Quel avenir pour le robot de compagnie en Silver économie : mon analyse 🤔
Définition | Analyse Offre et Demande | Pourquoi ça fait peur ? | Etude de cas ElliQ à New York | Etude sur l'impact social des robots | Interview de François Millet
Le gouvernement français investit 80 millions € dans la robotique pour réduire l'écart entre recherche et utilisation. Deux appels à projets sont lancés : 30 millions € pour la recherche et 50 millions € pour les start-up et entreprises déjà actives.
L'objectif est d'amplifier l'industrie robotique en favorisant l'innovation et l'essor des entreprises.
Au total, 800 millions € seront alloués pour ces projets dans le cadre du plan France 2030 afin de rattraper d'autres pays, avec des applications prévues en agriculture, aide aux personnes, industrie et santé.
Deux Chiffres édifiants
Notre pays est classé dans le Top 5 mondial en matière de publications scientifiques sur la robotique, mais n'est que seizième en termes de densité robotique.
J'ai recensé une demi-douzaine de start-up robotiques dédiées à l'aide à domicile dans la Silver économie.
Aucune ne se porte très bien.
Aucune n’est une licorne.
Mais ce n'est pas une question de subventions.
C'est même le contraire.
Ces projets qui ont pu se développer grâce aux subventions n’ont pas réussi à trouver des clients pour prendre le relais, car ils n’ont pas identifié des cas d’usage dans lesquels le robot pourrait être un avantage concurrentiel.
Cependant, dans un monde où les percées technologiques sont plus nombreuses que les avancées sociales, il n’est pas idiot de s’interroger sur la pertinence de tels produits dans la Silver économie.
C’est ce que je vous propose d’amorcer dans ce dossier.
Voici ce que vous y découvrirez :
La nature, la fonction et le fonctionnement d’un robot de compagnie
Les origines du mot et l’analyse des causes de notre réserve vis-à-vis des robots domestiques,
Mon analyse de la demande, histoire de répondre à la seule question qui fasse sens : à quel besoin - non satisfait - répondrait un robot domestique.
Mon analyse de l’offre, non pas pour comparer l’existant, mais plutôt pour essayer de comprendre l’effort physique, technologique et financier à déployer pour développer un robot domestique.
Une étude de cas consacrée au déploiement du robot de compagnie ElliQ auprès de seniors de l’Etat de New-York (USA)
Mon interview choc de François Millet, Président de la firme française Anthrop qui a développée un assistant vocal appelé Barnabé,
Une étude scientifique analysant l’impact social des robots de compagnie.
Qu’est-ce qu’un robot ?
Un robot, c’est une interface. Un objet qui va interagir avec son environnement en suivant les consignes qui lui sont dictées par un programme informatique.
Pour créer un robot, il faut une équipe d’ingénieurs qui vont penser l’objet / interface en fonction des interactions qu’il aura avec son environnement.
Le robot doit-il se déplacer ?
Sur quel type de terrain va-t-il évoluer ?
Quelle sera sa source d’énergie ?
Comment se recharge-t-il ?
Doit-il pouvoir attraper des objets ?
Aura-t-il des échanges avec les humains ?
Quels capteurs faut-il utiliser pour analyser l’environnement : un radar, un sonar, une caméra, un micro, un thermographe ?
Une autre équipe dotée de compétences différentes va écrire le programme permettant au robot de traduire ses observations et d’agir en conséquence.
Des robots existent depuis plusieurs décennies mais vous ne les voyez pas.
Dans l’industrie (ils se présentent alors sous la forme de bras polyvalents capables de transporter, tordre, souder, riveter et assembler des voitures et d’autres produits complexes) .
Dans certains hôpitaux où ils aident les équipes à exécuter des travaux de précision.
Dans certains EHPAD, comme le phoque Paro ou le lutin Nao.
Dans certaines forces armées, notamment dans les opérations de déminage.
Voilà.
Un robot, c’est cela
Le reste n’est que littérature et projection de nos doutes et craintes sur un objet inanimé et bien moins menaçant qu’un Colt 45, un hooligan bourré ou un SUV (surtout s’il est conduit par un hooligan bourré et armé d’un Colt 45).
PS : je fais un point sur la question des craintes et les fondements de nos peurs un peu plus loin.
Et donc, si vous songez à développer un robot, la seule question que vous devriez vous poser, c’est savoir s’il pourra répond à un besoin.
Posons-la nous.
Les robots domestiques face à la silver économie : quel besoin pour quel usage ?
Dans le contexte de la silver économie, alors que les besoins des seniors évoluent et que la technologie progresse rapidement, la place des robots domestiques est encore sujette à débat. Trop d’éditeurs de solutions voudraient vous convaincre de l’utilité indiscutable de cette solution, mais peu d’entre eux semblent s’être interrogés sur les véritables atouts de ces machines face à des solutions déjà existantes.
La première question
La première question qui se pose est la suivante : cherchons-nous à créer un robot capable de répondre à un ensemble varié de besoins ou de se concentrer sur un besoin spécifique ?
Il est crucial de distinguer ces deux perspectives, car elles guident la conception et l'application de ces machines.
