Autonomie vs Dépendance : pourquoi cette confusion nous coûte cher (et comment s'en sortir)
Ces deux termes ne désignent pas la même réalité : comprendre la différence pour mieux identifier les solutions adaptées à chaque situation
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Mercredi, je vous ai invité à réfléchir aux bons mots - ceux utilisés par vos clients - pour décrire leur problème et y trouver des solutions sur Google.
J’ai montré comment les internautes utilisent massivement dépendance plutôt que perte d’autonomie.
Cet exemple me dérange, et peut-être vous a-t-il aussi dérangé, car les deux termes qui sont employés indifféremment pour désigner une situation spécifiquement liée au vieillissement pathologique ne veulent pas dire la même chose.
Et même si vous pardonnerez la confusion à vos clients, il me semble utile que vous sachiez faire la part des choses.
Je vous propose donc un éclairage, afin de vous aider à répondre à LA question :
Comment distinguer perte d’autonomie et dépendance ?
Précisions lexicales
La définition de la perte d’autonomie, de la dépendance et de l’indépendance sont nécessaires pour bien cerner le problème des personnes qui les subissent.
La conséquence est la nécessité de se faire aider. Mais l’aide que l’on pourra apporter à une perte d’autonomie ne viendra pas résoudre un problème de dépendance, et vice-versa.
Dépendance et perte d’autonomie : des notions différentes
L’autonomie est la capacité d’un individu à se gouverner lui-même ; y compris à gérer sa dépendance. C’est une indépendance par rapport à une décision, et non pas par rapport à des moyens.
Elle est à opposer à l’hétéronomie dans laquelle une autre personne gère ce qui arrive, sans en référer aux besoins et désirs de la personne concernée.
La dépendance est l’impossibilité partielle ou totale pour une personne d’effectuer sans aide les activités de la vie, qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales, et de s’adapter à son environnement.
La notion de dépendance renvoie à l’idée d’un besoin en soins de santé, mais aussi en assistance à la vie quotidienne.
Il s’agit généralement d’un besoin de longue durée lié à une perte d’autonomie.
La personne âgée peut soit rester autonome jusque à la fin de sa vie, soit rester autonome jusque à un certain âge, avant de devenir dépendante jusque à son décès.
La dépendance et la perte d’autonomie : des notions complémentaires
Les notions de perte d’autonomie et de dépendance se complètent. Elles sont à prendre en compte pour répondre au mieux au besoin de la personne âgée.
Les causes de dépendance sont variées avec l’intrication de facteurs médicaux, psychiques et sociaux.
Les conséquences de la dépendance intéressent la personne âgée, son entourage ou les acteurs médico-sociaux mais aussi les acteurs de santé publique.
La réversibilité des incapacités est extrêmement faible après 80 ans. La dépendance est donc un risque chronique.
J’ai emprunté la définition de perte d’autonomie et de dépendance à la thèse de Florent Lachal, Les nouvelles technologies : une réponse aux effets physiologiques du vieillissement et des maladies liées au grand âge (2015).
Voyons à présent quelles réponses apporter dans quelques situations caractéristiques
Un colocataire pour Bastien, 79 ans.
Bastien habite un grand appartement acheté il y a 40 ans pour sa famille. Veuf, avec des enfants partis du foyer, il peine à couvrir ses dépenses avec sa retraite. Les frais d'entretien, d'aide à domicile et médicaux deviennent insurmontables.
Résultat: il se restreint, reste cloîtré chez lui et s'isole socialement. L'EHPAD lui semble la seule option, bien qu'il soit ni malade ni dépendant - une perspective qui le désole.
En l’espèce, il n’y a pas de dépendance, au sens où je l’entends, Bastien est limité dans son autonomie par ses capacités financières insuffisantes. Des solutions pratiques peuvent y remédier.
Puisque Bastien dispose d'un grand appartement auquel il tient, deux options cumulables s'offrent à lui:
Accueillir un colocataire plus jeune via un programme de cohabitation intergénérationnelle,
Vendre en viager pour augmenter ses ressources afin de financer les aides nécessaires tout en restant chez lui.
Un Monte-escalier pour Marthe et René, 88 et 89 ans
Ils vivent dans une très coquette maison de pêcheur, à Dieppe. La maison est construite sur deux étages mais depuis que Marthe a perdu l’équilibre dans l’escalier et s’est cassé le col du fémur, le couple a emménagé au rez-de-chaussée et ne monte plus dans les étages, ce qui les prive de beaucoup de confort, mais comment faire autrement ?
A nouveau, un vrai cas de dépendance lié à une perte de motricité. Sachant qu’environ 35–40% des maisons individuelles françaises sont de plain-pied, tandis que 60–65% possèdent un ou plusieurs étages, la situation de Marthe et René est assez classique.
De prime abord, on pourrait conseiller au couple l’achat d’un monte-escalier, mais je préfère leur recommander de solliciter une structure d’accompagnement (les fameux assistants à maîtrise d’ouvrage, ou AMO) pour réaliser un bilan complet de son logement et de ses usages, avant de réaliser des travaux ou d’acheter les aides techniques pertinentes.
