Bien être et Longévité : TOP 7 des tendances 2024

Prévention | Génomie | Suppléments | Biotech | Agetech... l'avenir s'annonce radieux dans la Silver économie vue sous l'angle du bien être !

Il y a deux semaines, j’ai tenté de cartographier les 4 piliers de la Silver économie en 2024¹. J’expliquais que - selon mes observations de l’offre, de la recherche et les focus des investisseurs dans le monde - l’adaptation de la société au vieillissement converge dans 4 piliers interdépendants :

• Pilier social qui couvre le champ actuel de la Silver économie française. C’est-à-dire une approche autour de la dépendance, sa prévention et surtout sa prise en charge (comme l’atteste d’ailleurs la PPL “Grand Age”, validée au Sénat cette semaine et dont j’ai fait l’analyse dimanche dernier)

• Pilier longévitiste qui concentre toutes les recherches génomiques et biologiques de traitements, de régimes ou d’interventions cellulaires pour allonger la durée de la vie. Des technologies qui sont encore au stade prototypal, mais qui intéresse beaucoup d’investisseurs ainsi que les tycoons de la Silicon Valley (plus de détails en annexe²)

• Pilier curatif, fortement médicalisé. Il est concentré sur la recherche médicale ciblée vers des pathologies spécifiques, notamment les troubles neurodégénératifs, l’AVC, le diabète, les cancers et les maladies cardio-vasculaires

• Pillier préventif, très à la mode, mais peu doté, va s’intéresser aux offres de produits et services qui peuvent anticiper, ralentir et même éviter les troubles de santé dont la prévalence augmente avec l’âge.

Mapping

Déterminer des axes interconnectés permet de construire un mapping analytique où classer offre et demande. Afin d’offrir, de l’écosystème, une nouvelle cartographie, alignée avec les préoccupations du siècle.

Essayons de dessiner ce mapping des 4 piliers.

Il faudrait utiliser cette grille de lecture pour analyser l’impact et le positionnement des projets que je découvre. Je m’y emploierai dans ma newsletter Premium du 3 avril.

Stay tuned !

Vision non binaire

Il serait tentant de ranger toute une catégorie d’offre dans un même pilier, mais les choses sont un peu plus compliquées.

Prenons une grande classique de la Silver économie : la téléassistance. On ne présente plus cette aïeule de toutes les gérontechnologies³.

La téléassistance, c’est - me direz-vous - un système curatif qui va permettre à une personne qui chute d’alerter les urgences pour se faire relever et - si nécessaire - hospitaliser sans délai.

Cependant, c’est aussi un dispositif préventif ainsi qu’un moyen de rompre l’isolement social en contactant le centre d’écoute pour tailler une bavette.

Et c’est sans compter sur les initiatives des téléassisteurs qui mettent en place des offres d’appel sortant, dits “de courtoisie”, afin de prendre des nouvelles de leurs clients, créant un lien social à fort impact.

Cette petite introduction vous montre que des services, des produits où des concepts peuvent avoir un impact curatif et en même temps un impact préventif. Ou bien, comme la téléassistance, un impact préventif, curatif et social. Cette catégorisation que je vous ai présentée n’a donc pas vocation à enfermer les offres dans des cases hermétiques, mais plutôt à comprendre les dynamiques de la Silver économie.

Dynamiques que je vais à présent exploiter pour vous parler des tendances du bien-être en 2024

Le bien-être et la longévité

Je viens d’acheter (et lire en grande partie) le Global Wellness Summit’s annual trends report, l’étude prospective la plus profonde des tendances de ce marché. Et ce qui a motivé mon investissement (100 $), c’est que l’une des tendances étudiées dans le rapport est la longévité.

L’auteur du rapport n’hésite pas à qualifier la longévité de :

Nouveau pilier de l'industrie considéré comme le "genre le plus récent et le plus en croissance dans le bien-être", encourageant de nouvelles entreprises florissantes fusionnant applications médicales et de bien-être.

C’est intéressant à deux points de vue.

