đ§ La filiĂšre Silver Ă©conomie va cartographier la prĂ©vention : mon analyse.
Comment faire d'une pierre quatre coups.
Prévenir ou guérir
Pendant des siÚcles, la sénilité a été considérée comme une étape inévitable de la fin de vie. Les gens vieillissaient, ils devenaient fragiles et finissaient séniles.
Couvrant le spectre de plusieurs maladies quâon ne savait ni guĂ©rir, ni diagnostiquer, ni mĂȘme identifier, la sĂ©nilitĂ© Ă©tait subie par les personnes ĂągĂ©es, leurs proches et un corps mĂ©dical qui se contentait dâattĂ©nuer les souffrances des uns et des autres en envoyant les indigents Ă lâhospice, oĂč ils finissaient leur existence loin des yeux de la sociĂ©tĂ©.
Au fur et à mesure que la science médicale a progressé, les praticiens ont appris à diagnostiquer les maladies, en soigner certaines, identifier les causes racines et se battre pour prévenir les comportements à risque.
PrĂ©vention qui peut prendre la forme dâune gentille invitation individuelle, dâun militantisme social ou dâune entrave par les pouvoirs publics, via de lâimposition, de la taxation voire de lâinterdiction pure et simple.
Par exemple, lâeffet de la cigarette sur les cancers des voies respiratoires a conduit Ă sa mise au ban de la sociĂ©tĂ© Ă travers des opĂ©rations de prĂ©vention trĂšs appuyĂ©es, de la part des pouvoirs publics notamment.
En matiĂšre de vieillissement, câest la mĂȘme chose
On sait dĂ©sormais que la sĂ©nilitĂ© nâest pas une fatalitĂ©, mais un Ă©tat pathologique provoquĂ© par des maladies dont la prĂ©valence augmente avec lâĂąge.
Si nous ne savons pas soigner toutes ces maladies, nous savons en revanche quels comportements les accentuent et donc comment de bonnes pratiques permettent dâĂ©viter, retarder ou limiter le risque de dĂ©velopper ces pathologies.
Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, avoir une activitĂ© physique rĂ©guliĂšre, un rĂ©gime alimentaire Ă©quilibrĂ©, une consommation raisonnĂ©e dâalcool, pas de tabac, une vie sociale Ă©panouie et une pratique spirituelle contribue Ă rester en bonne santĂ© et diffĂ©rer la survenance des principales pathologies qui tuent les personnes ĂągĂ©es fragiles : lâAVC, la crise cardiaque, le diabĂšte de type 2 et la maladie dâAlzheimer.
Approfondir
Pour aller plus loin sur les causes de mortalitĂ© des seniors, je vous renvoie Ă la vidĂ©o que jâai rĂ©alisĂ© lâan dernier Ă partir du baromĂštre mondial de lâOMS, le Global Burden of Diseases.
Les principales causes de mortalité chez les seniors
Dans cette vidéo, je présente l'outil de visualisation des causes de maladie et dépendance conçu par l'OMS à partir des statistiques mondiales recueilllies depuis 20 ans : le Global Burden of Diseases.
La filiÚre Silver économie va bosser sur le sujet
Mercredi 17 mai, la ministre AgnÚs Firmin Le Bodo a confié à Luc Broussy, président de la filiÚre Silver économie, une mission visant à développer des mesures de prévention en santé pour les personnes ùgées de 55 à 75 ans.
Leur objectif est de dresser une cartographie précise des initiatives territoriales de prévention en santé existantes et de proposer des recommandations pour maintenir cette population en bonne santé et, à terme, plus autonome.
Les résultats de cette mission sont attendus à l'automne.
La sociĂ©tĂ© va changer de visage. D'ici 2030, entre 15 et 20 millions de nos concitoyens auront plus de 60 ans. D'oĂč l'importance de travailler sur ce sujet. - AgnĂšs Firmin Le Bodo
Jâentends dĂ©jĂ les ronchons au fonds de la classe qui vont se plaindre dâun Ă©niĂšme rapport appelĂ© Ă caler les armoires, compte tenu du sort rĂ©servĂ© aux prĂ©cĂ©dentes productions, dans le cadre de la promise et non advenue Loi Grand Age. Ils sont dâailleurs nombreux Ă avoir exprimĂ© leurs doutes en rĂ©ponse au post LinkedIn que jâai publiĂ© jeudi 18 mai.