En effet, de nombreux besoins domestiques ont déjà leurs solutions automatisées dédiées : tondeuses automatiques pour les jardins, aspirateurs-robots pour dépoussiérer la moquette, thermostats électroniques pour réguler la température, Thermomix pour faire la cuisine comme Michel Oliver, etc.
Ces solutions, bien que limitées à un usage unique, répondent efficacement à des besoins spécifiques. Dans ce contexte, qu'apporterait réellement un robot doté d'une interface physique complexe ?
La polyvalence, pardi !
L'un des atouts potentiels d'un robot domestique serait sa polyvalence. Là où plusieurs appareils sont nécessaires pour accomplir différentes tâches, un robot polyvalent pourrait centraliser ces fonctions, simplifiant potentiellement la vie de l'utilisateur.
Cependant, cette polyvalence doit être mise en balance avec l'efficacité. Un appareil dédié à une seule tâche est souvent optimisé pour cette tâche, alors qu'un robot polyvalent pourrait faire des compromis sur certains aspects.
Résoudre des problèmes qui n’existent pas
L'autre argument en faveur des robots domestiques est leur capacité potentielle à répondre à des besoins encore non satisfaits.
Par exemple, si un senior vit seul et éprouve des difficultés dans la réalisation de tâches complexes ou multiples, un robot domestique pourrait jouer un rôle d'assistant global, non seulement en exécutant des tâches, mais aussi en interagissant, alertant ou même en offrant une présence rassurante.
La question de l'interface physique est essentielle.
Au-delà de la simple exécution de tâches, la présence physique d'un robot pourrait combler un vide, offrir une interaction tangible, voire compenser certains manques humains.
Et donc, est-ce que ça vaut le coup ?
Pour conclure, la véritable interrogation pour les acteurs de la Silver économie ne devrait pas être si nous avons besoin de robots domestiques, mais plutôt quels besoins non satisfaits ces robots pourraient-ils combler de manière unique.
Avant d'envisager la conception ou l'adoption d'une telle technologie, il est impératif de comprendre profondément ces besoins et d'évaluer comment, et si, un robot domestique pourrait y répondre de manière optimale.
En outre, on pourrait s’interroger sur l’utilité de développer un robot qui se déplace, s’il s’avère que la plupart des besoins portent sur des tâches qui pourraient être traitées par un smartphone ou une enceinte connectée.
Nous aborderons ce point de l’interface avec François Millet dans l’entretien que vous découvrirez à la fin de ce dossier.
Mais avant cela, j’aimerais faire un point sur le débat polyvalence vs spécialisation. Et pour cela, je vais reprendre l’extrait d’une autre interview, celle de Samuel Corgne, le président directeur général d’Ergosanté.
Polyvalence vs Spécialisation
On l’a vu, l’une des questions qui se pose quand on songe à développer un robot, c’est choisir entre un appareil spécialisé ou polyvalent.
Les projets de robots domestiques penchent en faveur d’un robot polyvalent, véritable majordome qui sache répondre à plusieurs besoins exprimés par ses propriétaires, à la manière de Passepartout dans Le Tour du Monde en 80 jours, de Jules Vernes.
L’année dernière, j’ai rencontré un entrepreneur cévenol qui développe une gamme d’exosquelettes spécialisés. Dans une interview qu’il m’a accordé, il explique pourquoi avoir opté pour la spécialisation. Je trouve que son argument pourrait être applicable à la réflexion sur le robot domestique. Voyez plutôt.
Samuel Corgne
Les exosquelettes évoquent souvent l'homme augmenté et le fantastique. En 2014, j'ai cherché des exosquelettes existants, mais il y en avait peu. Quand nous les intégrions chez nos clients, le fabricant s'impliquait directement.
Cela venait du marché peu mature. Les coûts de développement étaient élevés, et les sociétés voulaient vendre sans intermédiaire pour augmenter leurs marges. Cette approche ne me semblait pas éthique. Je préférais une équité maximale dans les affaires.
J'ai élaboré un cahier des charges. À cette époque, l'offre était limitée. J'ai imaginé un exosquelette polyvalent, comme un "couteau suisse", configurable pour diverses tâches. L'idée était qu'il ne soit pas porté en permanence, mais configuré selon les besoins. En 2018-2019, nous avons lancé notre premier exosquelette.
Vu que le marché a évolué et que la concurrence aussi a évolué, nous avons pu constater que les exosquelettes se concentraient sur deux ou trois postures contraignantes. De toute façon, il suffit de regarder la répartition des troubles musculo-squelettiques (TMS). Cela donne le plan d’action pour la répartition de marché. Les problèmes de dos en se penchant, et les problèmes d’épaule en travaillant soit les bras en extension, soit les bras en l’air.
Je pense que nous avons mis un gros coup de pied dans la fourmilière, parce que notre deuxième exosquelette, le Hapo du dos, nous l’avons sorti à moins de 1 000€. Le premier produit concurrent était à 5 000 ou 6 000€. C’est sûr que ça a fait grincer un peu des dents pas mal de concurrents. Mais bizarrement, tout le monde s’aligne.