La longévité commence à intéresser au-delà de la Silver économie

D’abord parce que c’est l’une des manifestations d’un intérêt croissant pour l’adaptation de la société au vieillissement de secteurs économiques qui n’étaient pas identifiés dans la Silver économie.

Nous pouvons donc arrêter de chouiner que la Silver économie n’intéresse que les membres de la filière Silver économie. Voici la preuve que le sujet dépasse cette petite limite.

Et ça, c’est une super bonne nouvelle pour tout le monde, car c’est la voie vers un élargissement de la réflexion d’une part, mais aussi des financements, du marketing et de l’ouverture à un marché plus vaste que celui dans lequel semble enfermée la Silver économie…

Et qui est en train d’asphyxier certains acteurs qui ont du mal à trouver des clients.

Cela veut dire qu’une autre voie est possible pour les acteurs du changement qui veulent se lancer. Mais aussi que des pivots ou des partenariats peuvent être envisagés par les acteurs installés, afin d’élargir leur champ d’action et d’introniser des acteurs moins familiarisés au marché des seniors.

C’est aussi une bonne nouvelle pour la santé des citoyens

Comme vous allez le découvrir dans le TOP 7 ⬇️ ⬇️ ⬇️ les tendances de bien-être recoupent les 4 axes que je vous ai présentés en ouverture. Ils contribuent à un vieillissement en meilleure santé, avec tout le train de bénéfices indirects que l’on connaît : moins d’hospitalisations, d’Ehpad, de dépendance, d’isolement, etc.

Et, cerise 🍒 sur le gâteau

Il s’agit de besoins pour lesquels des consommateurs sont prêts à investir sans attendre une contrepartie financière de l’Etat, de la Sécu ou d’un tiers quelconque.

Ainsi, nous avons là une liste de courses qui ne coûteront rien au contribuable, amélioreront la santé, le bien-être, le moral et la joie de vivre de nos concitoyens. En cette période de morosité budgétaire et de coupes à tout va, je trouve que c’est plutôt une bonne nouvelle, pas vous ?

Sans plus attendre, je vous invite à découvre une synthèse des tendances (j’en ferai une étude approfondie - à partir du mapping susmentionné, d’études de cas et d’exemples illustratifs - dans ma newsletter de mercredi 3 avril, réservée aux abonnés Premium.

TOP 7 Trends Wellness & Longévité

Le rapport intitulé Longevity has Longevity a été écrite par Kenneth R. Pelletier⁴. Le Dr Pelletier a identifié huit tendances majeures dans les applications pratiques de la recherche sur la longévité dans les cliniques et centres de longévité.

Des interventions de haute technologie pour ralentir le vieillissement cellulaire et réduire l'apparition de maladies liées à l'âge, aux interventions de basse technologie non obtenues par la pharmacologie ou les avancées technologiques, mais plutôt par le style de vie et l'environnement, ces tendances auront un impact sur l'avenir de notre espérance de vie et de notre durée de vie.

Voici un résumé des tendances :

#1 Plans de Longévité Personnalisés

Les cliniques de longévité ou les "centres" (pas les spas) sont susceptibles de se concentrer de plus en plus sur des plans de santé personnalisés adaptés à la génétique, au mode de vie et aux risques spécifiques pour la santé d'un individu.

Cela impliquera des tests génétiques complets et continus, une analyse épigénétique et des évaluations avancées de biomarqueurs pour créer des stratégies de longévité personnalisées. Il existe littéralement des centaines de centres de longévité à travers le globe.

Les avancées dans les technologies d'imagerie médicale, l'identification des biomarqueurs et les outils de diagnostic non invasifs permettront une détection et une intervention précoces pour les maladies liées à l'âge.

#2 Sénolytiques

La pharmacologie se tourne de plus en plus vers la médecine personnalisée, où les traitements sont adaptés au génome et au profil de santé d'un individu. Au fur et à mesure que la recherche sur la sénescence et les sénolytiques (médicaments qui ciblent et éliminent les cellules sénescentes) progresse, les cliniques de longévité proposeront de plus en plus de thérapies visant à ralentir le processus de vieillissement.

