EHPAD : quand une nutritionniste fait ce que personne n'osait - écouter les clients
Aline Victor interroge 745 résidents sur leurs préférences alimentaires. Ses découvertes bousculent un secteur qui impose sans écouter.
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Aujourd’hui, je présente le travail audacieux, courageux, innovant et percutant d’Aline Victor, LA nutritionniste qui vient de publier une étude majeure sur les repas en EHPAD et plus précisément les repas que les résidents veulent se faire servir.
Aline ne sort pas son étude d’un chapeau. Elle est allée chercher les réponses sur le terrain. En interviewant près de 750 résidents dans 48 EHPAD volontaires. Je connais bien le dossier car j’ai réalisé le livre blanc qui met en valeur le travail d’Aline et présente ses résultats.
Au-delà du travail de fond, qui s’adresse d’abord aux soignants en EHPAD, j’ai voulu vous donner quelques éléments sur la forme, l’intention et l’intérêt de la démarche de tous ces professionnels qui, à l’instar d’Aline, ne cherchent pas à enterrer l’EHPAD, mais à le transformer de l’intérieur, en écoutant les parties prenantes.
Et puis, Aline étant mon invitée pour le prochain webinaire Longévité Liberté (qui se déroule le 16.6 à 9h30), je tenais à vous présenter son action dans le détail pour vous donner envie de participer audit webinaire.
À travers cet essai, je vais donc vous aider à répondre à LA question :
Comment transformer l’EHPAD en écoutant l’avis de ses clients ?
Plutôt que de céder à la facilité de décrier l’EHPAD, Aline Victor a choisi une autre voie : écouter les résidents pour transformer le secteur de l'intérieur. Son étude sur 745 personnes révèle des vérités qui dérangent... et ouvre des pistes concrètes pour réconcilier dignité humaine et contraintes opérationnelles.
Ça me rend dingue.
Vraiment.
À chaque fois que je plonge dans l'univers EHPAD, je tombe sur le même constat accablant : nous avons créé un système où les premiers concernés - les résidents - n'ont plus voix au chapitre.
On décide pour eux, on organise pour eux, on optimise pour eux... mais on ne leur demande jamais leur avis.
J'ai eu la même révélation en travaillant sur la contention avec Life Plus et l'UD2MS. Les professionnels appliquent des protocoles, respectent des normes, suivent des procédures... mais qui a demandé aux résidents s'ils préféraient le risque de chute à la privation de liberté ?
Personne.
Ou presque.
Aujourd'hui, avec l'étude révolutionnaire d'Aline Victor sur l'alimentation en EHPAD, c'est le même schéma qui explose au grand jour. Et pourtant, cette fois, l'histoire prend une tournure différente. Parce qu'Aline a choisi de construire plutôt que de démolir.
Zéro contention en EHPAD : Quand la liberté n'est plus négociable
Bienvenue dans Longévité, où j'analyse les dernières tendances de la Silver économie. Dans cette édition, je vous livre les coulisses d'un livre blanc engagé sur la contention en EHPAD, fruit d'une collaboration entre Life Plus et l'UD2MS.
Aline Victor : l'art de révolutionner sans fracasser
Ce qui me sidère chez Aline Victor, c'est son approche. Cette nutritionniste indépendante aurait pu se contenter de pointer les dysfonctionnements - Dieu sait qu'il y en a. Au lieu de ça, elle a décidé de faire quelque chose que personne n'avait osé faire à cette échelle : donner directement la parole aux résidents.
Et là, chapeau bas. Parce que ce qu'elle a accompli seule relève de l'exploit organisationnel. Imaginer le projet, structurer l'étude, mobiliser un panel d'experts, convaincre les EHPAD de participer, développer une méthodologie avec supports visuels pour interroger 745 résidents... Puis coordonner l'analyse par une équipe de scientifiques, solliciter une photographe professionnelle pour les visuels, orchestrer la communication...
En gros, Aline a abattu seule le travail d'une équipe marketing complète. Et le résultat ? Un livre blanc téléchargé par plus de 400 professionnels à ce jour. Pas mal pour une "simple" consultante indépendante.
Mais ce qui me fascine le plus, c'est son positionnement. Pas de révolution fracassante, pas de critique destructrice. Aline se place en facilitatrice. Elle comprend les contraintes des équipes, dialogue avec les professionnels, identifie où ça coince... et propose d'ajuster le système de l'intérieur, établissement par établissement.
Les résidents reprennent enfin la parole
Les résultats de son enquête font l'effet d'une bombe... silencieuse. Parce que les révélations sont édifiantes, mais présentées de manière à éclairer plutôt qu'à accabler.
Premier choc : les résidents ont des goûts marqués et cohérents. Ils savent ce qu'ils veulent ! Le petit-déjeuner plébiscité par 97% reste pourtant le parent pauvre (parfois 250 kcal et moins de 2g de protéines). Ils réclament des croissants (40% de préférences), revendiquent la cuisine au beurre (51% contre 32% pour l'huile), et préfèrent massivement les pommes de terre (64%).