In fine, c’est peut-être moins bien pour les marges, mais c’est bien pour l’utilisateur. Parce que le marché de l’exosquelette, je pense, existera à partir du moment où il franchira la porte des maisons des individus. Donc, ça peut être la porte des personnes âgées. Tant que ça restera dans le monde du travail, on effleurera le marché. Le vrai besoin, il est quand même à la maison.
Lire l’intégralité de mon entretien avec Samuel Corgne
Ceci étant dit, intéressons-nous à présent à l’offre. Partons de votre situation. Vous êtes un entrepreneur de la Silver économie et vous avez détecté un problème, une demande des consommateurs qui n’est pas satisfaite. Vous sentez une opportunité businesse et vous vous dites que ça pourrait être pertinent d’y répondre avec un robot.
Concrètement, comment vous faites ?
Les robots domestiques dans la silver économie : Opportunités et défis pour les fournisseurs
Le paysage technologique évolue à une vitesse fulgurante, poussant sans cesse les limites de l'innovation. Dans ce contexte, les robots domestiques dédiés à la Silver économie représentent à la fois une immense opportunité de marché et un défi de taille pour les fournisseurs. Comment donc peser les avantages de ce nouveau segment contre les obstacles potentiels?
Opportunités
La demographie est sans doute le premier facteur à prendre en compte. Avec une population vieillissante dans de nombreux pays, la demande d’assistance et de solutions d'automatisation pour les seniors est en plein essor. Cette croissance démographique pourrait mener à une augmentation significative de la demande en matière de robots domestiques.
De plus, les avancées technologiques récentes en matière d'intelligence artificielle, de capteurs et d'autonomie des batteries ouvrent la porte à des robots domestiques plus performants et abordables. Ces progrès peuvent permettre aux fournisseurs de proposer des solutions adaptées à des besoins précis, alliant efficacité et rentabilité.
Enfin, la convergence technologique est un atout considérable. Les robots domestiques, intégrés à d'autres dispositifs connectés du domicile (comme les thermostats intelligents ou les systèmes de sécurité), peuvent offrir une expérience utilisateur optimale et centralisée.
Défis
Cependant, les défis sont multiples. Le premier est la complexité technique. Si créer un robot performant dans une tâche spécifique est déjà un défi, imaginer une machine polyvalente, adaptée à de multiples besoins des seniors, est une tout autre histoire.
Ensuite, la mobilité. Est-il vraiment nécessaire que ces robots soient mobiles ? Si certains cas d'usage, comme l'assistance à la mobilité des seniors, nécessitent un robot déplaçable, d'autres, comme la gestion de l'environnement domestique, pourraient être assurés par des systèmes fixes. Le développement d'une interface mobile engendre des coûts et des complications supplémentaires, tant en matière de conception que de maintenance.
De plus, l'acceptabilité sociale et la confiance des utilisateurs sont des enjeux majeurs. Convaincre les seniors de la fiabilité et de la sécurité de ces robots, tout en veillant au respect de leur vie privée, est crucial.
Enfin, la question de la concurrence. Avec tant d'appareils dédiés répondant déjà efficacement à des besoins spécifiques (comme les aspirateurs robots ou les tondeuses automatiques), le défi est de démontrer la valeur ajoutée réelle d'un robot domestique polyvalent.
En somme, les opportunités pour les fournisseurs dans le segment des robots domestiques pour la Silver économie sont vastes, mais elles s'accompagnent de défis de taille.
Avant de se lancer, une analyse approfondie des besoins, des coûts et de la valeur ajoutée de ces robots est impérative. La clé du succès résidera dans la capacité à combiner efficacité technique, compréhension des besoins des seniors et respect des enjeux éthiques et sociaux.
Se lancer dans ce segment, c’est aussi se préparer à faire face à une nuée de détracteurs et de ronchons chroniques.
Je leur dédie la partie suivante de ce dossier.
Les détracteurs du robot dans la Silver économie
En Silver économie et dans le médico-social les réactions sont plus négatives car nous projetons notre perception des robots dans un environnement que nous avons du mal à bien comprendre (qui peut savoir comment une personne de 85 ans acceptera la compagnie d’un robot à part elle-même ?).
En outre, nombre de soignants et aidants professionnels perçoivent le robot (ou toute innovation technologique) comme une menace directe contre leur emploi.
Bien souvent, les détracteurs du robot ont une approche très radicale du sujet.
Ils imaginent déjà que les robots vont remplacer les aidants et les soignants dans tous les cas de figure possible.
Or, même si l’on peut espérer que les robots seront un jour capables de seconder les aidants et les soignants vu qu’il n’y en a pas assez, il est fort probable que le robot pourra contribuer à rapprocher les hommes, et non pas à les transformer en misanthropes agoraphobes.
Vu l’état actuel du marché de l’emploi dans le médico-social, cette posture ne tient pas longtemps la route, même dans la bouche du délégué syndical CGT.
Il faut cependant admettre que le robot domestique souffre d’une image dégradée qu’il me parait utile d’analyser.
Mais d’où viennent cette peur et ce scepticisme ?
