Longévité

Longévité

Share this post

Longévité
Longévité
918 millions d'euros à portée de main : le care management a enfin trouvé son client

918 millions d'euros à portée de main : le care management a enfin trouvé son client

Une étude EmiCité/Fedesap révèle le point d'entrée viable du care management : les sorties d'hospitalisation financées par les hôpitaux

Avatar de Alexandre Faure
Alexandre Faure
juin 25, 2025
∙ abonné payant

Share this post

Longévité
Longévité
918 millions d'euros à portée de main : le care management a enfin trouvé son client
1
Partager

Bienvenue sur Longévité, le média pure player qui décrypte la Silver économie depuis 2018.

Aujourd’hui, je me penche sur une étude consacrée au care management. Une étude qui analyse comment ce service de coordination peut être un game changer pour écourter les hospitalisations et éviter les rechutes, permettant aux hôpitaux et à l’Assurance Maladie de réaliser une confortable économie de près d’un milliard d’euros.

Cependant, je ne m’arrête pas à l’étude susmentionnée, car même si elle pose les bonnes questions, je ne suis pas convaincu par ses préconisations concernant les prescripteurs à cibler. L’étude pense “mutuelles”, moi je pense “hôpitaux”. Et je vous explique pourquoi…

Ce qui m’a motivé à lire ce long document et à en faire l’analyse, c’est ma conviction du rôle clé que pourrait jouer le care management dans la prévention de la dépendance et mon constat, partagé par tous les acteurs qui se sont penchés sur la question, que les consommateurs ne sont pas les clients de ce service (ils ne veulent pas payer pour).

À travers cette analyse, je vous invite donc à réfléchir à LA question :

Comment identifier LE client du Care Management (celui qui va payer) ?

Depuis ma dernière édition il y a une semaine, nous avons accueilli 14 nouveaux abonnés dans notre communauté. Abonnez-vous pour ne pas manquer les prochaines éditions. Plus de 3145 professionnels avertis l'ont déjà fait. Ne loupez pas cette opportunité !

Frustration

Depuis plusieurs années, le care management français navigue dans un paradoxe frustrant.

D'un côté, tous les acteurs s'accordent sur sa pertinence : coordination renforcée, prévention des ruptures de parcours, accompagnement personnalisé des seniors.

De l'autre, aucun modèle économique pérenne n'a émergé, malgré les tentatives de transposition par des startups comme les Autonomie Planners ou des groupes de services à la personne (Marguerite par Auxi'Life, Autonomia par Oui Care). La plupart des initiatives restent condamnées à l'expérimentation limitée ou au financement public précaire.

L'étude réalisée par le cabinet EmiCité pour la Fedesap1, bien que modeste dans sa portée, pourrait bien fournir les arguments manquants.

En se concentrant sur un segment spécifique - la coordination des sorties d'hospitalisation des personnes âgées - elle révèle non seulement un gisement d'économies de 918 millions d'euros, mais surtout un point d'entrée concret pour transformer enfin l'opportunité théorique en réalité business.

L'enjeu désormais ?

Que cette analyse tombe entre les bonnes mains : un cabinet ministériel, un président de mutuelle ou un administrateur hospitalier capable d'y voir plus qu'un énième rapport, mais un levier actionnable.

L'étude qui précise enfin l'enjeu

Un concept préexistant enfin opérationnalisé

Contrairement aux idées reçues, le care management n'est pas une innovation récente. Comme je le soulignais déjà en octobre 2021 dans mon analyse du marché…

Tous les SAD font du care management depuis des lustres. Ils découvrent avec émoi que ce service non tarifé qu'ils exécutent avec abnégation s'appelle du care management et que des startups le commercialisent en pensant avoir découvert le feu. - Alexandre Faure

Etude complète ici :

Le marché du care management en Silver économie

Le marché du care management en Silver économie

Alexandre Faure
·
October 31, 2021
Read full story

Le concept était là, les besoins aussi, mais manquait le moment déclencheur et la justification économique. L'étude EmiCité, commandée par la Fédération des entreprises de services à la personne, a le mérite d'identifier ce moment précis : la sortie d'hospitalisation des seniors.

Cette focalisation sur les sorties d'hospitalisation n'est pas anodine.

Elle s'inscrit dans la continuité des réflexions menées depuis plusieurs années par le secteur. Déjà en 2021, les professionnels identifiaient quatre typologies de services : spécifiques (liés à un moment de vie), généralistes (plateformes globales), "on demand" (prestations ponctuelles) et par abonnement (suivi dans la durée).

Le point d'entrée "sortie d'hospitalisation" combine les avantages de ces différentes approches : il répond à un moment spécifique de crise, nécessite une approche globale, peut se décliner en intervention ponctuelle ou suivi durable selon les besoins.

