Stratégie "Bien Vieillir" : Mon analyse
Colloque du 17.11.23 au ministère de la Santé | Présentation de la stratégie Bien Vieillir | Base de données des propositions | Analyse de la stratégie
Rendue publique le vendredi 17 novembre, la feuille de route dite “Stratégie Bien Vieillir” est le dernier épisode de la saga gouvernementale amorcée en juin 2018 par le PR Macron.
Souviens-toi cher lecteur
Nous sommes en juin 2018, réagissant - à chaud - à l’actualité, Emmanuel Macron annonce une loi Grand Âge qu’il présente comme un temps fort de son quinquennat, une apogée, un tournant. Bref un truc énorme. Tout le monde a envie d’y croire, car les problèmes qui pourraient être corrigés par le législateur sont nombreux.
La saga des rapports
A froid, prenant conscience de l’étendue du sujet, Macron commande un rapport de préfiguration à Dominique Libault, un haut fonctionnaire blanchi sous les harnais.
En principe, ce type de rapport sert de plan détaillé à la future loi, avant que son contenu soit débattu et ajusté par les ministres concernés.
Soucieux de bien faire, sans laisser un seul angle mort, Libault réunit une grosse centaine de professionnels de terrain avec qui il décortique le sujet. Fruit de ces travaux, un rapport contenant plus de 100 propositions est remis à l’exécutif en mars 2019.
Le roman feuilleton des reports
Mais les astres ne semblent pas favorables, car le gouvernement commande des rapports complémentaires pour éclairer quelques zones esquissées par Libault.
Une priorité chassant l’autre, la loi sans cesse reportée finit par être ajournée. On notera cependant quelques avancées, comme le 5è risque, l’aide à la vie partagée dans l’habitat inclusif ainsi que plusieurs mesures en faveur des aidants. Mais c’est une goutte d’eau en comparaison des attentes exprimées dans les rapports préparatoires à la loi Grand Age.
Le gag du CNR
Dans un grand exercice de com pol, le PR ripoline le mécontentement avec un peu de poudre de perlimpinpin une once de démocratie participative : le CNR Grand Âge.
Ce comité, à son tour, a rendu des conclusions. Bien que faiblardes (de l’avis même des membres du CNR), elles corroborent les travaux précédents. Entre temps, des députés se sont auto-saisis d’un projet de loi qui est à son tour ajourné.
Bref, on fait du sur-place et les esprits s’échauffent.
Pour calmer le jeu, le ministre JC Combe brasse de l’air chaud avec l’énergie du désespoir…
Mais ça sent déjà le roussi car JCC sait que son maroquin ne survivra pas au remaniement qui s’annonce. Il profite de son remplacement pour refiler à son successeur la rédaction et la publication de la feuille de route qui doit faire la synthèse du CNR.
La feuille de route
Maintes fois repoussée, elle a été rendue publique lors d’une réunion officielle et protocolaire organisée par Aurore Bergé au ministère de la santé vendredi 17 novembre en matinée.
Nous nous attendions tous à une énième séance de langue de bois. Nous avons été agréablement surpris de découvrir une ministre volontariste décidée à s’emparer - enfin - du sujet “bien vieillir”.
Un nouvel espoir
Mieux, Aurore Bergé et son cabinet avaient réuni un parterre de 9 ministres décidés eux aussi à s’engager sur le sujet. Notre hôte a même annoncé la création d’un comité interministériel bien vieillir.
Bonne nouvelle, donc.
Enfin, demi bonne nouvelle.
Car cette annonce enthousiasmante ne doit pas nous faire perdre de vue que :
Nous avons déjà eu droit à des promesses enthousiasmantes qui n’ont débouché sur rien ;
La grande loi tant attendue est toujours une vue de l’esprit ;
La stratégie Bien Vieillir qui devait être dévoilée le 17 novembre n’existe pas.
Il y a bien une longue liste au Père Noël, mais il ne s’agit ni d’une feuille de route, ni d’un plan d’action et sûrement pas d’une stratégie.
Aparté sur la stratégie
Qualifier ce document de stratégie, c’est tuer Sun Tzu une deuxième fois !
Il serait temps que les gens qui prétendent faire de la stratégie prennent quelques cours de stratégie, cela nous éviterait bien des déconvenues.
Et pas seulement sur le champ de bataille.
Mais mon objectif du jour n’est pas de vous enseigner la stratégie, c’est de vous expliquer celle que le cabinet Bergé nous a vendue.