Ces traitements pourraient inclure des médicaments sénolytiques et nootropiques ainsi que des plantes médicinales/spores indigènes, des thérapies régénératives et des interventions d'édition de gènes CRISPR pour lutter contre les maladies liées à l'âge.

Les pharmacologies sénolytiques incluent la Metformine, la Rapamycine, le Resvératrol et le NAD (nicotinamide adénine dinucléotide), pour n'en nommer que quelques-uns (j’en ai établi une liste complète, si ça vous intéresse).

#3 Nutrigénomique et interventions alimentaires

Les centres de longévité intégreront de plus en plus la nutrigénomique, l'étude de l'interaction entre le régime alimentaire et la génétique, pour développer des plans de nutrition personnalisés.

Les individus recevront des recommandations spécifiques basées sur leurs prédispositions génétiques pour optimiser leur régime alimentaire en vue de la longévité et de la prévention des maladies. Les recommandations alimentaires passent d'une formule "universelle" à des choix adaptés selon les profils génétiques.

#4 Régénération des télomères

La recherche sur les télomères, les protège-embouts situés aux extrémités des chromosomes impliqués dans le vieillissement, continue d'être un domaine important dans la recherche sur la longévité.

Explication du problème des télomères dans cette vidéo :

Les interventions pour maintenir ou allonger les télomères, et potentiellement ralentir le processus de vieillissement cellulaire comprennent :

• L'activation de la télomérase,

• Les thérapies à base de cellules qui impliquent l'introduction de nouvelles cellules plus jeunes avec des télomères plus longs dans le corps,

• Des médicaments expérimentaux pour allonger les télomères qui visent à influencer les voies impliquées dans la maintenance et l'allongement des télomères.

#4 Santé numérique et soins de santé pilotés par AI/GPT

Il est probable que les centres de longévité utiliseront les technologies de santé numérique et l'intelligence artificielle (IA) pour la détection précoce des maladies, le suivi continu de la santé et l'optimisation des traitements.

Les appareils portables, les applications de santé et les analyses pilotées par l'IA peuvent fournir des données et des informations en temps réel pour une gestion proactive de la santé.

La technologie portable permet une surveillance continue des signes vitaux, de l'activité physique et des habitudes de sommeil, permettant aux individus de gérer activement leur santé.

#5 Génétique et Génomique

Les connaissances génétiques ont généré des avancées en génétique, et les génomiques ont fourni une compréhension précieuse des facteurs génétiques qui influencent la longévité. Les chercheurs étudient les centenaires et leur constitution génétique pour identifier les gènes associés à la longévité.

Les technologies d'édition de gènes telles que CRISPR-Cas9⁵ offrent la possibilité de modifier les gènes associés au vieillissement et aux maladies liées à l'âge, bien que des préoccupations éthiques et de sécurité doivent être abordées.

Il existe un nombre croissant de tests épigénétiques fiables, précisément prédictifs, basés sur des preuves.

#6 Sociaux, mode de vie et environnementaux

Les facteurs de réseaux sociaux forts et l'engagement communautaire sont associés à une longévité accrue et à la promotion de comportements sains. Les facteurs environnementaux sont essentiels pour réduire l'exposition aux toxines environnementales.

La promotion de l'air et de l'eau propre peut contribuer à une meilleure santé et longévité.

Les régimes, les suppléments nutritionnels et l'activité physique régulière, la gestion du stress et la méditation ont un impact significatif sur la longévité.

En synthèse, toutes les stratégies de prévention identifiées de longue date par la science, que l’on retrouve aussi dans les zones bleues… Rien de vraiment nouveau sous le soleil, mais vu que ce n’est pas encore devenu l’hygiène de vie mainstream de l’humanité, nous devons en répéter encore et encore les bienfaits.

