phénomène…
Des chiffres qui permettent d’évaluer un problème rampant et dont je vous propose une petite analyse, histoire de vous faire gagner du temps.
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