Sommet mondial de l'IA 2025 : entre ambition et excès de prudence
En accueillant le premier Sommet mondial de l'IA, Paris confirme son leadership technologique, mais la surreprésentation des régulateurs pose question.
Bienvenue sur Longévité, ma newsletter consacrée à l’adaptation de la société au vieillissement.
Aujourd’hui, je fais un focus sur le premier sommet IA de Paris qui s’est déroulé cette semaine sous l’égide de l’Elysée. J’ai décortiqué le programme officiel afin d’en retirer des enseignements sur les enjeux et perspectives, non pas de l’IA elle-même, mais de son hyperpolitisation.
En effet, un sommet international qui rassemble des chefs d’Etat, des régulateurs, des ONG et une poignée d’entreprises, surtout représentées par leurs directions RSE ne prend pas la même tangente qu’un événement plus orienté business, innovation et techno.
En même temps, compte tenu de la suprématie des USA et de la Chine sur le sujet, je retire une certaine fierté de la place que la France cherche à jouer sur ce sujet dans le “concert des nations”.
Je vous propose donc mon analyse sans filtre, dans laquelle j’ai essayé de répondre à LA grande question :
Comment l’IA pourrait-elle transformer positivement la société de la longévité en répondant aux grandes questions sociétales du siècle ?
France, terre d’IA ?
En accueillant les 10 et 11 février le premier Sommet mondial de l'IA1, la France confirme son statut de hub technologique majeur. Une consécration qui vient couronner des années d'efforts pour attirer les leaders du secteur et développer un écosystème d'innovation dynamique.
Pourtant, l'événement révèle aussi un paradoxe : alors même que notre pays s'impose comme terre d'accueil privilégiée de l'IA en Europe, la surreprésentation des régulateurs au sommet questionne notre capacité à libérer pleinement le potentiel d'innovation.
Un équilibre délicat à trouver, mais crucial face aux défis qui nous attendent - à commencer par le vieillissement de la population.
Certes, le Business Day organisé le 11 février à Station F, avec sa centaine d'événements dédiés aux entreprises et à la société civile, offre un contrepoint intéressant.
Mais c'est bien l’événement sur 2 jours, au Grand Palais, cœur politique et médiatique du sommet, qui donne le ton. Or, force est de constater que ce "vrai forum", celui qui fait l'actualité et oriente les décisions, peine à refléter le pluralisme nécessaire à une réflexion équilibrée sur l'avenir de l'IA.
La grande confiscation politique
Le forum s’est tenu sur deux jours, lundi des conférences et des tables rondes pour alimenter les réflexions, mardi un rendez-vous plus politiques où chefs d’Etat, de gouvernement et d’institutions se sont succédé à la tribune. L’allocution du VP Américain Jack Vance en particulier a marqué les esprits car ce dernier a affirmé haut et fort son refus de toute limitation à l’expansion des IA Américaines, ciblant implicitement l’IA Act Européen2.
J’ai décortiqué le programme des interventions et tables rondes qui se sont déroulées ce lundi à Paris et les chiffres sont édifiants : 35% des intervenants représentaient le secteur public et les régulateurs (ministres, présidents, hauts fonctionnaires), auxquels s'ajoutaient 20% d'organisations internationales (ONU, UNESCO, OCDE, UIT). En face, seulement 15% d'entreprises technologiques, principalement les géants du secteur comme OpenAI, Meta et Microsoft.
Les acteurs de la société civile et les ONG occupaient une portion congrue de 15%, tout comme le monde académique avec ses représentants de Berkeley, la Sorbonne ou Mila.
Ce déséquilibre en dit long sur la vision politique de l'IA. Quand 55% des participants sont issus des sphères publiques et régulatrices, que reste-t-il pour ceux qui développent et utilisent réellement ces technologies ?
Plus frappante encore est l'absence quasi-totale des startups, des PME innovantes et des utilisateurs finaux - entreprises ou citoyens - pourtant premiers concernés par ces transformations.
Plus frappant encore est l'architecture même du sommet. Les "tables rondes sur la gouvernance efficiente et inclusive" se succèdent, réunissant OMC, ONU et autres institutions internationales.
Pendant ce temps, les entrepreneurs, eux, brillent par leur absence. NVIDIA, leader mondial des puces d'IA ? Absent. IBM, pionnier historique ? Aux abonnés absents. Sans parler de Mistral AI ou Stability AI, qui incarnent pourtant le renouveau européen dans le secteur.
Cette surreprésentation du politique n'est pas anodine.
Elle traduit une approche où la régulation précède et encadre l'innovation - comme si on avait voulu réglementer Internet avant même l'invention du Web.

Le grand écart avec la réalité
Le programme du sommet révèle un autre décalage inquiétant : celui entre les préoccupations affichées et les enjeux réels de l'IA. Pendant que les sessions s'enchaînent sur "l'éthique" et les "codes de bonnes pratiques", des pans entiers d'application sont ignorés.
La défense et la sécurité ? À peine évoquées, alors que l'IA révolutionne déjà ces domaines. Les services financiers ? Absents des débats. L'industrie manufacturière ? Reléguée aux notes de bas de page.
Cette déconnexion entre les discussions théoriques et les usages concrets de l'IA pose question : comment prétendre réguler ce qu'on ne comprend qu'à moitié ?
Le vieillissement mondial : l'angle mort révélateur
Plus révélateur encore est l'absence totale des enjeux liés au vieillissement démographique. Un oubli d'autant plus paradoxal que ce défi est mondial. Du Japon à l'Europe, en passant par la Chine, toutes les grandes puissances font face au même constat : leur population vieillit, et vite.
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