On ne peut pas simplement les associer aux postures rétrogrades et anachroniques de certains syndicats ouvriers.
Non, la peur est plus profonde, plus ancrée.
Faisons un petit exercice.
Essayez de vous souvenir de la première fois où vous avez vu un robot en action ?
Était-ce dans la vraie vie ?
Était-ce dans un roman ?
Était-ce au ciné ?
Je parie sur les choix 2 ou 3 !
Les interactions avec les « vrais » robots sont encore quelque chose de rare en 2023 Pourtant, malgré cela, vous savez décrire un robot, expliquer à quoi il ressemble, quelles sont ses limites et pourquoi il ne remplacera jamais l’homme dans toute sa complexité.
Comment expliquer ce paradoxe ?
Comment expliquer cette méfiance à l’égard d’une chose qui n’existe pas ailleurs que dans l’imagination fertile des auteurs de science-fiction et des réalisateurs qui ont pillé leur œuvre ?
La réponse est dans la question.
Le robot n’existe pas encore dans la « vraie vie », mais il est présent dans la littérature, le théâtre, le cinéma et les séries télé depuis des décennies. Nous sommes nourris par une image du robot distillée par les médias depuis notre plus jeune âge et c’est ce matériau qui a façonné la façon dont nous imaginons les robots de demain et les interactions qu’ils auront avec nous.
Les origines du robot
Le terme Robot n’est pas une invention scientifique.
Il s’agit d’un mot de la littérature « inventé » par le dramaturge Karel Capek en 1920. Le terme robot vient du mot tchèque robota qui signifie corvée ou travail forcé. Le robot est une forme plus moderne du Golem biblique dont l’auteur s’est inspiré.
Dans la pièce de Capek, Rossum est un inventeur de génie qui met au point des robots humanoïdes. Ces robots finissent par être produits en masse afin de devenir une force de travail intelligente. Ils sont cependant dépourvus de sentiments et de vie intérieure.
Devenue paresseuse, la société humaine tombe en décadence et les robots intelligents qui se considèrent plus parfaits que l’homme entrent en guerre contre lui.
On constate ainsi que pour sa première apparition dans les concepts, le robot a été d’emblée pensé comme un nouvel esclave mécanique, substituant efficacement l’homme au travail.
La différence entre le robot et l’être humain n’est peut-être pas aussi significative que celle qui oppose l’intelligence et la bêtise. - Isaac Asimov (1953)
Un robot de compagnie pour qui ?
Le robot de compagnie, le robot majordome ne sera pas utile à tout le monde et si vous êtes hyperconnecté, citadin, actif et que vous vivez en couple ou en famille, vous n’avez pas besoin d’un robot compagnon.
Si vous vivez seul, que l’isolement vous pèse, que vous ne comprenez rien aux tablettes et que vous n’avez pas d’autres interactions quotidiennes que le facteur et l’auxiliaire de vie, vous pourriez avoir envie d’un petit compagnon à pattes ou à roulette, avec ou sans yeux doux, qui vous aidera à rester chez vous et autonome sans avoir à bourrer votre maison de capteurs ni prendre une aide à domicile H24.
Et si ça se trouve, il vous aidera même à rencontrer un nouveau compagnon, organique celui-ci, qui habite à 15 kilomètres de chez vous, partage votre passion pour Black Sabbath et la tarte au citron meringuée. Un ami qui aimerait, lui aussi, rencontrer quelqu’un qui lui ressemble et qui, lui aussi, aimerait être moins seul.
N’est-ce pas ?
Tenez, je vais vous prendre un exemple illustratif avec un robot non mobile, non humanoïde développé pour aider les personnes seules à supporter l’isolement et s’organiser dans leur quotidien.
Ce robot appelé ElliQ a été expérimenté pendant le covid aux USA avant d’être déployé l’année dernière dans 800 foyers new-yorkais.
Zoom sur ElliQ
L’année dernière (mai 2022), l’État de New York a décidé de distribuer des robots compagnons au domicile de plus de 800 personnes âgées.
Les robots ne sont pas en mesure d’aider aux tâches physiques, mais fonctionnent comme des versions plus proactives d’assistants numériques comme Siri ou Alexa.
Ils engagent les utilisateurs dans de petites conversations,
Les aident à contacter leurs proches,
Gardent une trace des objectifs de santé comme l’exercice et les prises médicaments.
Le programme est organisé par le New York State Office for the Aging (NYSOFA).
Il veut résoudre le problème croissant de l’isolement social des personnes âgées.
On estime que 14 millions d’Américains de plus de 65 ans vivent actuellement seuls, et ce chiffre devrait augmenter au cours de la prochaine décennie à mesure que la génération des baby-boomers vieillit.
Des études ont suggéré que la solitude à long terme est aussi préjudiciable à la santé d’un individu que le tabagisme.
Pourquoi New York choisit ElliQ ?
Le directeur de la NYSOFA, Greg Olsen, a déclaré que les robots – nommés ElliQ et construits par la société israélienne Intuition Robotics – pourraient aider à résoudre ce problème de santé croissant en encourageant l’indépendance des personnes âgées vivant seules et en offrant de la compagnie.