Deuxième révélation : le carcan des normes GEMRCN est ignoré par 69% des EHPAD ! Ses grammages dépassent la capacité de consommation réelle, créant des assiettes trop remplies qui découragent et génèrent du gaspillage.
Troisième paradoxe : aucun lien significatif entre le type de texture et la dénutrition. Autrement dit, mixer la nourriture ne protège pas de la dénutrition, mais détruit le plaisir de manger.
Quatrième absurdité : 30,6% des résidents sont en surpoids et 20% obèses, coexistant avec les 23-46% de dénutris. Comment peut-on appliquer la même recette à des besoins variant de 900 à 3 600 kcal par jour ?
Ce qui est génial dans l'approche d'Aline, c'est qu'elle ne se contente pas de constats accusateurs. Elle propose des ajustements immédiats : réduire les grammages à 75% des recommandations GEMRCN, enrichir les petits-déjeuners, adapter l'environnement des repas...
Rien de révolutionnaire techniquement. Tout repose sur une approche humaniste qui remet la personne au centre.
Un écosystème qui se structure autour de cette philosophie
Aline Victor n'est pas seule. Elle s'inscrit dans un mouvement plus large d'acteurs qui ont compris qu'on transforme mieux de l'intérieur qu'en cassant tout.
Life Plus développe des équipements innovants pour lutter contre l'errance et prévenir les chutes en établissement, avec cette même approche facilitatrice.
Bistrot Bertha révolutionne la convivialité en développant un concept de bistro en EHPAD pour renforcer le lien social et apporter de la vie dans les établissements.
Ogust densifie la valeur nutritionnelle des repas avec ses crèmes et glaces enrichies, travaillant en partenariat avec un chef Meilleur Ouvrier de France pour ne jamais sacrifier le goût au profit de la nutrition.
Le label Vivre valorise les établissements qui placent la qualité de vie au cœur de leur projet.
Arbitryum réalise des analyses quantitatives et qualitatives dans les établissements et les accompagne sur la transformation de leur modèle organisationnel pour proposer un service plus aligné avec les attentes et aspirations des résidents.
Tous ces acteurs partagent le même ADN :
Améliorer le système existant plutôt que le révolutionner.
Comprendre les contraintes avant de proposer des solutions.
Dialoguer avec les professionnels plutôt que les culpabiliser.
Et vous savez quoi ?
Cette approche porte ses fruits.
Parce qu'au-delà des considérations éthiques, c'est aussi un enjeu business crucial.
L'équation gagnante : résidents heureux = établissements attractifs
On a beau dire que les familles cherchent dans l'urgence, passent par le CCAS ou Cap Retraite... la réputation locale d'un établissement fait toute la différence. Un EHPAD où les résidents mangent avec plaisir, où ils gardent une certaine autonomie, où leur parole compte, ça se sait vite.
Et dans un secteur où les taux d'occupation conditionnent la survie économique, cette différenciation devient vitale. Surtout quand on sait que l'attractivité RH suit souvent : qui a envie de travailler dans un établissement où règnent la frustration et la standardisation ?
L'étude d'Aline le démontre : écouter les résidents, c'est créer un cercle vertueux. Résidents plus heureux → meilleure ambiance → équipes plus motivées → établissement plus attractif → meilleur taux d'occupation.
Rendez-vous le 16 juin : "Rendre le choix aux résidents : révolution ou évidence ?"
Pour creuser ces révélations et découvrir comment transformer concrètement les pratiques, j'organise un webinaire exceptionnel le 16 juin de 9h30 à 11h.
J'y recevrai :
Aline Victor, pour présenter les résultats de son enquête
Xavier Cormary, orthophoniste référent EHPAD chez Emeis
Frédéric Sananes, directeur EHPAD avec 25 ans d'expérience
Au programme : résultats chocs, méthodologie concrète, stratégies d'adaptation, retours d'expérience.
Vous pouvez assister au live en vous connectant sur la plateforme Riverside (l’app sur laquelle je fais les enregistrements) lundi à partir de 9h30.
Lien vers le studio d’enregistrement : https://riverside.fm/studio/alexandre-faures-studio.
Je publierai l’enregistrement d’ici la fin du mois de juin. Il sera disponible sur le podcast Longévité via Substack, Spotify et Apple Podcast1.
Si vous ne pouvez pas assister à cet événement, mais que vous souhaitez poser une question aux invités ou partager un témoignage, dites-le - anonymement ou non - dans ce questionnaire.
Ma conclusion ?
La révolution silencieuse est en marche.
Elle ne vient pas des grands discours ou des réformes technocratiques.
Elle naît du travail patient d'entrepreneurs comme Aline qui remettent l'humain au centre, un établissement à la fois.
En principe, il est possible d’assister au live via d’autres canaux, mais compte tenu du délai court - ma faute - entre l’annonce et l’enregistrement, je restreins les options pour ce live. J’ouvrirai plus d’options pour les prochains live qui se dérouleront : le 30 juin, le 10 et le 17 juillet : je ferai les annonces très prochainement pour ces 3 émissions.