Je nâai pas besoin de dĂ©velopper les arguments contre, attendu que les dĂ©tracteurs lâont dĂ©jĂ amplement fait dans le post Linkedin susmentionnĂ© que je vous invite Ă dĂ©couvrir si vous souhaitez en savoir plus sur lâidentitĂ© et lâargumentaire des âcontreâ.
Pour ma part, jâaimerais faire avancer le schmilblick en mâintĂ©ressant plutĂŽt aux raisons qui justifient ce travail et sa rĂ©alisation par la filiĂšre Silver Ă©conomie.
Cinq bonnes raisons de faire ce travail et de lae confier à la filiÚre Silver économie
Primo : les rapports ne sont pas tous inutiles
Certains des rapports prĂ©paratoire Ă la Loi Grand Age, sâils nâont pas servi de fondement Ă la loi, ont permis des avancĂ©es en matiĂšre dâadaptation de la sociĂ©tĂ© au vieillissement.
Citons pĂȘle-mĂȘle : le 5Ăš risque, la Prime Adapt, lâAide Ă la Vie PartagĂ©e.
Deuxio : la prĂ©vention doit ĂȘtre cartographiĂ©e
La prĂ©vention doit ĂȘtre cartographiĂ©e car des initiatives locales et nationales qui existent dĂ©jĂ doivent etre mises en lumiĂšre. PlutĂŽt que de rĂ©inventer la machine Ă courber les bananes, autant adapter au niveau national les recettes qui font leurs preuves au niveau local.
Tertio : les gens aiment les cartographies
Jâai pu constater Ă plusieurs reprises combien lâexercice de la cartographie est populaire⊠et viral. Câest un travail de recensement qui plait tant aux gens qui sont cartographiĂ©s et vont relayer lâinformation quâaux gens qui cherchent Ă identifier lâoffre et vont donc relayer lâinformation, mais aussi signaler les trous dans la raquette.
Quatro : Confier ce travail Ă la filiĂšre Silver Ă©conomie, câest lĂ©gitimer son existence et son rĂŽle fĂ©dĂ©rateur
Et notre pays en a besoin. Car la FiliĂšre Silver Ă©conomie, ce nâest pas seulement des solutions pour le bien vieillir des vieux de France, câest une filiĂšre industrielle qui doit contribuer au dĂ©veloppement et au rayonnement des entreprises affiliĂ©es, en leur donnant les moyens de grandir, trouver de nouveaux marchĂ©s, avoir plus dâimpact.
Et croyez-moi, Ă lâinstar de la Tour Eiffel, du Chabichou et des vins de Bordeaux, la Silver Economie est une valeur du patrimoine immatĂ©riel que les Ă©trangers nous envient. Et nous avons tout intĂ©rĂȘt Ă utiliser notre savoir-faire chez nous et aussi Ă lâexporter dans les pays qui sont tous confrontĂ©s au vieillissement, mais ne savent pas bien comment y rĂ©pondre.
Et si nous pouvons y aller en ordre dispersĂ©, il me semble intĂ©ressant de bĂ©nĂ©ficier de lâappui du structure, qui jouit elle-mĂȘme de lâappui des pouvoirs publics.
Dans notre pays, cet appui est stratégique. Et avec cette mission, France Silver éco en bénéficie.
Cinqo : lâĂ©quipe de Luc Broussy sait travailler avec les pouvoirs publics
Oui, ça peut sembler futile, mais travailler avec les cabinets ministĂ©riels et les agences gouvernementales, ça sâapprend et je dirai mĂȘme que ça se subit. Des rĂ©unions interminables, des aller-retour, des valses hĂ©sitations, de la diplomatie, de la patience⊠pour lâavoir un peu pratiquĂ© lors dâune mission pour le collectif de lutte contre la dĂ©nutrition en 2020, je sais que travailler avec la haute administration demande des compĂ©tences et une pratique qui nâest ni innĂ©e, ni simple et que lâĂ©quipe de France Silver Eco et le groupe de travail rĂ©uni pour piloter ce projet maitrisent bien.