Vue d’ensemble
La stratégie Bien Vieillir se présente sous la forme d’un cahier de 36 page où sont énumérées une cinquantaine de propositions organisées en 4 chapitres (les axes), une trentaine de sections et une cinquantaine de sous sections.
Vous pouvez la télécharger sur le site du ministère des solidarités.
Cependant, le stagiaire qui a créé le document s’est contenté de numéroter les axes. Il n’a pas organisé son plan qui se présente comme une énumération de propositions disparates :
Certaines sont planifiées, d’autres pas ;
Certaines sont chiffrées, mais pas toutes ;
Certaines ciblent les seniors, mais pas toutes ;
La mise en oeuvre s’étale selon 9 calendriers différents, entre 2023 et 2030 ;
Les budgets ne sont jamais indiqué, pas plus que le ministère responsable de la mise en oeuvre ;
Aucune procédure de pilotage n’est prévue ;
Et l’ensemble hétérogène ne s’intègre dans aucun plan global.
Un indispensable travail de mise en forme
Désagréable à lire, complexe à analyser en l’état, le support ne rend pas service aux propositions qu’il énumère. Ce n’est pas le premier rapport que j’analyse, je suis donc rompu à l’exercice. Je sais à quel point la lecture d’un document mal pensé peut être douloureuse.
J’ai donc décidé de le déconstruire, puis d’en réorganiser le contenu en trois parties :
Le descriptif des 4 axes, puisque c’est le seul semblant de structure de la « stratégie »
Les citations de chaque ministre engagé dans la stratégie, pour voir comment ils appréhendent le sujet
La liste des propositions.
Je vous propose une analyse de ces trois parties.
Les 4 axes de la stratégie
J’ai conservé la rédaction d’origine afin que vous preniez connaissance de l’intention - ainsi que du niveau de perception - des auteurs. On gardera à l’esprit que ce texte est extrait d’un dossier de presse. Il doit donc aider des journalistes à répliquer la “stratégie” à leurs publics.
Mise en page
Le texte original est présenté en un seul bloc uniforme, pénible à lire et analyser.
Pour mettre les idées en exergue, j’ai procédé à deux interventions sur le texte : séparer les idées avec des sauts de ligne et mettre la première phrase en gras.
En réalisant ce travail de mise en page, je constate que la première phrase de chaque bloc traduit l’intention derrière chaque axe.
Si une stratégie devait suinter de ce document, elle se matérialiserait dans ces 4 phrases introductives.
Certaines sont assez banales et déjà entendues mille fois (axe 2 : 9 français sur 10 souhaitent vieillir chez eux), d’autres portent en elles un élan, un espoir, une idée qui pourrait structurer une politique forte et audacieuse.
Notamment la 3 et la 4 :
Une société qui vieillit n’est pas une société en déclin
Vieillir ne doit pas rendre invisible
Axe 1 : Prendre en compte de nouveaux besoins et reconnaître la place des seniors
Avec le vieillissement de la population naissent de nouveaux besoins et c’est toute notre société qu’il faut repenser afin de l’adapter au mieux aux personnes âgées.
En ville comme à la campagne, il est donc nécessaire d’aménager tous les territoires et de faciliter la mobilité des seniors.
Nous faisons aussi évoluer les services publics pour simplifier les démarches administratives et mieux répondre aux demandes des citoyens âgés.
Enfin, par le soutien à la recherche et par l’accompagnement d’entreprises et de projets innovants, ce sont toutes les forces vives de notre pays qui s’engagent et préparent notre avenir en conciliant transition démographique et transition écologique.
Axe 2 : Donner le choix de vieillir où on le souhaite
Plus de 9 Français sur 10 souhaitent vieillir chez eux.
Pour répondre à leur volonté, nous avons entrepris sous le précédent quinquennat le virage domiciliaire et nous construisons un parcours résidentiel qui répondent aux envies et aux besoins de chacun.
Si les personnes ne veulent ou ne peuvent plus vivre dans leur domicile, nous devons leur donner le choix du lieu de vie qui leur convient. C’est pourquoi nous diversifiions les offres d’accueil et d’hébergement en développant l’habitat intermédiaire et en transformant les EHPAD.
Enfin, pour pouvoir prendre soin des personnes âgées, nous devons valoriser et mieux soutenir les professionnels qui les accompagnent au quotidien.
Axe 3 : Accompagner les solidarités entre générations
Une société qui vieillit n’est pas une société en déclin.
C’est une société qui peut compter sur l’engagement citoyen ou associatif, sur l’expérience et la transmission des personnes âgées, qui sont autant de richesses pour les autres générations.