#7 Biohacking

Il existe de nombreuses formes de biohacking, un terme inventé par l'auteur Dave Asprey en 2004. Même si le terme fait un peu peur, il désigne surtout des techniques préventives douces telles que :

• Le régime méditerranéen : cuisiner à l’huile d’olive, manger des légumes et du poisson, équilibrer son alimentation ;

• Le jeûne intermittent :

Ainsi que des technologies un peu plus expérimentales, plutôt pratiquées par une petite minorité d’extrémistes :

• Les transfusions de "jeune sang",

• L’inhalation d'oxygène hyperbare,

• La cryonie : technique de “congélation” du corps après la mort dans le but de se faire “réveiller” quand la science aura trouvé un remède à la cause du décès. Pour comprendre dans le détail le concept, lisez ce long article publié sur Wait But Why (en anglais)

Et enfin, l'immersion dans l'eau glacée popularisée par Wim Hof… Dont je vous recommande le film de présentation, histoire de changer d’air…

Joyeuses Pâques 👋🏼

Et c’est fini, les amis de Longévité !

Merci d'avoir lu ce dossier !

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Je pense bien à vous jusqu’à notre prochain rendez-vous.

- Alexandre 🤘🏼

1. Édition du 20.3.24 : Comment exploiter les 4 tendances de la Silver économie

2. Sam Altman, le CEO de Open AI (Chat GPT) a investi 800 millions $ dans un side project baptisé Retro Bioscience.

Jeff Bezos a investi des centaines de millions de dollars dans Altos Labs, basé à San Diego, qui est extrêmement secret et a attiré certains des scientifiques les plus impressionnants et décorés en matière de longévité provenant des universités du monde entier. Avec un engagement total de 3 milliards de dollars de la part de Bezos, Yuri Milner et d'autres personnes, Altos pourrait être le laboratoire de longévité le mieux financé.

Le milliardaire Peter Thiel a accepté de manière célèbre d'être cryonisé après sa mort, afin de pouvoir revenir à la vie plus tard. Il a également fait des dons en argent à Aubrey de Grey, qui défend l'idée selon laquelle nous pourrions "échapper" à la vitesse de la mort un jour prochain.

Citons enfin le milliardaire allemand Christian Angermayer, président de Cambrian Bio, qui se concentre sur le développement d'une large gamme de pilules et de traitements pour améliorer le vieillissement, dans diverses start-ups, notamment une qui vise à retarder le vieillissement des ovaires des femmes et à prolonger leur fenêtre de fertilité.

3. Sa création remonte à plus de 50 ans. C’est Valéry Giscard d’Estaing qui en a facilité la diffusion en France à la fin des années 1970. Et il n’était précurseur que dans l’hexagone, cette technologie, au demeurant fort simple, existait déjà au Royaume-Uni et chez d’autres voisins européens.

4. Titres du Pr Pelletier : MD, PhD, professeur clinique de médecine, de médecine familiale et communautaire, et de psychiatrie dans les départements de médecine et de psychiatrie à l'École de médecine de l'Université de Californie, San Francisco (UCSF), récent récipiendaire du Visionary Award 2024 lors du Symposium sur les soins de santé intégratifs… Pas un perdreau de l’année, donc.

5. Cas9 (Protéine 9 associée à CRISPR) est une protéine d'origine bactérienne qui a des propriétés qui aident à lutter contre les virus. Elle est utilisée en biologie moléculaire pour couper l'ADN à des endroits spécifiques.

Cas9 est une enzyme qui guide la découpe de l'ADN en utilisant l'ARN, elle peut couper l'ADN en deux endroits, un pour chaque brin de la double hélice.

La protéine Cas9 est associée à un système immunitaire adaptatif appelé CRISPR de type II (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats). En génie génétique, on peut utiliser cette enzyme pour modifier facilement et rapidement le génome des cellules animales et végétales. Avant l'existence de Cas9, il y avait déjà des outils pour modifier le génome depuis les années 1970, mais ils étaient moins efficaces, plus compliqués et plus chers. La technique Cas9, appelée "ciseaux moléculaires", suscite beaucoup de discussions en raison de ses possibilités de guérir des maladies génétiques, mais aussi des risques éthiques associés à son utilisation. Les questions sur la modification génétique sont liées à la Convention sur les droits de l'homme et la biomédecine de 1997, qui mentionne dans son article 13 que toute intervention visant à modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques, et seulement si elle ne vise pas à modifier le génome des futures générations.