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Aujourd'hui, je rends hommage à Ozzy Osbourne, le frontman de Black Sabbath disparu le 22 juillet 2025 à l'âge de 76 ans, moins d'un mois après son concert d'adieu à Birmingham.
Ceux qui avaient assisté à cette dernière apparition de Black Sabbath sentaient bien que le Madman allait mal. Souffrant de la maladie de Parkinson et manifestement épuisé, il avait chanté tout son concert assis, ne quittant pas son trône noir.
Mais sa voix, elle, restait intacte.
Certes, Ozzy avait déjà "pris sa retraite" plusieurs fois par le passé, revenant toujours sur scène, le seul endroit où il semblait vraiment être lui-même. Qui aurait pu prédire que cette fois-ci était vraiment la dernière ?
La mort du Prince des Ténèbres, survenue dix-sept jours exactement après ses adieux scéniques, a douché tous les espoirs.
Fan depuis des années, je lui rends hommage aujourd'hui à travers ma réflexion dominicale.
Car Ozzy nous enseigne quelque chose d'essentiel sur l'intergénérationnel - et ce n'est pas ce qu'on croit. À travers cette réflexion, j’ai donc essayé de répondre à LA question :
Comment proposer une vraie expérience intergénérationnelle ?
Le mythe des retraites impossibles
L'histoire des "retraites" d'Ozzy Osbourne ressemble à un running gag. En 1992, il lance sa première tournée d'adieu, le "No More Tours Tour", motivé par un faux diagnostic de sclérose en plaques. Trois ans plus tard, il revient avec le "Retirement Sucks Tour" - littéralement "La retraite, ça craint". Un aveu d'échec aussi honnête qu'évocateur.
En 2023, après de multiples annulations de tournées, il annonce officiellement se retirer de la scène, évoquant l'impossibilité physique d'assurer des concerts aussi exigeants. Mais là encore, il précise qu'il n'a pas l'intention de prendre une retraite "définitive" et qu'il souhaite revenir dès que possible, même s'il devait être "poussé en fauteuil roulant sur scène".
Cette résistance farouche à la retraite n'est pas qu'une lubie de rockstar. Elle révèle une vérité profonde : on n'est jamais aussi épanoui dans la vie qu'en faisant ce qu'on aime. Et que, le cas échéant, cette passion peut vous préserver de la maladie, jusqu'à un certain point.
La leçon de Birmingham : quand l'âge devient secondaire
Sur scène, quatre septuagénaires : Ozzy, 76 ans, tremblant de Parkinson mais la voix intacte ; Tony Iommi, le guitariste légendaire1 ; Bill Ward, 77 ans, et Geezer Butler, 75 ans.
Quatre Brummies devenus des icônes mondiales, qui refusent de céder à la fatalité de l'âge. Ozzy n'a pas quitté son siège de tout le concert, mais sa performance vocale était irréprochable. Pas de playback, pas de tricherie : juste un homme diminué physiquement qui transcende ses limitations par la force de sa passion.
Et le public ?
Quarante mille personnes venues du monde entier, de 15 à 75 ans, unies dans la même émotion. Des centaines de milliers d'autres ont suivi le concert en livestream, créant une communion planétaire autour de quatre vieux messieurs de Birmingham. Voilà ce qu'est l'intergénérationnel quand il fonctionne vraiment.
Génération Ozzy : l'intergénérationnel qui marche vraiment
Ozzy n'est pas l'icône d'une génération, mais de plusieurs.
Black Sabbath a sorti son premier album le 13 février 1970. Leurs fans étaient alors des jeunes de leur âge — des boomers nés à la fin des années 1940. Le groupe a perduré jusqu'en 2023, et Ozzy, qui l'avait quitté en 1979, a mené en parallèle une carrière solo ininterrompue sur la même période.
Sa notoriété a explosé au début des années 2000 avec "The Osbournes", une émission de télé-réalité qui a dévoilé son côté attachant et familial, séduisant un public bien au-delà des amateurs de metal.
Diffusée de 2002 à 2005, cette émission a révolutionné les codes en montrant sans filtre la vie quotidienne d'une famille de rockeurs, mêlant avec brio extravagance, humour et autodérision.
La vraie définition de l'intergénérationnel
Cela devrait vous aider à percevoir ce qu'est vraiment l'intergénérationnel.
Quand on me parle d'intergénérationnel dans l'absolu, je ne comprends pas. Un "lieu intergénérationnel", ça ne veut rien dire.
Ou plutôt, c'est vague :
Un train est un lieu intergénérationnel car il transporte des gens de tous âges.
Un supermarché est un espace où toutes les générations achètent à manger,
Un immeuble en ville abrite des foyers de tous âges.
Cela ne contribue pas pour autant à créer un lien, favorisant les échanges et les expériences.
Car ce que nous attendons d'un espace intergénérationnel, ce n'est pas juste son objet principal (transporter, faire des courses, habiter), c'est les relations qu'il va permettre de créer.
C'est son impact indirect : rompre l'isolement, créer du lien social, faire société.
Et ça, il ne suffit pas de réunir des gens pour y parvenir.
En revanche, un concert de Black Sabbath, le Hellfest, une corrida, une manifestation contre le réchauffement climatique, un club de lecture, les JO ou toute occasion où des humains se rassemblent pour partager un hobby, une conviction, des idées voici des moments où l'intergénérationnel joue son rôle fédérateur.
Car il va donner une occasion de partage d'expérience, de confrontation d'idées et de souvenirs.
Et les participants en retireront tous quelque chose sur le moment et sur le temps long.
Conclusion : repenser l'intergénérationnel authentique
La mort d'Ozzy Osbourne nous rappelle que l'intergénérationnel authentique ne se décrète pas dans des "résidences intergénérationnelles" artificielles.
Il naît de la passion partagée, de l'authenticité, de la capacité à créer du lien autour de ce qui nous anime vraiment.
Plutôt que de multiplier les espaces prétendument intergénérationnels où l'on met des vieux et des jeunes dans le même bâtiment en espérant que la magie opère, inspirons-nous de la leçon d'Ozzy : l'intergénérationnel réussi, c'est quand des générations différentes se retrouvent autour d'une passion commune, d'une émotion partagée, d'un projet qui les dépasse.
Car au fond, le plus bel hommage qu'on puisse rendre à nos aînés, ce n'est pas de les parquer dans des lieux "adaptés", c'est de leur permettre de continuer à être eux-mêmes, avec leurs passions, leurs failles et leur génie intact.
Même assis dans un fauteuil.
Même avec Parkinson.
Même à 76 ans.
C’est à Tommi qu’on doit l’invention du son Metal. Et on peut attribuer cette découverte à son handicap : il a perdu deux phalanges à 17 ans, lors d’un accident avec une presse hydraulique. Il a donc réappris à jouer en se fabriquant des prothèses maison et le groupe a du adapter son jeu à celui de son guitariste manchot.
Tu as tout dit Alexandre. Le partage d’une passion peut être intergénérationnelle : musique, sport, art, … et la cuisine 😋