Scandale Orpéa : Deux ans après Les Fossoyeurs, quelles leçons tirer de l'affaire ?
Genèse du scandale | Argument rhétorique | Causes réelles | Jeu de la CGT | Jeu des médias | Problème réel et problème monté en épingle | Leçons de real-politik
Il y a deux ans, un livre enquête publié par un reporter inconnu a provoqué une déflagration inédite dans l’univers feutré des EHPAD. Bien qu’habitués aux vagues d’indignation suscitées par les reportages dénonçant les condition d’accueil de leurs résidents, les gestionnaires d’EHPAD et leurs personnels ont été entrainés dans une tourmente socio-médiatique de longue durée.
Au-delà d’Orpéa, cible principale du journaliste Victor Castanet, c’est tout un secteur qui a été durablement ébranlé… et souvent injustement.
En effet, le livre dénonce un système instauré par une direction peu scrupuleuse afin de maximiser le profit de son groupe. Il prend corps dans un groupe d’Ehpad, mais le cadre aurait dû avoir moins d’importance que les malversations. Des enquêtes de ce genre ont déjà été réalisées dans d’autres domaines.
Grâce au talent de l’auteur, de son éditeur, des agitateurs qui ont accentué le scandale, de médias qui ont complaisamment relayé l’information sans la questionner et de détracteurs de la société civile qui ont profité de l’affaire pour pousser leurs pions, le projecteur allumé par Les Fossoyeurs a été braqué sur l’EHPAD en général.
Et plutôt qu’un système financier malhonnête, c’est l’organisation globale des EHPAD qui a été critiquée et questionnée.
Le référentiel
Après Les Fossoyeurs, “Le Scandale Orpéa” est devenu un élément de langage, un mot valise et le référentiel d’un scandale inhumain, mais possible. Et qui peut donc se répéter. L’expression est désormais employée par les médias à chaque fois que la question du vieillissement, du sort des personnes très âgées… et des EHPAD vient sur le tapis.
C’est un élément rhétorique. Il permet à moindre frais de susciter l’indignation et la polarisation, car la partie adverse ne peut que se mettre en état de faiblesse en justifiant qu’elle n’est pas comme Orpéa.
C’est donc un argument manipulateur, destiné à susciter l’engagement de l’audience, car on ne peut pas ne pas être contre. Il n’existe aucun moyen de donner raison à Orpéa. S’il existe un moyen de donner raison à Orpéa, il est tellement cynique et négatif qu’il ne peut être audible dans le débat public.
Le danger
Le danger d’un tel argument, c’est qu’il devient tellement absolu, qu’il peut être utilisé pour justifier des actions discutables en leur donnant le sceau de l’indiscutable.
Exemple : Les USA ont prétendu que l’Irak détenait des armes chimiques pour justifier leur invasion d’un Etat Souverain, la destitution et l’exécution de son dirigeant.
A l’époque où le général Colin Powell agite un pseudo tube d’anthrax pour justifier sa demande, l’opinion mondiale est encore sous le choc du 11 septembre 2001, terrorisée par l’éventualité d’une nouvelle attaque meurtrière. Elle accepte donc la preuve “irréfutable” qui s’avèrera un odieux mensonge. Le général y a perdu sa crédibilité, mais prouver la manipulation n’a pas eu d’incidence réelle, une fois que c’était fait, on ne pouvait pas revenir en arrière.
C’est pareil pour “Le Scandale Orpéa”
Depuis Les Fossoyeurs, si un média évoque le “Scandale Orpéa”, il convoque de la même manière un imaginaire complexe, constitué d’idées parcellaires et de contre-vérités, qu’il n’a pas besoin d’expliquer, car cela va de soi…. alors que non, cela ne va pas du tout de soi.
Victor Castanet n’a pas réalisé un audit des 7200 EHPAD de France, il n’a pas enquêté sur l’ensemble des groupes et des institutions. Il a consacré 3 ans et un livre de 500 pages à une enquête sur un seul groupe et plus particulièrement sur les malversations orchestrées par une petite équipe de direction… et ses sbires.
La désinformation
A mon avis, si Victor Castanet a réalisé une enquête, ce n’est pas lui directement, mais son entourage qui a agité le chiffon rouge pour atteindre ses propres objectifs. Certains ont tiré profit du livre pour créer un comité théodule, d’autres pour devenir avocate des opprimés, mais c’est surtout la CGT le grand gagnant de l’opération car elle lui a permis d’obtenir - enfin - la majorité dans les instances représentatives du personnel.
Dans ce dossier, je reviens sur cette opération de guerre de l’information qui a permis au syndicat révolutionnaire d’atteindre son objectif politique.
Je vous en explique les causes, les raisons, les conséquences.
Je vous montre quel modèle de guerilla de l’information la CGT a pu utiliser.
Je vous explique pourquoi la CGT a été plus agile et plus maline que son adversaire.
Je vous montre comment utiliser ces outils dans votre propre stratégie de communication.
En bonus, je vous partage une analyse chronologique de toutes les opérations médiatiques dirigées contre l’EHPAD entre 2017 et 2022, avec les chiffres (hallucinants) d’audimat pour les reportages diffusés à la télévision.
DU LOURD !
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