De nombreuses fonctionnalités nous ont attirés vers ElliQ. Cet outil proactif se concentre sur ce qui compte pour les individus : les souvenirs, la validation de la vie, les interactions avec les amis et la famille et favorise la bonne santé et le bien-être en général. - Greg Olsen
À quoi ressemblent ces robots compagnons ?
ElliQ se compose de deux parties attachées à une seule base. La première partie est un « visage » en forme de lampe avec microphone et haut-parleurs, qui s’allume et pivote pour faire face aux personnes à qui il parle. La seconde est une tablette à écran tactile, utilisée pour afficher des images, des informations supplémentaires et effectuer des appels vidéo.
L’unité a été délibérément conçue pour apparaître plus robotique qu’humanoïde, afin de mieux concentrer l’attention sur ses capacités conversationnelles.
L’avis du constructeur, Intuition Robotics
L’affirmation d’Intuition Robotics est qu’ElliQ peut projeter de l’empathie et créer des liens avec les utilisateurs. Le robot est censé se souvenir des détails clés de la vie d’un utilisateur et façonner son caractère en fonction du sien. Il fera plus de blagues si l’utilisateur a tendance à beaucoup rire, par exemple.
Qui seront les bénéficiaires ?
Les gestionnaires de cas NYSOFA identifieront les personnes susceptibles de bénéficier d’ElliQ en fonction de quelques critères.
ElliQ est conçu pour les personnes âgées de 75 ans et plus, qui ont accès au Wi-Fi, qui sont à l’aise avec les équipements technologiques et qui sont isolées ou seules.
Combien ça coûte ?
Le coût habituel de location du robot est de 250 $ de frais initiaux, puis de 30 $ de frais de service mensuels. La NYSOFA dit qu’en achetant les robots, l’agence sera en mesure de les déplacer plus facilement.
Bilan des courses
Le programme a bien démarré, il fait l’objet de quelques apparitions dans les médias attestant de son intérêt.
Cependant, si l’on peut saluer l’audace des autorités municipales qui ont adopté ElliQ pour lutter contre l’isolement des citoyens, les réactions médiatiques sont toujours du même tonneau.
Un mélange de curiosité, d’étonnement et d’émerveillement d’un côté.
Une forme de scepticisme de l’autre.
Et surtout, l’impression de parler d’un gadget et non d’un outil qui pourrait révolutionner le quotidien.
Même si le robot compagnon offre un intérêt potentiel, il est loin, très loin d’être perçu comme un game changer du quotidien d’une personne âgée.
Tant qu’un usage massif n’aura pas émergé, le robot compagnon, comme le casque VR et le metaverse demeurera un gadget plaisant, mais non essentiel.
Cependant, souvenons-nous que c’était aussi le cas du smartphone avant l’arrivée de l’Iphone 3 et de l’App Store.
La technologie doit encore faire ses preuves et c’est en la diffusant sur le terrain, en testant des usages que les start-up de robotique débloqueront le marché. Reste à savoir si elles auront les reins suffisamment solides pour y parvenir. Tout le monde n’a pas le trésor de guerre d’Apple ou Samsung !
La vision de François Millet, concepteur d’un assistant vocal pour seniors
Alexandre Faure : En tant qu'expert dans le domaine de la robotique sociale pour l'aide à domicile des seniors, comment définiriez-vous la notion de robot social non humanoïde, comme l'enceinte Barnabé, et en quoi diffère-t-elle d'un robot humanoïde ?
François Millet : La robotique sociale humanoïde pour l'aide à domicile n'existe pas. Il y a eu quelques tentatives en institutions médicales ou médico-sociales, mais c'est tout. Personne n'est à domicile et encore moins chez les personnes âgées. Aujourd'hui, il y a deux catégories bien identifiées dans la robotique dite sociale : les humanoïdes et les zoomorphes, associés généralement aux idées de corps, de déplacements et de simulation émotionnelle. Cela se résume à des tablettes roulantes pour les uns et des super-peluches pour les autres, augmentés de capteurs divers et variés. Le tout est nommé "robots compagnons".
Les robots sociaux humanoïdes ne sont pas à domicile pour diverses raisons pratiques et de coût du terminal, de sa livraison, de sa mise en route, de son paramétrage, de sa personnalisation, etc. Cela pose donc un problème de modèle économique.
Les robots sociaux zoomorphes ne sont pas à domicile, car ils s'adressent à des personnes dont les troubles cognitifs sont justement trop importants pour qu'ils puissent rester chez eux.
Un assistant vocal diffère donc par le fait qu'il n'y a pas de promesse anthropomorphique ou zoomorphique. En revanche, le point commun est qu'à ce jour, tous les services proposés par les uns ou les autres sont scénarisés à l'avance, soit via des applications, soit via des scénarios vocaux.
Alexandre Faure : Vous avez développé l'enceinte Barnabé, une solution innovante pour les seniors à domicile. Pourriez-vous nous parler des avantages spécifiques qu'elle apporte pour améliorer leur vie quotidienne ?
