Comment créer une Silver économie sans frontières pendant que les nations se replient sur elles-mêmes
Cartographie 2025 des terrains de jeu où la société civile peut enfin prendre les rênes, pendant que les politiques font de la figuration
Bienvenue dans Longévité, la newsletter où je décortique les enjeux et perspectives de l’adaptation de la société au vieillissement et de l’implication indispensable de la société civile dans le processus.
Aujourd’hui, je vous invite à un large tour d’horizon du monde en janvier 2025 et des perspectives qui s’ouvrent pour vous, les acteurs du changement qui souhaitez activement adapter la société au vieillissement.
À travers une lecture personnelle et sans langue de bois de la situation, je vous amène à LA question qui structure tout mon travail :
Comment s’impliquer dans l’adaptation de la société au vieillissement en se passant des pouvoirs publics, tant dans la conception des solutions que dans leur financement ?
Changement de paradigme
Déjà une semaine que Donald Trump préside les Etats-Unis. L’impact à court et moyen terme sur la situation politique, sociale, économique et militaire en Europe doit être évalué par tout citoyen averti.
Que savons-nous ?
Impact direct à travers :
Les nouveaux tarifs douaniers protectionnistes qui vont faire baisser le niveau des exportations et déséquilibrer nos balances commerciales.
Le retrait partiel de l’OTAN qui va obliger les pays Européens à consacrer un budget plus significatif à leur défense.
Une “diplomatie” plus conquérante et bilatérale qui devrait modifier en profondeur certains équilibres qui semblaient immuables, enterrer certains conflits qui semblaient interminables ou en provoquer de nouveaux.
Impact indirect à travers
Les changements idéologiques que le Président impose à son pays et qui donneront sinon des ailes, du moins des idées à des acteurs politiques européens qui sont au pouvoir ou le brigueront dans de prochaines élections.
Je ne parle pas des sorties d’Elon Musk sur X, car le tycoon a son propre agenda. Il travaille avec Trump, mais ne roule pas exclusivement pour le Président des USA1.
, mais des idées véhiculées par l’administration Trump à travers ses prises de position radicales sur plusieurs sujets. L’Europe et la France, corsetées et calcifiées pourront-elles se réinventer en anticipant les aspirations citoyennes ou subiront-elles ces aspirations ?
À l’instar de la réussite - provisoire - des réformes “afuertistes” de Javier Milei en Argentine, il est probable que la politique volontariste de Trump montre à des citoyens qui aspirent à de tels changements en Europe que “c’est possible” et que “ça marche”.
Et donc, même si les décisions de Trump ressemblent, de prime abord, à des menaces pour l’Europe, nous pouvons - je pense - réfléchir à des stratégies d’adaptation à cette nouvelle donne.
Et nous aurions intérêt à ne pas trop attendre un mouvement des pouvoirs publics pour traiter les sujets sur lesquels nous avons la main.
Un exemple : l’IA
Un exemple : Si Trump annonce investir 500 Mds $ dans l’IA - tandis que la Chine lance un LLM plus performant et moins gourmand en CPU que les géants Yankee2 - qu’est-ce que cela va provoquer en Europe et comment vous, entreprises et entrepreneurs devez vous adapter à ce nouveau paradigme pour en tirer parti ?
On peut supposer que
Les investisseurs européens, qui étaient déjà très intéressés par les projets IA, vont l’être encore plus et qu’ils chercheront à miser sur des technologies occidentales.
Cet investissement privé sera soutenu et favorisé par l’Etat et l’UE qui, suivant les préceptes du rapport Draghi, veulent investir massivement dans l’innovation.
Cela va accélérer l’intégration de l’IA dans les processus, les organisations et la vie courante.
Et cela va - encore - simplifier le fonctionnement des entreprises qui intègrent l’IA dans leurs processus, leur donnant un avantage compétitif sur les autres.
Il me semble donc pertinent de positionner votre projet dans ce paradigme, à un niveau qui dépend de ce que vous proposez. Mais vu l’ambition des Américains et l’agressivité des Chinois sur les sujets d’IA, la stratégie de l’autruche me paraît suicidaire.
Aller plus loin dans l’étude d’impacts de l’administration Trump pour l’Europe
Sur les impacts possibles à court, moyen et long terme, je vous invite à lire le dossier complet réalisé par Olivier Schmitt pour Grand Continent en novembre 2024.
Vieillissement de la Chine
Pendant ce temps, le monde vieillit inexorablement et tandis que, chez nous, la courbe des décès pourrait bientôt dépasser celle des naissances, entraînant un déclin populationnel, le phénomène est déjà engagé au Japon, en Corée et devrait bientôt toucher la Chine.
La Chine qui, à cause de sa politique de l’enfant unique qu’elle ne parvient pas à enrayer, est confrontée à une crise des aidants.
En clair :
Dans l’Empire du Milieu, l’accroissement de la longévité et l’absence d’une protection sociale pour la majorité des vieux (hors fonction publique) provoquent un embouteillage du nombre de parents dépendants de leurs enfants, baptisé 421. Un enfant doit gérer ses 2 parents et ses 4 grands-parents qui dépendent tous de lui.
Si nous pensons avoir un problème avec les aidants, nous pourrions regarder comment font les chinois car notre problème n’est qu’une petite gêne au regard de leur problème.
Approfondir la question de la baisse de la natalité et du vieillissement de la population en Chine.