Câest un petit argument bonus, mais il me semble important de lâajouter Ă la liste.
Et pour toutes ces raisons, je trouve que câest une bonne idĂ©e de confier ce projet Ă la filiĂšre Silver Ă©conomie.
Jâaimerais cependant faire trois suggestions Ă Luc Broussy et son Ă©quipe, car au-dela de lâutilitĂ© du rapport en soi, je vois dans ce projet lâopportunitĂ© de faire encore mieux que bien.
Et voici comment.
Si jâĂ©tais Ă la place de Luc Broussy, voila ce que je ferais
Primo, je chercherais des opportunités pour associer le grand public à ce travail
On rejoint une idĂ©e que jâai dĂ©jĂ dĂ©fendue Ă propos de lâhabitat alternatif : imaginer un format de partage et communication inclusive pour que les citoyens puissent contribuer Ă lâĂ©change. Lâan dernier, jâai publiĂ© un Ă©dito Ă©mettant lâidĂ©e de sâinspirer de la Fresque du Climat pour rĂ©aliser ce travail de terrain. On pourrait adopter la mĂȘme idĂ©e Ă propos de prĂ©vention santĂ©.
Ce serait mĂȘme encore plus fĂ©dĂ©rateur que lâhabitat, Ă mon avis.
Je vous partage lâĂ©dito, au cas oĂč il vous aurait Ă©chappĂ©.
đ€Comment persuader les citoyens des bienfaits de l'habitat inclusif
Comment utiliser le format "Fresque du climat" pour former, informer et mobiliser les citoyens à propos d'habitat partagé et adapté.
Deuxio, je chercherais Ă faire valider scientifiquement lâimpact des actions recensĂ©es
En lâoccurence, jâai repris le commentaire que le professeur Benoit Godiard a partagĂ© sur LinkedIn en rĂ©ponse Ă mon post du 18 mai susmentionnĂ© :
Pour promouvoir la santé, il est important d'identifier de nouveaux leviers, mais un diagnostic précis sur l'impact des pathologies chroniques en fonction de l'ùge et du gradient social de santé est indispensable. Il est nécessaire d'intégrer ces réflexions dans la Stratégie nationale de santé et de laisser place à la duplication d'expériences locales pour des politiques de l'autonomie décentralisées.
Tertio, jâassocierais des acteurs de terrain au processus de recensement
Une filiĂšre industrielle qui doit accompagner le dĂ©veloppement dâun tissu productif devrait impliquer plus dâacteurs Ă©conomiques dans ses travaux afin de rester pragmatique dans ses livrables et agile dans sa mĂ©thodologie.
Câest une bonne chose que le groupe de travail soit pilotĂ© par trois mĂ©decins et une scientifique, mais il doit absolument se mĂ©langer avec des entrepreneurs, des acteurs de terrain, des gens qui vendent et travaillent avec les seniors, afin que leur cartographie reflĂšte, incarne la filiĂšre Silver Ă©conomie.
Sur ce dernier point, Luc Broussy et son Ă©quipe auraient tout intĂ©rĂȘt Ă sâinspirer des mĂ©thodes que dĂ©veloppent les autres Ă©cosystĂšmes de la longevity economy.
A titre dâexemple, je vous propose de dĂ©couvrir une synthĂšse de la derniĂšre production livrĂ©e par Le Stanford Center on Longevity
Le Stanford Center on Longevity
Le Stanford Center on Longevity, câest un organisme créé par la prestigieuse universitĂ© Californienne de Stanford autour de notre sujet de prĂ©dilection. Pour mĂ©moire, Stanford est le poumon universitaire de la Silicon Valley. Ce nâest pas juste une Ă©cole adossĂ©e Ă la Silicon Valley, câest lâĂ©cole qui a permis la crĂ©ation de ce cluster.