Le renforcement des solidarités et des liens intergénérationnels est essentiel pour favoriser le partage et lutter contre l’isolement social.
Que ce soit entre générations ou entre personnes d’une même génération, les personnes âgées en perte d’autonomie ont besoin de l’accompagnement de leurs proches. Il est ainsi nécessaire de valoriser cette forme de solidarité familiale et l’implication des aidants qui doivent être mieux soutenus.
Axe 4 : Garantir les droits et la participation des citoyens âgés
Vieillir ne doit pas nous rendre invisibles.
Les personnes âgées n’ont pas moins de droits que les autres et nous avons collectivement le devoir de garantir le respect de leur dignité.
Garantir l’accès aux soins des personnes âgées et préserver l’autonomie notamment par l’activité sportive, la nutrition et l’adaptation des comportements individuels, doit pouvoir contribuer à l’allongement de l’espérance de vie sans incapacité et à l’amélioration de la qualité de vie.
De même, il est essentiel que toutes les personnes âgées puissent exercer tous leurs droits, quel que soit leur état de santé ou de dépendance. Ainsi, ils doivent pouvoir exercer librement leurs droits culturels dans tous leurs lieux de vie.
Les déclarations des ministres
Pour cette partie, j’ai repris le nom du ministre et sa citation. Voici les questions que vous devez vous poser en les lisant :
Leur déclaration est-elle pertinente, cohérente, intelligente, stimulante ?
S’ils rejoignaient un comité interministériel, qu’y apporteraient-ils ?
Sur une échelle allant de novice à expert, quel est leur niveau sur ce sujet ?
Pouvez-vous deviner à quelle administration appartient chaque ministre en fonction de sa citation.
Dominique Faure
Nous avons la responsabilité de permettre à tous les Français de bien vieillir dans l’ensemble de nos territoires. C’est tout simplement une question d’équité et nous accompagnerons les collectivités dans leur transformation.
Philippe Vigier
En Outre-mer, la dynamique est très contrastée. À la Martinique, en Guadeloupe et à Saint-Pierre-et-Miquelon, le vieillissement de la population est accéléré par une baisse de la natalité et par un départ important des jeunes adultes. C’est pourquoi nous accompagnons ces territoires ultramarins avec une attention particulière.
Clément Beaune
Travailler activement pour que chaque personne, indépendamment de son âge, de son état de santé ou de son lieu de vie, puisse avoir accès aux transports est une nécessité. Bien vieillir, c’est aussi garder sa liberté de déplacement. Nous nous y engageons avec cette stratégie.
Stanislas Guerini
Pour prendre en compte les besoins spécifiques des personnes âgées, nous adaptons nos services publics en facilitant l’accès et en simplifiant les démarches administratives. Avec le déploiement des France services, l’État agit pour qu’aucun de ses citoyens ne soit éloigné des services publics.
Jean-Noel Barrot
Dans une société transformée par le numérique, nous ne laissons personne au bord de la route et accompagnerons mieux les publics les plus éloignés et notamment les personnes âgées.
Christophe Béchu
C’est tous ensemble que nous devons mener et réussir la transition écologique et bien vieillir, c’est aussi bien vieillir dans un monde plus respectueux de son environnement. Nous nous engageons pour que les structures d’accueil s’inscrivent toujours plus dans cette voie.
Roland Lescure
L’industrie française doit contribuer à l’adaptation de notre société au vieillissement grâce à des dispositifs dédiés aux seniors, pensés avec eux et utiles dans leur vie de tous les jours. France 2030 soutiendra le développement de dispositifs médicaux numériques innovants pour prévenir la perte d’autonomie.
Sylvie Retailleau
Le soutien à la recherche est indispensable pour trouver des solutions innovantes et adaptées aux personnes âgées et aux différentes étapes du bien vieillir afin de positionner la France à l’avant-garde des soins de santé de demain.
Patrick Vergriete
L’adaptation des logements est essentielle pour permettre au plus grand nombre de nos aînés de continuer à vivre chez eux en toute sérénité. Le lancement de Ma Prime Adapt’ au 1er janvier 2024, avec 1,5 milliard d’euros sur le quinquennat, est une réponse forte à la hauteur de cet enjeu de société.
Fadila Khattabi
Nous sommes engagés pour garantir le libre choix de vie de tous nos concitoyens en situation de handicap ou âgés. Nous travaillons à faciliter la vie à domicile, notamment par l’accès aux aménagements de logement et aux aides techniques.
Sabrina Agresti-Roubache
Les QPV sont aussi marqués par le vieillissement de la population et nous devons veiller à renforcer l’accompagnement de ces personnes au quotidien.