François Millet : Barnabé prétend être un assistant vocal, pas une enceinte connectée. Cela signifie que notre ambition est d'offrir une assistance quelconque et, en particulier, de permettre aux utilisateurs de continuer à faire facilement ce qu'ils faisaient avant, de se sentir en sécurité et de se divertir.
Aujourd'hui, le seul dispositif d'assistance à domicile existant est la téléassistance, mais on parle de 600 000 à 700 000 abonnés, soit moins de 10 % des 9 millions de Français de plus de 75 ans en 2023 qui veulent vivre chez eux.
Rappelons aussi que ce dispositif a été développé sous l’impulsion des pouvoirs publics dans les années 1960 - 1970, une époque où l’accès aux services d’intervention par téléphone pouvait être difficile et long. Le dispositif devait donner un accès direct à un service d'assistance en cas d'accident domestique.
Les téléassisteurs admettent que cette situation représente aujourd'hui 5 % des appels.
Pourtant l'offre a très peu évolué. Seule une évolution vers la gestion des appels médicaux, des appels d'aide à la vie quotidienne et du besoin de communiquer en cas de détresse psychologique ont été mises en place, ce qui représente 10 % des appels.
En outre, bien que la technologie évolue vers la reconnaissance vocale, la téléasistance est encore perçue comme un dispositif qui s’active manuellement, en appuyant sur des boutons.
Selon nous, en raison de sa fonction unique, le message envoyé à l'utilisateur n'est pas "je veille à votre sécurité", mais "vous êtes sur la pente descendante", ce qui est vécu comme stigmatisant et difficile à accepter pour l'image de soi.
Nous avons donc réfléchi à une offre moderne et actuelle qui aspire à résoudre tous ces points. Nous maîtrisons toute la chaîne technologique de bout en bout, aussi bien le logiciel que le matériel, incluant bien sûr l'interface vocale.
Barnabé est un téléphone, vous pouvez donc appeler aussi bien les secours que vos voisins, vos amis ou votre famille.
Pour "l'acceptation" du terminal dans votre domicile et son intégration à vos routines quotidiennes, Barnabé est une "radio intelligente". Vous pouvez lui demander d'écouter n'importe quelle station de radio, des listes de musique ou des livres audio, sans application supplémentaire via un smartphone, tout est embarqué.
Lorsque vous êtes client d'un service d'aide et d'accompagnement à domicile, Barnabé vous annonce vos rendez-vous d'aide à domicile, quand est-ce que quelqu'un viendra chez vous car nous sommes interfacés avec le logiciel de planification du SAAD.
Barnabé peut également vous rappeler les heures de prise de vos médicaments et c'est un réveil et un minuteur ou une horloge "Alzheimer" si nécessaire.
Alexandre Faure : Dans le secteur de l'aide à domicile pour les seniors, quels sont selon vous les défis et les opportunités les plus importants liés à l'intégration des robots sociaux, et comment l'enceinte Barnabé répond-elle à ces enjeux ?
François Millet : Rentrer chez les gens. Rendre le quotidien à la maison toujours possible. Comprendre leurs besoins et tout ce qui rend les services désirables et la proposition acceptable économiquement.
Ces défis majeurs sont complexes à relever, car chaque personne a sa propre routine et ses priorités. Un assistant vocal contribue au maintien à domicile en simplifiant la vie de l'utilisateur et en éliminant les problèmes d'interfaces, qu'ils soient techniques ou physiques. Cependant, quel est le modèle économique le mieux adapté en fonction du type d'utilisateur ?
Pour les aînés acceptant leur début de perte d'autonomie et utilisant des services d'aide à domicile, le B2B2C est probablement la meilleure option. Il permet d'intégrer le SAAD et Barnabé doit également faciliter le travail des professionnels, apporter une valeur ajoutée pour eux, et s'harmoniser avec l'écosystème des services et leurs modèles économiques.
Toutes les sociétés ou associations de services à la personne travaillant principalement avec les seniors ont besoin d'une solution pour améliorer leur productivité, réduire le temps perdu par manque d'échanges d'informations, et surtout générer des revenus pour assurer leur viabilité, car elles fonctionnent en déficit.
Cependant, le problème réside dans le fait qu'aujourd'hui, elles sont débordées et ont besoin de personnel, car les robots sociaux ne peuvent pas effectuer les tâches telles que le ménage ou l'aide à la toilette.
Les spéculations technocentrées du gouvernement ou de la présidence sur ces sujets sont d'ailleurs purement fantasmatiques.
Ce dont nous avons besoin, ce sont de nombreux aides à domicile formées et correctement rémunérées, car ce que les prétendus robots sociaux ou assistants vocaux ne pourront jamais faire, les aides à domicile sauront le faire.
Pour les aînés qui adhèrent à la notion de prévention, c'est probablement le modèle B2C, mais quels sont les services essentiels pour eux, pour lesquels ils sont disposés à payer ?
Surtout lorsqu'il s'agit de fournir un accès à des informations ou des contenus qui sont souvent considérés comme gratuits, ainsi que des services de confort. Seul un abonnement permet de maintenir une qualité de service constante, et c'est la manière dont il est offert qui compte, créant ainsi la perception de valeur et de prix.