Mais il n’y a pas qu’en Chine ou en Europe que la question se pose. Le vieillissement de la population est un phénomène mondial.
Vieillissement du reste du monde
La transition démographique est un phénomène que nous avons observé dans tous les pays qui ont opéré une révolution industrielle entre le XVIIIè et le XXIè siècle.
Cette transition opère en trois temps.
Grâce aux progrès de l’hygiène, de l’alimentation et de la médecine conjugués :
La mortalité infantile chute fortement
La longévité augmente
La natalité diminue
Et donc, la population vieillit “des deux côtés” : il y a moins de naissances et plus de vieux, ce qui contribue au vieillissement de la population.
Ce phénomène touche tous les pays, mais son impact est plus fort dans ceux qui ont déjà ralenti la natalité depuis plusieurs décennies.
Et donc, notre expérience occidentale autour de la prise en charge du grand âge et de l’adaptation de nos sociétés au vieillissement constitue un savoir-faire que nous pourrions exporter si nous admettions que, malgré notre expertise, nous n’avons pas le monopole des idées et que les autres pays ne nous ont pas attendus pour s’y mettre.
Autrement dit : il y a un enjeu à travailler en réseau à l’international sur ce sujet.
Cela nous aiderait peut-être à sortir la tête du seau, parce que pour le moment, en France, le débat rase les pâquerettes.
Réforme aux petits pieds
Chez nous, le débat stérile sur la réforme des retraites ne semble pas près d’aboutir, puisque les gouvernants qui ne veulent pas se griller, préfèrent demander leur avis aux syndicats, lesquels feront, à n’en pas douter, les mêmes réponses que d’habitude.
En attendant, les ministres augmentent les impôts des retraités sans rencontrer une grande résistance, ces derniers n’ayant aucune instance représentative pour monter au créneau (coïncidence ? Je ne crois pas).
Alors qu’il faudrait donner de l’espoir aux actifs comme aux retraités sur l’évolution des charges des uns et des revenus des autres dans les années qui viennent, le sujet risque de s’éterniser et la montagne d’accoucher d’une souris.
La prison des idées
Mais plus que tout, je trouve que ce débat sur la réforme des retraites nous emprisonne dans une spirale de négativité.
Voyez plutôt : que l’on se place du côté des retraités dont on veut rogner les ressources ou du côté des actifs qui paient des cotisations “à fonds perdu”, le sujet est déprimant. Aucune vraie solution sociétale ne semble possible. Et les échecs des précédentes tentatives nous confortent dans cette idée.
Tant que le focus est mis sur cette impasse, on ne parle pas d’autre chose et puisque les positions sur la question sont polarisées, une sortie de crise par le haut semble impossible.
Comment nous extraire d’un débat toxique dont il ne sortira rien de bon ?
Que faire à notre niveau pour adapter la société au vieillissement ?
Comment avoir un impact immédiat ?
Ce que je pense de la question
Puisque ni l’exécutif, ni le législatif n’ont les moyens de faire bouger les lignes. Puisque la question du vieillissement n’entre pas dans le giron Européen…
Nous avons les coudées franches pour nous en emparer.
Désormais, nous ne sommes plus tenus par la promesse d’une loi, d’une stratégie ou d’un comité théodule comme nous l’avons été entre 2018 et 2024.
Désormais, nous pouvons vraiment prendre le sujet à bras-le-corps et imaginer une version citoyenne, nationale ou internationale, de la société de la longévité.
J’aspire à identifier, valoriser et promouvoir des actions qui contribuent à l’adaptation de notre société au vieillissement en se passant de l’Etat, de son argent, de ses règlements, de ses procédures.
Dans la France de 2025, compte tenu de l’instabilité gouvernementale, de l’impopularité présidentielle, de l’état désastreux des finances publiques, de la polarisation des opinions et du vieillissement de la population, il me semble intéressant de réfléchir à des solutions qui contribuent à :
Réunir et faire réfléchir les citoyens entre eux,
Reconstruire ou donner naissance à des communautés d’intérêt soutenantes et solidaires,
Inclure le politique, non pas pour lui soutirer des subsides, mais pour bénéficier de ses idées, de ses appuis,
Inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, sans ostracismes.
Une lueur d'espoir
Si la situation politique peut sembler désespérante, j'y vois au contraire une formidable opportunité pour la société civile de reprendre la main. Face à l'immobilisme des pouvoirs publics, le moment est propice pour imaginer et mettre en œuvre nos propres solutions.
Le projet Longévité Liberté : penser et agir autrement
C'est dans cet esprit que je lance le projet Longévité Liberté, une initiative qui vise à repenser l'adaptation de notre société au vieillissement.
L'idée est simple : plutôt que d'attendre des réformes qui ne viennent pas, créer un espace de réflexion et d'action citoyenne autour d'enjeux concrets.
Pas de grandes théories ni de rapports interminables, mais des projets ciblés qui aboutissent à des solutions tangibles.
Rendez-vous dimanche pour aborder le sujet dans ses moindres détails.
Si vous souhaitez mieux “lire” Musk qu’à travers le portrait désolant qu’en fait notre pitoyable sphère politico-médiatique et que vous lisez l’anglais, je vous conseille vivement l’essai touffu que lui a consacré Tim Urban sur son site Wait But Why en 2015 : https://waitbutwhy.com/2017/03/elon-musk-post-series.html
Explication claire du sujet Deepseek dans ce post Linkedin publié le 28/01/25 par un expert es-IA, Mathieu Crucq.