Les chiffres qui révèlent l'ampleur du problème

Les chiffres confirment l'ampleur de l'enjeu : en 2023, 3,6 millions de personnes de 70 ans et plus ont été hospitalisées, représentant 28% de la population hospitalisée alors qu'elles ne constituent que 16% de la population française.

Plus révélateur encore, 85% de ces seniors hospitalisés vivent encore à domicile, et 68,5% de ceux qui passent aux urgences repartent chez eux sans hospitalisation.

"C'est précisément ce moment de transition hôpital-domicile qui constitue le maillon faible de notre système", souligne l'étude. Un maillon faible qui génère des coûts considérables : les réhospitalisations évitables touchent 30 à 60% des personnes de 70 ans et plus, et seraient évitables pour 10% d'entre elles.

Une méthodologie qui crédibilise l'approche

L'étude s'appuie sur une méthodologie rigoureuse combinant revue de littérature, entretiens avec les professionnels de terrain (médecins urgentistes, gériatres, services autonomie) et observations directes en clinique et CHU. Cette approche mixte permet de dépasser les simples projections théoriques pour ancrer l'analyse dans la réalité opérationnelle.

Les entretiens révèlent notamment les failles des dispositifs existants : le PRADO, pourtant conçu pour faciliter le retour à domicile, n'a généré que 14 800 mobilisations en 2022 pour 2 millions d'hospitalisations de plus de 75 ans. Les DAC et CLIC souffrent quant à eux d'un manque de visibilité et de problèmes de coordination entre leurs missions.

Enfin des chiffres qui parlent aux financeurs

918 millions d'euros d'économies potentielles

Pour la première fois, une étude chiffre précisément les économies réalisables grâce au care management. En se basant sur les estimations de l'ATIH pour 2023 et un taux moyen d'hospitalisations potentiellement évitables de 3,3% pour les plus de 75 ans, l'étude détaille les coûts évitables par type de service :

Court séjour gériatrique : 177,2 millions d'euros d'économies potentielles sur un budget total de 5,369 milliards

Médecine, Chirurgie, Obstétrique (MCO) : 440 millions d'euros sur 13,33 milliards de budget

Urgences : 17,3 millions d'euros sur 525 millions de budget

Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) : 283,5 millions d'euros sur 8,5 milliards de budget

Un retour sur investissement démontré

Les initiatives existantes prouvent déjà la viabilité économique du modèle. Noé Santé, qui intègre une infirmière coordinatrice au sein de l'hôpital, affiche des résultats probants : réduction de la durée moyenne de séjour de 3 jours et diminution des réhospitalisations de 40%.

Ces performances ne sont pas anecdotiques. Elles démontrent qu'un euro investi dans la coordination peut générer plusieurs euros d'économies, créant un cercle vertueux qui intéresse enfin les décideurs.

Le momentum tant attendu : les sorties d'hospitalisation

Pourquoi ce point d'entrée est différent

Contrairement aux tentatives précédentes de développer le care management "en amont", l'approche par les sorties d'hospitalisation présente plusieurs avantages décisifs :

L'urgence comme déclencheur naturel : Le passage aux urgences ou l'hospitalisation créent un état d'alerte qui rend les familles et les patients plus réceptifs à l'accompagnement. Fini le déni ou la résistance au changement qui caractérisent souvent les approches préventives.

Une justification économique immédiate : L'équation est transparente pour tous les acteurs. Contrairement aux approches préventives dont les bénéfices restent hypothétiques, la coordination des sorties génère des économies mesurables à court terme.

Une coordination facilitée : L'hôpital devient le point de convergence naturel des professionnels, facilitant la mise en place de la coordination entre les différents intervenants.

Conciergerie ou Care management 🤔 un faux dilemme

Conciergerie ou Care management 🤔 un faux dilemme

Alexandre Faure
·
June 14, 2023
Read full story

Les exemples qui fonctionnent déjà

Plusieurs initiatives prouvent que le modèle est opérationnel :

Apré'HOP sécurise le retour à domicile via un conseiller dédié qui coordonne les acteurs sur trois mois, avec un suivi post-sortie structuré.

Les équipes "prêtes à partir" (EPAP) interviennent dès les premières heures suivant la sortie, offrant un accompagnement personnalisé pendant 30 jours maximum.

Ces dispositifs partagent une caractéristique commune : ils créent de la valeur immédiate pour l'établissement hospitalier, justifiant leur financement.

Les conditions du succès business : au-delà des idées reçues

Les limites du raisonnement classique

L'étude identifie plusieurs sources de financement potentielles, mais souffre du biais récurrent de la Silver économie : se tourner systématiquement vers les assureurs et le système de santé pour compenser le refus des citoyens de payer ces services.

Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours

Abonnez-vous à Longévité pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.

Already a paid subscriber? Se connecter
© 2025 Alexandre Faure
Confidentialité ∙ Conditions ∙ Avis de collecte
ÉcrireObtenir l’app
Substack est le foyer de la grande culture

Partager