En termes d'opportunités et d'innovation technologique, la question est : qui a entamé le voyage inéluctable, qui est en tête, qui est crédible face à cette inéluctabilité et qui est prêt à investir ?
On trouve souvent des articles sur les seniors et les nouvelles technologies, où le mot "robot" revient fréquemment. On parle souvent de capteurs à domicile pour collecter des données prédictives et favoriser la prévention active, mais le terme "assistant vocal" est rarement évoqué. C'est un peu comme il y a 30 ans avec l'arrivée du smartphone.
Barnabé est prêt, totalement autonome et technologiquement très avancé. Nous collaborons depuis longtemps avec divers SAAD ayant différents niveaux d'avancement numérique et de services tiers, afin de faciliter son intégration à leur écosystème. En ce qui concerne le B2C pour les nouveaux aînés, nous n'avons pas encore fait beaucoup de progrès.
Alexandre Faure : Comment l'intelligence artificielle et les technologies de pointe intégrées à l'enceinte Barnabé permettent-elles de fournir des services personnalisés aux utilisateurs ?
François Millet : Nos services sont déjà personnalisés lors de l'installation, mais nous restons dans l'anticipation grâce à la scénarisation des services. Le véritable enjeu réside dans l'interactivité réelle et non anticipée, celle qui prend en compte le contexte, quel que soit sa complexité.
Or, l'intelligence artificielle générative, et plus précisément les grands modèles de langage, sont en train de tout changer. Cela permet premièrement de générer des réponses beaucoup plus personnalisées en fonction du contexte et de l'utilisateur, ainsi que de faciliter la programmation à l'oral par l'utilisateur de fonctions complexes telles que les rappels et les notifications de rendez-vous via l'agenda, sans passer par une application ou un smartphone.
Deuxièmement, associée à un moteur de langage naturel agile et personnalisable, ce qui est notre cas, ainsi qu'à des techniques issues de la "lecture à froid", elle permet de construire des conversations sur n'importe quel sujet supérieur à 30 minutes, avec un niveau de contexte et de pertinence pour l'utilisateur tout simplement stupéfiant.
Alexandre Faure : En regardant vers l'avenir, comment envisagez-vous l'évolution de la robotique sociale et le rôle que des solutions comme l'enceinte Barnabé pourraient jouer dans l'amélioration continue de l'aide à domicile pour les personnes âgées ?
François Millet : En ce qui concerne la robotique sociale humanoïde à domicile, je ne vois pas vraiment comment cela peut fonctionner pour les raisons évoquées précédemment. Pour ce qui est des assistants vocaux, je commencerais par une petite mise au point sur nos amis Amazon et Google, des scénarios que nous avons pressentis il y a déjà plusieurs années, d'où notre choix d'une totale indépendance technologique pour Barnabé.
Les enceintes connectées d'Alexa et de Google ont été conçues pour servir de portes d'entrée vers le modèle économique de ces plateformes.
Amazon espérait que les consommateurs utiliseraient indifféremment leur enceinte connectée, leur smartphone ou leur ordinateur pour effectuer des achats. Cependant, bien qu'Alexa ait reçu un milliard d'interactions par semaine, la plupart de ces interactions étaient des commandes triviales pour jouer de la musique ou poser des questions sur la météo, qui ne sont pas monétisables.
Résultat, la branche Amazon Alexa a perdu pas moins de 10 milliards de dollars en 2022 et ils ont licencié la plupart des personnes travaillant sur le sujet !
De son côté, Google visait à tirer parti de ses services tels que la recherche, le calendrier et bien d'autres, sans avoir besoin de sortir son smartphone, tout en affichant des réponses mettant en avant des publicités ou des partenaires privilégiés.
Cependant, toutes les tentatives de monétisation des assistants par le biais de publicités et de partenariats d'entreprise n'ont pas été fructueuses. Ils sont donc en train de changer complètement leur stratégie produit sur ces sujets, comme par exemple interdire la possibilité à des tiers de développer des surcouches pour avoir accès à des services, comme les livres audio, par exemple.
On en revient donc toujours au même point : quel est le modèle qui rend l'offre économiquement acceptable et viable ?
Autrement dit, quels sont les services pour lesquels vous obtenez le consentement à payer de l'utilisateur et son "attachement" en rentrant dans son quotidien et que vous sortez de l'effet gadget.
Ensuite, se posent les questions de fond qui divisent déjà beaucoup les observateurs des sciences sociales et les philosophes, par exemple :
La question de l'anthropomorphisme. Est-ce que l'on franchit le Rubicon d'un simulacre de compagnon ou pas ? Tous les robots humanoïdes le font plus ou moins pour illustrer les émotions. Est-ce nécessaire au regard des niveaux d'échanges verbaux possibles aujourd'hui et demain ? À partir de quel moment cela est-il toujours "compatible" avec l'état cognitif de l'utilisateur ? Ces simulacres de dialogues, quelles en sont ou seront les limites éthiques à construire ?