Gabriel Attal
Transmission, échanges, ouverture au monde et à l’autre… Le rôle de l’école est aussi de renforcer les liens entre générations et chaque élève de notre pays doit pouvoir avoir la chance d’échanger avec les plus anciens.
Prisca Thevenot
Cultivons les liens intergénérationnels ! Avec les Services civiques dédiés, nos jeunes volontaires agissent pour lutter contre l’isolement de nos ainés tout en prévenant la perte d’autonomie et en participant à tisser une toile solidaire. Ainsi, ensemble, nous accompagnons nos aînés et nous renforçons la cohésion nationale !
Olivier Dussopt
Bien vieillir c’est aussi mieux préparer son départ à la retraite. Universaliser l’accès à la retraite progressive, augmenter sa pension lors du cumul emploi-retraite ou encore renforcer les moyens de la CNAV pour accompagner les retraités : notre mobilisation reste totale !
Aurélien Rousseau
Le vieillissement de la population mêle à la fois des enjeux de prévention et de prise en charge des soins. Les professionnels de santé ont un rôle indispensable pour accompagner cette transition. C’est pourquoi nous nous mobilisons pour toujours mieux accompagner nos aînés et leurs familles face aux différentes fragilités liées à l’âge, telles que la perte d’autonomie ou les maladies chroniques.
Agnès Firmin Le Bodo
Notre enjeu est de maintenir les fonctions de nos aînés pour un vieillissement en santé afin d’atténuer les impacts de la longévité. Un meilleur accès aux soins et le développement des mobilités actives, tout comme l’accès à l’activité physique adaptée sont un axe prioritaire de ma feuille de route, notamment pour prévenir les chutes.
Rima Abdul Malak
Les arts et la culture libèrent, ouvrent sur le monde et maintiennent tous nos sens en éveil. Nous avons la responsabilité collective de garantir une vie culturelle épanouie à nos concitoyens âgés dans tous les lieux où ils vivent.
Amélie Oudéa Castera
Avec cette stratégie et dès 2024, année des Jeux de Paris 2024 et de la Grande Cause Nationale dédiée à l’activité physique et sportive, le gouvernement se mobilise pour donner un élan inédit à la pratique sportive de nos aînés. Parce qu’à tout âge, le sport est bon pour la santé, le bien-être, la confiance en soi et la préservation du lien social.
Les propositions
Je vous l’ai expliqué, l’analyse du dossier de presse est compliquée à cause du manque d’organisation de son contenu.
J’ai donc répliqué l’intégralité des propositions dans une base de données structurée. Elle permet de parcourir les propositions, de les organiser et de leur attribuer des critères d’analyse complémentaire afin de pouvoir les comparer.
Vous trouvez mon travail dans cette base de donnée Notion.
Cela m’a demandé plusieurs heures de la construire, alors sentez-vous libre de l’utiliser pour vos travaux, la partager à vos collègues et parties prenantes et me faire vos retours et suggestions d’enrichissements.
Analyse des propositions
Les points forts
Universel vs spécifique
Sur les 72 propositions que je recense dans la base de données, 22 sont universelles.
J’entends par là qu’elles ne sont pas centrées sur les personnes âgées, mais doivent produire des effets qui profiteront à tous les citoyens tout en étant inclusives pour permettre aux personnes âgées d’en profiter.
Installer des ascenseurs dans les gares facilite la vie de tout le monde. Cela permet aux personnes à mobilité réduite d’accéder aux transports. Mais cela aide aussi les autres voyageurs.
C’est un dispositif universel, car il n’a pas besoin d’être fléché “pour les vieux et les handicapés”.
Holistique
Si des sujets manquent à l’appel, la stratégie aborde une vaste liste de questions, montrant que l’adaptation de la société au vieillissement ne se limite pas au médico-social.
Cet élargissement du sujet, nous l’avons aussi désirée dans la Filière Silver économie.
Nous voudrions que le sujet ne soit pas seulement celui de la prévention de la perte d’autonomie ou de sa prise en charge, mais une préoccupation partagée par tout le tissu économique.
Vous souhaitez approfondir votre réflexion
Lisez l’analyse que j’ai co-écrite avec
.Précis et chiffré
40 des 72 propositions sont précises, détaillées, pointues et chiffrées. Ce sont notamment celles qui sont déjà formalisées en droit ainsi que celles qui font l’objet de négociations entre Etat et fédérations professionnelles dans le champ de l’Ehpad et des services à la personne.