La longévité est un bonus de 30 ans !
Grùce à la médecine moderne et à l'amélioration de la santé publique, l'espérance de vie moyenne a considérablement augmenté. à mesure qu'elle s'étend, la population mondiale de personnes ùgées de 60 ans et plus détient un potentiel et un pouvoir sans précédent.
Un récent dossier publié dans Stanford Business examine l'impact de ce changement démographique monumental sur notre économie, nos lieux de travail et nos communautés.
En voici la synthĂšse.
1. Ne sous-estimez pas les consommateurs plus ùgés
Les « individus qui vivent et travaillent plus longtemps » contrÎlent une part de plus en plus grande du PIB et représentent environ la moitié de toutes les dépenses de consommation. Robert Chess, qui co-enseigne un cours à Stanford sur l'importance croissante des consommateurs et travailleurs plus ùgés, compare l'« économie de la longévité » au marché de l'informatique dans les années 1980, affirmant que ceux qui sont en avance sur la courbe pour servir les clients plus ùgés deviendront des « grands gagnants ».
2. Préparez-vous à des parcours de vie imprévisibles
Bien sûr, les personnes ùgées sont plus que des simples consommateurs. à mesure que les gens vivent plus longtemps, ils peuvent vouloir réévaluer leur parcours de vie. Les recherches de Susan Wilner Golden mettent en évidence comment de plus en plus de personnes passeront par des étapes plutÎt que de suivre le modÚle prévisible « apprendre, gagner sa vie, prendre sa retraite ». Un exemple parfait de cette approche fructueuse, Golden est retournée à l'université à l'ùge de 60 ans et est devenue membre du Stanford Distinguished Careers Institute aprÚs une pause pour se concentrer sur sa famille.
3. L'Ăągisme - pas encore mort
L'Ăągisme continue de rĂ©gner dans la culture du travail amĂ©ricaine. Selon AARP, plus de 60% des adultes de 40 ans ou plus ont vu ou ont Ă©tĂ© victimes de discrimination liĂ©e Ă l'Ăąge sur leur lieu de travail. Les recherches des professeurs de la GSB Ashley Martin et Jeffrey Pfeffer suggĂšrent que « les outils pour lutter contre l'Ăągisme peuvent dĂ©jĂ exister ». Les recherches de Martin indiquent que la formation Ă la diversitĂ© peut ĂȘtre efficace. Pfeffer soutient Ă©galement que la pression lĂ©gale devrait ĂȘtre exercĂ©e. « Le but est simplement d'augmenter le coĂ»t de cette forme de discrimination », dit-il.
4. Nous sommes tous dans le mĂȘme bain
Laura Carstensen, directrice fondatrice du Centre sur la longévité de Stanford, estime que l'ùgisme est mieux combattu en encourageant les gens de tous ùges à interagir librement sur leur lieu de travail, à la maison et dans leur communauté. à mesure que les gens vivent et travaillent plus longtemps, Carstensen prédit que « pratiquement tous les aspects » de notre vie changeront. Et ces changements n'affecteront pas seulement les personnes ùgées. « Nous avons tellement de choses que nous pourrions faire pour améliorer la vie, et pas seulement pour les personnes ùgées : pour les enfants, pour leurs parents, pour les travailleurs et les employeurs », commente-t-elle.
Mes remarques:
1) "les rapports ne sont pas tous inutiles"
Exact! ils donnent du grain à moudre et une légitimité à une pléthore de corps intermédiaires et d'experts organisés en technostructures.
2) "travailler avec les cabinets ministĂ©riels et les agences gouvernementales, ça sâapprend et je dirai mĂȘme que ça se subit. Des rĂ©unions interminables, des aller-retour, des valses hĂ©sitations, de la diplomatie, de la patienceâŠ"
Qui est au service de qui?
Ne serait-il pas préférable que nos 'élites" apprennent à travailler avec les gens de terrain et se mettent à leur niveau?