Il devient important de dissocier les technologies du cadre idéologique qui en conditionne les usages, notamment pour enrayer la prolifération de mythes et de peurs autour des effets d'annonce des industriels de l'IA, et qui réduit notre capacité à y voir clair dans ce qui est faisable, acceptable et envisageable dans l'usage des très nombreuses formes d'informatique cognitive qui se développent.
Mais bon, quand le résultat, c'est que votre mère vous dit qu'elle se sent moins seule et plus en sécurité, et que c'est sympa de pouvoir écouter de nouveau de la musique et de faire causette de temps en temps même avec un machin en plastique, devez-vous lui faire la morale sur la nécessité d’entretenir des relations sociales avec des gens de chair et d’os ?
Aller plus loin : Étude scientifique sur l’impact social des robots compagnons
Dans une étude menée à l'université d'État de l'Ohio et publiée dans la revue "Communication research reports", des chercheurs se sont intéressés à l'impact de différents critères sur la perception des intelligences artificielles "à but social".
Leurs recherches se sont concentrées sur la perception de robots ou d'intelligences artificielles destinés à intervenir auprès de personnes isolées. Comme l'étude le rappelle :
La solitude est un état psychologique dans lequel les individus se sentent perdus, en détresse et isolés des autres.
Dans ce genre de situation, la présence sociale et la chaleur humaine sont deux critères qui peuvent se révéler bénéfiques, ne serait-ce que pour transmettre des informations susceptibles d’aider une personne sur une durée plus longue. Cela est vrai, évidemment, pour les interactions entre humains.
Cependant, des études démontrent que nous appliquons inconsciemment certains de ces schémas à des interactions homme-machine. Les chercheurs se sont donc demandé si ces deux critères pouvaient également influencer la perception de l’utilité des robots compagnons.
Protocole de l’étude
Un questionnaire a été transmis à des étudiants, et 160 réponses ont été retenues. Le test principal consistait à faire visionner une vidéo à une partie des élèves montrant une femme seule se liant avec une IA incarnée dans un corps humain réaliste. Les autres ont visionné une vidéo similaire, mais qui mettait en scène une IA désincarnée, présente seulement par la voix.
Les étudiants ont ensuite répondu à diverses questions destinées à évaluer leur ressenti de la présence sociale et de la chaleur. On leur a également demandé si la présence d'une telle IA leur semblait utile et s'ils la recommanderaient pour une personne isolée. Une hypothèse de départ était que plus le robot agirait comme un humain, plus il serait perçu positivement.
Résultats de l’étude
Cela s'est révélé vrai, mais seulement pour la version non incarnée. En revanche, si les étudiants notaient une présence sociale plus élevée sur la version incarnée, ils étaient moins susceptibles de la recommander. Selon Kelly Merrill, auteure principale de l'étude, cela pourrait être lié à ce que l'on appelle familièrement "la vallée de l'étrange" ou "l'effet de la vallée dérangeante".
« Les gens deviennent mal à l'aise lorsqu'ils voient des robots qui semblent presque humains, mais qui sont légèrement artificiels », explique-t-elle. «Nous pensons que cela peut sembler un peu trop effrayant d'avoir ces robots incarnés qui agissent comme et semblent presque humains.
Dans les vidéos, l'acteur jouant la version robot a fait du bon travail en paraissant légèrement mécanique et pas tout à fait humain. Cela effraie les gens, et c'est peut-être pourquoi une plus grande présence sociale dans le robot incarné n'a pas rendu les gens plus susceptibles de recommander le robot aux personnes seules ».
Dans la version où l'IA était uniquement vocale, les recommandations étaient au contraire plus en accord avec le degré de "présence sociale" accordée dans la notation. Un résultat peut-être plus étonnant est que le degré de "chaleur humaine" n'a pas influencé le degré de recommandation d'un robot social pour les personnes isolées, ni sur l'utilité perçue.
Kelly Merrill interprète cela en disant : "Il se peut que les gens pensent qu'un compagnon IA pour les personnes seules serait bon pour une conversation informelle, mais qu'il ne devrait pas remplacer une amitié plus intime et plus profonde."
Cependant, d'autres études devraient être menées sur le sujet. En effet, les vidéos présentées n'étaient pas tout à fait identiques selon les groupes témoins, et l'exposition à l'IA était indirecte, ce qui pourrait avoir un impact sur les résultats.
Conclusion
Merci d’avoir lu notre dossier robots jusqu’au bout. J’espère qu’il vous apporte des idées business et des pistes de réflexion sur l’adaptation de votre offre et plus largement celle de notre société.
Bien qu’aucune tentative de robotique sociale pour seniors n’ait encore émergé, l’adjonction de plus de technologie dans le care et dans l’aide à domicile pourrait apporter un début de réponse à la raréfaction des vocations dans l’aide humaine, en France et dans le monde.
Comme en tous sujets, l’enjeu réside dans une approche modérée d’une part et une écoute des attentes du terrain d’autre part.
La plupart des projets robotiques qui ont fini à la casse ont passé trop de temps en R&D dans leurs labos et pas assez à écouter les vrais besoins des consommateurs.