Cet écart entre le précis et l’imprécis montre l’importance d’adjoindre aux cabinets ministériels qui vont plancher sur les sujets des experts de terrain, certes, mais surtout des experts représentatifs et qui savent structurer des propositions et les fonder sur le droit.
Plus des propositions seront claires, construites et fondées, plus elles seront aisées à mettre en application.
Les axes d’amélioration
Franco-Français
Le sujet est mondial. Nous sommes européens : faisons-en un sujet européen dès les prochaines élections pour prendre le lead sur la question.
Construire une politique européenne de la longévité est un bon moyen pour que faire de l’adaptation de la société au vieillissement une politique publique partagée avec nos alliés, mais aussi renforcer et protéger les règlements français.
Manque de cohérence
La liste au Père Noël de 72 propositions souffre d’un manque de cohérence. Ce n’est pas l’organisation du document que je mets en cause, mais la diversité des mesures légales et réglementaires qui découleraient de la réalisation de ces propositions.
Si l’on peut imaginer le travail de fourmi que le cabinet Bergé a réalisé pour aller rechercher, dans chaque administration, le texte, l’intention, le programme “senior friendly”, on devine le casse-tête que représentera la recherche, par un citoyen, de ces mêmes dispositifs.
C’est pourquoi, au lieu de se contenter de lister des mesures, la stratégie “Bien Vieillir” pourrait se matérialiser dans un “droit à bien vieillir”.
Pour un droit à bien vieillir
Un droit à est une créance que l’Etat offre à ses citoyens.
Une garantie.
Une liberté fondamentale.
Opposable.
Le droit à bien vieillir bénéficie à tous les citoyens, quel que soit leur âge. Il permet de fonder des politiques publiques audacieuses et inclusive. Cela n’envoie pas du tout le même message que le droit des personnes âgées, qui enferme le vieillissement dans le champ des personnes dites âgées.
Les pouvoirs publics doivent veiller au bien vieillir des Français. Et les Français qui s’estiment lésés de ce droit peuvent le revendiquer en soutien de leurs demandes.
Exemples : le droit à un procès équitable, le droit au logement, le droit à la vie privée, le droit à la liberté de réunion, le droit à l’opinion.
Le “droit à” est universel dans le silence de la loi. C’est à dire qu’il est présumé universel, sauf si une loi en limite le périmètre ou fixe des restrictions. Il a donc plus de force que les “droits de” ou que les “droits des” qui sont plutôt la compilation, sous forme de code notamment, de l’ensemble des textes qui s’adressent à un sujet ou un type de citoyens.
Exemples : le droit du travail, le droit des assurances, le droit des mineurs.
Notons que la multiplication des textes justifierait aussi la création de droits de, notamment le droit des aidants, mais il s’agirait plutôt là d’un travail de simplification administrative que l’expression d’une stratégie audacieuse censée embarquer les citoyens dans l’adaptation de la société au vieillissement.
Conclusion
Cette stratégie qui n’est pas une stratégie porte en germe quelques bonnes idées. La création d’un comité interministériel permettrait de donner au sujet un peu de hauteur.
Elever la production au niveau du droit fondamental serait un bon moyen d’ancrer son travail dans le temps et l’espace (européen).
Bien plus qu’un énième rapport, qu’une grande cause, qu’une “année de” ou tous ces gadgets de com pol aussi interchangeables qu’éphémères.
C'est parce que c'est vous et parce que j'apprécie toujours vos analyses que j'ai lu jusqu'au bout (et parce que je paie 😄😉) mais la partie où vous nous retranscrivez ce que dit le rapport et les ministres, je m'en serais passé volontiers... Tout ce cinéma me fatigue ! Ça va faire, et d'ailleurs ça fait exactement pareil, que la loi de 2005 pour les personnes en situation de handicap. C'est de la poudre de perlimpinpin de A à Z, rien ne changera. Du moins, j'ai arrêté d'y croire depuis bien longtemps ! Merci Alexandre et bon dimanche 🙂
Merci Alexandre pour cette belle veille-analyse-synthèse qui éclaire et fait gagner un temps précieux. J'ai un questionnement ouvert concernant cette phrase juste : " Il y a bien une longue liste au Père Noël, mais il ne s’agit ni d’une feuille de route, ni d’un plan d’action et sûrement pas d’une stratégie."
S'agit-il d'une absence de stratégie par "non-savoir" ou par "non-vouloir" puisque la stratégie est justement le coeur du réacteur de tout projet et plan de bataille, des informations confidentielles pour conserver des marge de manoeuvre, des coups d'avance, etc...A discuter :-)