Le recours aux AMO, obligatoire dans le cadre de dispositifs comme Ma Prime Adapt’, vous offre deux avantages :
Savoir ce dont vous avez vraiment besoin pour ne pas vous faire enfumer
Trouver les aides auxquelles vous êtes éligible et vous aider à monter les dossiers
Et, cerise sur le gâteau : vous conseiller des aides techniques qui, parfois, évitent une rénovation ou une acquisition coûteuse.
Une barre d’appui pour des nuits tranquilles
Mickael Briquet, co-fondateur et dirigeant de Merci Julie, une structure qui propose notamment un service d’AMO pour “Ma Prime Adapt’”, m’a donné un autre exemple éclairant :
Quand vous faites une demande APA, votre prestation est déterminée selon le GIR, c’est-à-dire votre niveau de dépendance évalué à partir de la grille Aggir. Cet outil repose sur l’observation de comportements réalisés - ou non - en autonomie par la personne évaluée.
Plus vous cochez de cases dans la colonne “pas autonome”, plus votre GIR se rapproche de 1 (sur une échelle de 1 à 6) et plus vous êtes considéré comme dépendant.
Malgré des critiques sur la méthode, le GIR est LA référence pour les professionnels du médico-social et leurs financeurs.
En principe, le GIR doit être réévalué chaque année, en observant, à nouveau, le comportement de la personne âgée “Girée”.
Et si cette personne utilise une aide technique, celle-ci doit être intégrée à l’évaluation.
Par exemple, vous évaluez une personne qui a besoin d’assistance pour se lever de son lit. Elle porte des protections urinaires car, souvent, la nuit, si elle a besoin d’uriner, comme elle ne veut pas ennuyer son conjoint, elle doit “se faire pipi dessus”.
Outre l’inconfort, c’est une situation très humiliante et dégradante. En termes analytiques. C’est aussi considéré comme un facteur de dépendance, si vous évaluez le GIR.
Certes, cette personne pourrait bénéficier d’une prise en charge APA, et donc d’heures d’aide à domicile, mais il est probable que ces aides seront insuffisantes car elles ne couvriront pas les nuits.
Il existe cependant une solution.
En installant une poignée de levage, une barre d’appui, des aides techniques qui donnent une prise pour se lever sans assistance, la personne retrouve l’autonomie perdue, peut à nouveau se lever la nuit et arrêter de porter des protections urinaires pour incontinents. Ces dispositifs préventifs peuvent être pris en charge via l’APA. Leurs atouts :
C’est moins cher
On ne dépend pas d’un tiers pour se faire aider
Autonome ou dépendante ?
Dans cet exemple, la personne est autonome dans sa prise de décision.
Elle est consciente de son problème, elle a choisi la moins mauvaise des solutions palliatives car elle dépend d’une aide tierce pour gérer sa situation.
Elle est dépendante car elle a perdu la capacité physique pour se lever de son lit.
En l’espèce, vous voyez - j’espère - que la dépendance touche un tout petit aspect de la vie d’une personne qui est par ailleurs parfaitement autonome, jusque dans le choix d’une solution pour corriger sa dépendance.
Un béguinage pour Josette, 83 ans
Josette vit dans le village où elle est née et dans la maison où elle a toujours vécu. Seulement elle éprouve de plus en plus de difficultés à se rendre au centre bourg pour faire ses courses car le chemin est long et il n’y a pas de bus.
ça tombe bien, car une association locale et dynamique voudrait créer un habitat partagé en partenariat avec le bailleur social du cru. Reste à persuader Josette de déménager, ce qui pourrait se faire grâce à l’intervention d’organismes spécialisés dans la mobilité résidentielle des seniors, comme My Jugaad !
Pour conclure
Quel que soit votre problème de perte d’autonomie, dès lors qu’elle n’est pas imputable à votre dépendance, il existe forcément une solution pour vous rendre votre autonomie.
J’ai déployé des trésors de pédagogie, rassurez-moi :
Bonjour Alexandre, La dépendance au numérique ou l'illectronisme des séniors est ignorée de tous y compris des membres de la Silver Economie. J'aurai bien voulu échanger à ce sujet étant atteint à 78 ans par cette dépendance alors que je continue à effectuer mon activité professionnelle à 100 % mais avec un illectronisme de plus en plus important. C'est un véritable sujet et fléau sociétal et une solidarité intergénérationnelle inexistante ou inadaptée. Click&Moi par exemple ne se met pas à la portée des séniors alors qu'il suffirait d'un peu d'humain comme un n° de téléphone "SOS" dédié pour que tout change... Bien cordialement, Dominique CHARRIER
Licence en Droit-Sciences Juridiques 1972
Expert-Conseil en VIAGER depuis 1977
Port. : 06.62.55.93.20 - Tél : 05.56.40.23.56
Site : http://www.viager-ethique.fr
"Le viager, c'est comme le golf, quand le geste est beau le résultat suit… »
Je pense que le plus compliqué reste bien évidemment la solitude. Des personnes qui veulent vieillir chez elles mais ne veulent pas de personnes étrangers chez elles mais souffrent de solitudes. Elle aimerait avoir ses enfants à proximité de chez elle pour être rassurée et avoir des solutions au petit tracas du quotidien : changer une ampoule, changer une chasse d’eau, comprendre un courrier reçu, … et puis tout simplement voir qqun et discuter